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L'homme rouge, c'est un chamane inuit, qui répond au doux nom de Aappaluttoq. L'homme en noir, c'est un pasteur danois, tout en rigueur luthérienne. Leur affrontement, rhétorique et presque physique, sert de base narrative au roman de Kim Leine mais il n'en est qu'un aspect, fort symbolique, de la colonisation du Groenland, aux alentours de 1730. Plein de bruit et fureur, de connotations picaresques, également, L'homme rouge et l'homme en noir est un livre polyphonique qui multiplie les personnages importants (une bonne trentaine) sans jamais nous égarer, au fil de péripéties où se mêlent sauvagerie, mélancolie, folie, tragédie et intimité. Une véritable fresque qui tient toutes ses promesses et qui s'écrit tantôt à la première personne (sous formes de lettres et de récits fortement documentés) ou à la troisième. Outre les deux personnages principaux, s'y côtoient "indigènes" et colons dont les rapports oscillent entre hostilité, mépris (des seconds), considération et même fascination respective. A noter en particulier des dialogues savoureux où de malicieux inuits, bien que séduits par l'image de Jésus, ne cessent de pointer du doigt les contradictions et les incohérences du dogme religieux. Au fil des pages, le roman se fait néanmoins plus sombre quand les destins individuels et les aléas de la vie en société convergent vers la désolation, au moment des grandes épidémies de variole qui déciment aussi bien danois qu'autochtones. Sur plus de 600 pages, l'ouvrage n'est pas exempt de quelques menues longueurs, à l'occasion d'épisodes anecdotiques, mais, dans l'ensemble, Kim Leine maintient presque sans cesse l'intérêt, par la grâce d'un style fécond et imagé, confirmant ainsi , après Les prophètes du fjord de l'Éternité et L'abîme, son statut d'écrivain scandinave majeur de notre temps.


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An de grâce 1728.
Le Morianen, vaisseau battant pavillon danois, prend la mer sur ordre du roi Frederik IV et met le cap sur l'Arctique. Là-bas se trouve une terre sauvage, rocailleuse et inhospitalière, "un rêve étrange qui porte le nom de Groenland".

À bord du navire, des hommes et des femmes pleins d'espoirs et de doutes, principalement des missionnaires chargés de porter la bonne parole aux confins du monde, ainsi que des forçats graciés et des filles de joies envoyés au Nord pour y fonder une colonie nouvelle.
Ensemble, ils forment un équipage fébrile et composite, conduits par un gouverneur ambitieux mais incompétent dont les rêves de gloire ne tarderont à tourner au fiasco.

L'aventure à laquelle nous convie Kim Leine va en effet s'avérer désastreuse... Entre la rudesse des conditions climatiques, l'absence de matières premières, la faim, les violents désaccords et les maladies (phtisie, dysenterie, scorbut et autres véroles) qui ravagent la petite communauté de pionniers, la colonie aura toute les peines du monde à s'établir sous ces latitudes extrêmes.
Et que dire des peuplades autochtones, de leurs rites ancestraux, et de l'inévitable choc des cultures ? Très vite le torchon brûle entre le pasteur Egede, un ecclésiastique luthérien des plus austères, et Aappaluttoq, dit l'Homme-Rouge, un chamane aux curieux dons d'ubiquité. Autour de ce mano à mano - qui s'annonce terrible - gravitent de nombreuses autres histoires, toutes dramatiques, et autant de personnages plus ou moins déments aux destins tragiques.

