Quiconque désire exceller en tant que poète doit désapprendre la langue de son pays natal et retourner à la misère primitive des mots.
En 1949 il écrivait : " il faut continuer, je vais donc continuer, il faut dire des mots, tant qu'il y en a, il faut les dire jusqu'à ce qu'ils me trouvent, jusqu'à ce qu'ils me disent, étrange peine, étrange faute, il faut continuer"... la tâche folle de trouver le silence non pas au bout de la parole mais au dedans, au milieu des mots, en un point de conjonction et de scansion qui pourrait être le point géométrique de Kandinsky, cet" ultime et unique union du silence et de la parole"
A propos de Joyce, quelques mots de Beckett :
"Ce n'est pas fait pour être lu - ou plutôt pas seulement fait pour être lu. C'est fait pour être regardé et écouté. Il n'écrit pas sur quelque chose. C'est ce quelque chose lui-même".
Ils ont peut-être simplement parlé de cailloux.
Einstein lui a montré son caillou ramassé sur la plage,
ce fameux caillou qui ressemble à un visage.
Beckett a parlé des petites pierres lisses qu'on met dans la bouche. p 37
Il a, dit-on, trois maîtresses : une irlandaise, une américaine et Suzanne, la
française qui deviendra sa femme.
C'est peut-être à cette époque qu'il lit la correspondance de
Juliette Drouet à Victor Hugo et recopie dans son petit carnet :
"Mon coeur répugne avec terreur et dégoût à cette espèce
de compromis, humiliant pour la dignité, odieux pour l'âme,
qui consiste à faire deux parts de soi-même, l'une pour les
qualités physiques, l'autre pour l'affection". p 36
Le désir esthétique n'est pas la première loi.
C'est dans la révélation de l'INTUITION, dans le mouvement
irrationnel de la psyché, dans le rythme organique de la vision,
que l'acte créateur survient" (cf Meye) p 36
Beckett disait : “Roger et moi on est comme des œufs, on ne sait pas comment se prendre.” Et Blin disait de Samuel Beckett qu’il avait des “vues de l’esprit” - ça tombait plutôt bien.