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Citations sur Par les armes (66)

LA GUERRE DANS TOUS SES ÉTATS
Les raisons de guerre
Puisque la guerre existe bel et bien, attestée à plusieurs titres, évoluant au fil du temps pour devenir une réalité militarisée à partir de l'Âge du bronze, on ne saurait éviter la question du pourquoi. Pour quelles raisons les hommes se battent-ils ?
p. 265
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À la fin des années 1980, après les avoir classées dans des typo-chronologies durant des décennies, les chercheurs envisageaient les armes comme des « biens de prestige » et leurs possesseurs comme une « élite ». Le qualificatif n'est pas suffisant. Les armes ne montrent pas seulement que le détenteur était riche, mais aussi que c'était un tueur légitime, qui agissait au nom de la société à laquelle il appartenait. Il en est une composante, mandaté par le « gouvernement », forme de pouvoir qui dirige, organise les cadres dans lesquels il vit et agit. Il faut donc s'arrêter sur les individus et ce qu'ils sont, en tant que personnes et acteurs. De manière plus large, la question de la guerre oblige à se pencher sur les rôles sociaux et économiques de chacun, leur pouvoir respectif ...
p. 250
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Une certitude s'impose : équiper le guerrier est fondamental pour la société à laquelle il appartient, comme l'est également la réalité que cet homme incarne, la guerre. Cela signifie que non seulement l'individu occupe une place, tient un rôle, mais que des moyens sont mobilisés pour rendre possible une forme de réalité militaire.
p. 244
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L'acte de guerre est une réalité qui s'impose clairement pour l'Âge du bronze. La documentation archéologique permet de le démontrer car elle comporte des données sans ambiguïté. Elle a des preuves. Ces dernières ne disent pas tout mais elles obligent à considérer que la « guerre », entendue comme telle, existe en Europe à compter du IIe millénaire avant notre ère. Pour les périodes plus anciennes, Néolithique et Paléolithique, le sujet devient plus complexe en raison de la polyvalence des usages. Cela n'exclut pas la possibilité de formes de conflits intégrés aux sociétés, mais il est plus délicat pour l'archéologie d'être catégorique. En revanche, les traces de violence sont, elles, bien attestées.
p. 241
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On l'a rappelé, le fondement même d'une société est de réglementer les rapports entre les hommes, leur place, leur disparition. La prise en charge de la violence est donc une forme d'indicateur sur la réalité des hommes en société, leurs rapports aux autres et plus largement à la mort et aux religions. Le Paléolithique pose des jalons sur ces réalités. Cela ne veut pas dire que la « guerre » y a sa place, mais plutôt que des formes de croyances existent et qu'elles conduisent à des pratiques ritualisées, au moins pour certaines d'entre elles, et que la mort et la violence y sont intégrées.
p. 237
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… depuis une forme de palliatif de la douleur de perdre l'un des siens jusqu'à la peur des actions que pourrait accomplir le mort si l'on ne lui consacrait pas ces présents, en passant par une contribution accordée au défunt pour l'accompagner là où il va. On pourrait trouver de nombreuses autres propositions et variantes. Troisièmement, dans ce geste, c'est une adresse à un autre monde dont il s'agit, qui dépasse celui des hommes et concerne des forces, des « dieux » au sens large. Il est difficile de savoir exactement dans quel registre agissent les hommes du Paléolithique comme de la Protohistoire, la pensée étant ce qui se laisse le moins appréhender par les traces matérielles de l'archéologie.
Deux remarques néanmoins. C'est un fait : de cette manière, les vivants se privent de biens qui pourraient peut-être leur être utiles. La seconde explique la première : les hommes agissent ainsi car le sens du dépôt a une portée plus grande que la conservation des objets pour leur propre usage. La motivation est supérieure à la valeur réelle et symbolique de ce qui est déposé.
