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Citations sur Par les armes (66)

La production d'objets et de représentations « inutilement » esthétiques et de figurations est un signe fort dans l'histoire des hommes. En Europe, cette réalité datant d'il y a 40 000 ans environ, est aujourd'hui attestée. La grotte Chauvet qui pose le premier jalon chrono-logique est parfois interprété comme un lieu de culte, ou tout au moins de « cérémonies », n'ayant jamais été un lieu de vie, ni même un lieu sépulcral, contrairement à d'autres grottes plus récentes comme celle de Cussac (Dordogne), par exemple. Les motifs sur les parois n'indiquent aucun lien avec la guerre ou la violence entre les hommes, sauf si les affrontements entre les animaux (les lionnes en particulier) relèvent d'une métaphore. La conservation des lieux de culte, comme tous les espaces aménagés, est largement tributaire des matériaux employés et des conditions de conservation. Les grottes du Paléolithique, par chance, ont été obstruées à un moment de leur histoire, ce qui en a condamné l'accès pendant des millénaires.
p. 100
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À Oradour-sur-Glane, en juin 1944, le comble de l'horreur a été atteint par l'incendie de l'église du village où femmes et enfants ont été réunis pour y être tués de la manière la plus monstrueuse qui soit, car, du point de vue des bourreaux, ils incarnaient l'ennemi, hors de toute autre considération. Théoriquement, il est des lieux où la violence ne peut avoir de place, à condition d'en connaître et d'en respecter les règles. Les interdits structurent et canalisent les sociétés et les comportements humains. Les choix sont parfois difficiles à admettre pour ceux qui sont en dehors de ces sociétés. Il en va ainsi des pratiques d'anthropophagie ou même de certains rituels funéraires très étrangers à ceux de l'observant. La frontière entre ce qui est possible et ce qui ne peut pas l'être relève de la norme sociale, des règles et des lois que chaque société se donne. La guerre n'y échappe pas. Les soldats qui montaient au front en 1915 connaissaient les risques et les règles. Cela ne veut pas dire qu'ils admettaient la justesse de la guerre dans laquelle ils risquaient de mourir, mais leur situation et leurs actions entraient dans le cadre des actions qui devaient être menées.
p. 98
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C'est un lieu commun d'affirmer que la guerre est dangereuse puisque c'est son but premier : mutiler, tuer. C'est un truisme, on ne se pose pas au milieu du champ de bataille sans risquer sa vie…
p. 82
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Toutes les traces du passé sont lacunaires et heureusement, car dans le cas contraire, il n'y aurait aucune place pour le temps présent. Nous serions littéralement encombrés, envahis, étouffés. Empêchés de vivre et de nous projeter vers le futur. Selon leur nature et leur époque, elles sont nombreuses ou très rares. Une forme de seuil minimum est nécessaire.
p. 80
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En 2001, les attentats à New York ont achevé d'ébranler les certitudes auxquelles certains voulaient encore s'accrocher. Après avoir été négligées, abordées de manière détournée, les recherches sur la guerre s'imposèrent sur le devant de la scène intellectuelle occidentale jusqu'à devenir omniprésentes aujourd'hui, quasi envahissantes, étouffantes.
p. 72
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Le 9 novembre 1989, la chute du mur de Berlin laissa imaginer un instant qu'il était possible de croire à la fin au long cours des conflits.
[…]
Toute une génération d'adultes avait voulu la paix. Ils étaient les héritiers d'une histoire intellectuelle sur le sujet qui s'ancrait dans l'Antiquité, et à laquelle on ne pouvait totalement échapper. Les premières failles, si l'on peut dire, touchèrent non pas à la guerre sous son jour politique, mais à la violence et à la souffrance au sein des conflits, aux massacres, à la torture. Le volet anthropologique en quelque sorte, à la fois dans les thématiques et dans les méthodes puisqu'on pouvait poser aussi de nouvelles questions aux traces matérielles, aux ossements grâce aux méthodes en laboratoire. Un courant au sein des War Studies anglo-saxonnes lança le mouvement dès les années 1960, mais de manière assez confidentielle pendant longtemps, dans un monde académique au sein duquel les recherches sur la guerre n'avaient jamais cessé. Ce furent les motivations des hommes qui évoluèrent. Ces études s'inscrivaient dans une réflexion et un mal-être postérieur à la Seconde Guerre mondiale, puis à la décolonisation. L'histoire européenne et européo-centrée s'était longtemps pensée triomphante et donneuse de leçons. Les lendemains de guerre étaient douloureux. Il fallait regarder en face, il fallait comprendre, il ne fallait jamais oublier. Les intellectuels devaient jouer leur rôle. Le changement ne fut pas instantané. Il était nécessaire d'intégrer, de réapprendre à vivre pour ceux qui avaient été traumatisés, de laisser le temps à une nouvelle génération de s'engager.