Cet entrelacs de récits divers, sans véritable continuité, confère d'après moi au roman une dimension un peu brouillonne qui empêche une véritable montée en tension... Finalement, le duel annoncé entre l'ecclésiastique ultra-rigoriste et le sorcier inuit se trouve un peu noyé dans les intrigues secondaires et ne prend jamais véritablement l'ampleur attendue.
C'est dommage, car l'écriture originale et évocatrice de Kim Leine restitue efficacement l'atmosphère sombre et pesante qui règne sur cette terre hostile, et j'aurais aimé pouvoir m'attarder davantage sur certains des nombreux protagonistes qui tentent d'y survivre, plutôt que de papillonner souvent de l'un à l'autre.
Le roman reste néanmoins plaisant, et ce d'autant plus qu'il s'inspire de personnages et de faits réels survenus au XVIIIe siècle, quand le royaume du Danemark diligenta plusieurs expéditions missionnaires au Groenland pour s'y livrer à des campagnes de conversions forcées et mettre fin au paganisme des indigènes.

Voilà donc en somme un récit polyphonique sinistre et puissant, qui donne un aperçu glaçant (mais peut-être un peu trop bavard et tortueux...) de ce que furentt la colonisation scandinave du Groenland et l'expansion de "l'Imperium Dania".
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Je suis ravi que cette dernière chronique de l'année 2020 tombe sur un roman dont j'ai apprécié la lecture. On termine donc l'année sur une bonne note. Il faut dire que je connaissais déjà un peu l'auteur. J'ai eu l'occasion de lire (il y a un petit moment déjà) un autre roman de Kim Leine, j'avais même pu faire sa connaissance dans le cadre d'une rencontre organisée par Babelio et les éditions Gallimard à la maison du Danemark à Paris.

Pour autant, ce n'est pas forcément pour l'auteur que j'ai acheté ce livre en librairie mais bien parce que le résumé figurant en quatrième de couverture m'a emballé. Ce roman raconte la tentative par le roi du Danemark d'établir une nouvelle colonie au Groenland. Ainsi, le lecteur est invité à suivre plusieurs acteurs de cette nouvelle colonie : les pasteurs chargés de convertir les locaux, le gouverneur, des repris de justice mariés de force pour peupler la colonie, des artisans... L'auteur donne la parole à chacun d'entre eux dans son livre que l'on peut donc qualifier de roman choral.

Bon, cela ne va pas être une promenade de santé, les conditions sont difficiles, il y a le climat évidemment mais aussi la gestion des réserves alimentaires, l'alcool, la maladie... Ces conditions ajoutées à une série de choix défavorables comme l'emplacement vont mener cette colonie droit dans le mur (après une succession de hauts et de bas).

Il y a également les relations avec les habitants du Groenland. L'auteur évoque les populations locales et donne surtout la parole à Aappaluttoq, en conflit avec le pasteur qui a volé son fils. Aappaluttoq est une sorte de chaman et le conflit avec le pasteur va servir de fil rouge au roman. On pourra regretter que des chapitres ne soient pas consacrés à d'autres personnages locaux à l'instar des nombreux personnages de la colonie.

Dans l'ensemble, j'ai vraiment apprécié la lecture de ce roman polyphonique. L'écriture est belle et le style agréable et immersif, parfois violent, parfois emprunt d'une certaine poésie. Les personnages sont bien dépeints, tout comme l'environnement. Les dialogues sont bien souvent très sympathiques à suivre. le contexte historique est intéressant, on voyage un peu avec le roi du Danemark au début, je pensais que l'on y reviendrai plus souvent au cours du récit mais finalement le contexte politique est laissé un peu de côté pour se focaliser sur la colonie même si l'auteur n'oublie pas de rappeler par moment l'évolution de ce contexte et son impact sur la colonie. C'est un choix de l'auteur de mettre la colonie vraiment au centre du roman et c'est plutôt une bonne chose. En tout cas, il y a une alternance intéressante entre petites histoires personnelles de certains protagonistes et la grande histoire.

Je ne me suis pas ennuyé un seul instant à la lecture de cet imposant roman (plus de 600 pages), ce qui n'était quand même pas évident. On peut toujours se dire que certains passages sont un peu redondants, l'ensemble pouvait être plus concis mais l'auteur, par son style, arrive à garder le lecteur dans une ambiance bien particulière, la maîtrise est quasiment parfaite et comme l'écriture de l'auteur est très agréable à suivre, cela ne m'a donc absolument pas dérangé.