Le fait de placer des biens dans le cadre de rituels funéraires est commun à de nombreuses sociétés, passées ou même actuelles. Le geste n'a donc jamais semblé incompréhensible ou étrange aux yeux des archéologues, même si certains détails sur la nature des dépôts ou les modalités d'agencement interrogent parfois.
p. 231
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Ce qui peut changer d'une croyance — et religion — à une autre, c'est la portée symbolique et spirituelle de cette réalité factuelle. En un mot, le sens qu'on lui accorde au-delà du visible et que l'on traduit en actes.
Leurs motivations peuvent être ici très diverses, ...
p. 230
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L'histoire des hommes en société est celle de leurs liens dans l'altérité, leurs rapports entre eux et avec leurs environnements (proches et jusqu'au ciel qui les domine), leurs organisations (qui codifient les rapports). Ce vaste système intègre aussi les croyances, formes de liens entre les hommes et un monde qui les dépasse ; la religion, en tant qu'instance organisatrice, les transforme en règles au sein des sociétés. Ces rapports peuvent être très variés et déboucher sur les pratiques multiformes, des rituels qui peuvent sembler “étranges” car le sens profond échappe à l'observateur, y compris dans des religions très pratiquées, comme la religion catholique où l'on mange le corps et boit le sang du Christ — anthropophagie métaphorique — durant le rituel de l'eucharistie... Ces actes entrent toujours dans une logique, parfois complexe, pour les acteurs. Les éléments naturels ne sont jamais totalement éloignés, et sont parfois même indispensables à l'accomplissement du rituel. L'eau du baptême nettoie, et donc purifie. Le lien est relativement simple à établir dans une action, elle-même peu complexe, et qui est commune à tous les hommes. On ne peut contester que l'eau apporte de la propreté.
p. 229
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Des épées en bronze puis en fer sont pliées, tordues, brisées puis déposées selon une mise en scène soignée. Des casques et des cuirasses en bronze sont rassemblés et volontairement enfouis. Des épées et des casques sont jetés dans les eaux et les marais. Des lots d'armes fragmentées sont réunis avec des lingots, certaines pièces étant enfoncées dans les parties d'autres objets et le tout déposé, de manière ordonnée, en terre. Ils sont fous, ces “primitifs” !
p. 228
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Dans le même temps, la lame des épées s'allonge. Ce changement morphologique au fil des siècles incline à penser que le combat se fait avec une épée de taille plutôt que d'estoc. Par ailleurs, plus l'épée est longue, plus il peut sembler nécessaire de prendre de la hauteur et de la vitesse. Cette évolution de l'armement ouvre donc la question de l'existence du combat monté, de cavaliers et non plus seulement de fantassins, ou même à char.
Le lien avec le cheval est ancien en Europe, datable du Paléolithique, et ne cesse de se renforcer au fil des millénaires. L'animal est représenté sur les parois de la grotte Chauvet il y a presque 40 000 ans, comme sur celles de Lascaux, 20 000 ans plus tard environ. Il est domestiqué au Néolithique, attelé et monté à l'Âge du bronze, comme l'attestent les mors en os et en métal de cette époque. La roue existe depuis le Néolithique et les chariots assurent le déplacement des hommes comme des denrées à travers les routes de l'Europe depuis, au moins, le IVe millénaire avant notre ère. On ne guerroie pas sur un chariot lourd qui serait trop lent, mais en revanche l'usage d'un char à deux roues plus rapide peut être stratégique dans certains modes de combat. La métallurgie des alliages cuivreux permet d'évider la roue, de l'alléger et d'en renforcer la résistance. En outre, tant que la roue est pleine et le chariot trop lourd, seuls les bovins ont la puissance de le tracter. La roue métallique, inventée à l'Âge du bronze, permet de l'atteler au cheval. Le Proche-Orient ou l'Égypte anciens ont adopté de manière privilégiée le char de guerre. Il est cohérent avec des combats en groupes, avec une importance privilégiée accordée aux archers.
p. 221
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