p. 71
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Le Gaulois ne pratiquait pas l'écriture (qu'il connaissait) et ne vivait pas selon un système étatique tel qu'on l'attribue d'ordinaire aux sociétés auxquelles on associe volontiers le type de gouvernement, le terme de guerre et sa pratique organisée. D'une certaine manière, il incarne une sorte de frontière intellectuelle dans la conception du guerrier “primitif ” depuis la fin du XIXe siècle et jusqu'au renouvellement récent des conceptions archéologiques. C'est un personnage clef dans la connaissance de formes anciennes de la guerre mais surtout d'une construction intellectuelle européenne de valeurs qui s'articulent autour de la guerre.
p. 65
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… ces “sauvages” du bout du monde qui incarnaient des êtres dans leur état le plus primaire étaient-ils violents ? Par leur observation pouvait-on remonter aux origines de nous-mêmes ?
Plusieurs moments scandent les réponses de l'Occident. Les premiers visiteurs au XVIe siècle ont été frappés par le caractère belliqueux des populations qu'ils rencontraient. Les récits des explorateurs, les notes des marchands, les rapports des savants ou des missionnaires soulignent l'importance de la figure du guerrier. Cette violence a été jugée de manière très négative par les Occidentaux, eux-mêmes débarquant pourtant sans invitation et portés par des intentions qui n'étaient pas exclusivement pacifiques. Plus encore, les mœurs des “sauvages” justifiaient le rôle des missionnaires en charge de les christianiser et, plus généralement, la présence des Européens venus pour les civiliser.
p. 44
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Ni Hobbes ni Rousseau ne vivaient auprès de ces sociétés lointaines, et encore moins à l'époque des hommes « premiers ». La guerre est pensée comme un fait avant tout politique et économique, qui intègre à des échelles variées le volet social. L'analyse se situe au niveau de l'État et la guerre est traitée d'emblée comme un conflit organisé, légitimé, structurant. Plus encore, c'est un élément de compréhension de l'État en tant qu'outil politique, qui peut conduire à une nécessité d'État, faire la guerre. Dans l'Europe moderne, le raisonnement vaut pour ce qui ce qui est défini comme « État », actuel ou passé reconnu comme tel.
p. 42
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Chez Hobbes, l'homme est naturellement porté à la guerre, dans la mesure où il est nécessairement en concurrence avec autrui. Le cadre de vie des hommes libres, hors de l'État tel qu'il le conçoit, est donc plus que difficile. « L'homme est un loup pour l'homme », écrit-il. Les sauvages croisés dans le cadre de la colonisation sont en quelque sorte dans un état “naturel” et vivent de « manière quasi animale », avant la civilisation, avant la société, c'est-à-dire avant l'État défini à l'occidentale, seul garant de l'ordre et de la paix. Ils constituent presque des preuves vivantes de sa théorie : sans “gouvernement” et sans “État”, les hommes ne sont pas en société. Ils vivent dans une condition d'état naturel où chacun est un “loup” pour l'autre et le combat une réalité en continu. La seule solution possible pour sortir de cette sauvagerie est l'État (tel qu'il se conçoit entre les XVIIe et XXe siècles en Europe), au sommet de la société, synonyme d'organisation, de société, qui lui permet de vivre en paix. L'État est donc à la fois le garant de la paix et le promoteur d'une guerre éventuelle, mais au nom justement de la préservation d'une société pacifiée. Son action trouve ainsi sa pleine légitimité. Hobbes partageait ses vues sur les “sauvages” avec nombre de ses contemporains, même si les voix de Michel de Montaigne et d'Étienne de La Boétie étaient déjà discordantes. Cette analyse a longtemps perduré et elle a même nourri les premiers travaux des sociologues et ethnologues du XIXe siècle dans une vision “positiviste” de l'évolution humaine.
p. 41
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