Par ailleurs, l'auteur le précise bien à la fin, le roman est inspiré de faits réels et de personnages qui ont bel et bien existé. D'ailleurs, il y a une bibliographie qui a l'air extrêmement intéressante pour aller un peu plus dans le détail.

C'est un roman que je recommande pour son style, son originalité et son ambiance. L'histoire, le contexte historique et les personnages sont particulièrement intéressants. Si vous cherchez un roman d'aventure, de voyage avec une dimension historique et une ambiance soignée, n'hésitez pas à vous lancer dans la lecture de ce roman.
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L'homme rouge et l'homme en noir constitue le deuxième titre de la trilogie groenlandaise de Kim Leine, six ans après Les prophètes du fjord de l'Eternité. Ce roman foisonnant est passionnant, tant par le contexte historique, celui des prémices de la colonisation du Groenland voulue par la couronne danoise au XVIIIè siècle, que par les portraits humains qu'il dresse. le roman est bâti sur l'opposition entre l'homme en noir, Hans Egede, pasteur luthérien évangélisateur du Groenland, et l'homme rouge, Aappaluttoq, chamane inuit. le conflit qui les oppose, autant personnel que culturel ou religieux, va constituer l'épine dorsale de ce roman polyphonique où les différents personnages, prisonniers et prostituées mariés de force pour peupler la colonie, artisans, médecins et Inuit, vont tout à tour prendre la parole et raconter leur récit à la première personne. Et ces récits dépeignent avec force les terribles conditions de vie dans la colonie : maladies, famine, mortalité infantile, médecine balbutiante, climat hostile. L'écriture de Kim Leine donne à ces récits enchevêtrés une unité et une grande puissance narrative. Il dépeint sans aucune concession les hommes et les femmes, dans ce qu'ils ont de plus intime et de plus sombre. Chacun se confie sans voile et confesse ses travers les moins avouables, mais aussi ses failles. le portrait de Hans Egede, personnage historique, est celui d'un homme tiraillé entre sa foi, ses intentions et la réalité de la colonie, celui d'un homme qui dissimule ses doutes sous un masque de rigueur.
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Dure dure la vie de colonisateur au Groenlands au XVIIIème siècle. Et le dogmatisme des missionnaires, quelques soient leur religion, aggrave encore la misère ambiante renforcé par la suffisance de l'homme blanc persuadé de la supériorité de sa civilisation, les femmes n'ayant pas leur mot à dire.
Tout le monde souffre, personne n'en sort grandit, la seule échappatoire étant la mort, et dire que ce roman est basé sur des faits réels !
C'est super bien écrit, super bien décrit, mais vous devez avoir le coeur bien accroché pour lire cet ouvrage, car il ne laisse aucune lueur d'espoir ou de rédemption.
C'est malheureusement réaliste sur la capacité de l'humanité de s'autodétruire avec son environnement, pas sûr qu'on ait fait de réels progrès depuis, malgré les apparences.
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l homme en noir, pasteur , l homme en rouge, chamane inuit. le premier recueille le filS malade du second, l eleve et le garde a ses cotéz. Autour d eux, se forme l une des premieres colonies danoises du groenland . En 1728 , LE ROI nomme le major Pors gouverneur er le charge de conduire une expedition constituée de prisonniers et de prostitués Au dela du cercle polaire, les conditions de vie sont terribles, la maladie et la faim font des ravages. Cette fiction est basée sur des personnages et des faits reels. l'auteur norvegien, installe au danemark, connait bien le groenland ou il a vecu quinze ans. Une épopee historique, a voix multiples, racontee du plus profond de personnages tourmentees , impregnes de croyances religieuses ou des multiples perversiités d el époque
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