J'ai toujours imaginé des toboggans qui descendraient depuis les fenêtres des immeubles et qui permettraient de rejoindre la rue en s'y laissant glisser. On pourrait se jeter par la fenêtre sans se faire mal.
L’expatriation est un grand sac en toile de jute dans lequel on fourgue à la va-vite tous les problèmes, toutes les névroses, on les y enferme solidement avec une ficelle et ça barbote à l’intérieur, ça fabrique des monstres, ça ne vous laisse pas tranquille. C’est pratique à emporter avec soi, ça résume. On échange la kyrielle des peurs enfantines, des phobies, des traumas, des obsessions, et même l’ensemble des soucis rationnels contre un seul grand tout, étiqueté « expatriation ». Et vous voilà guéri. Vous n’avez plus qu’un seul problème à gérer, un problème bien identifié. (p. 14)
C’était un peu vexant de ne pas comprendre. Comme pour la langue, je me retrouvais à l’écart une fois de plus, exclue par mon étrangeté : étrangère toujours, définitivement, de comprendre que mes efforts sont vains, de mesurer la dérision du chemin parcouru et l’ampleur du mystère encore, de cette langue qui se dérobe à la mienne, de ses strates à creuser, je n’ai pas les outils. (p. 286)
Partager le rêve, même vain, de se retrouver, semblait la forme la plus aboutie de la relation.