Felis Silvestris -
Anouk Lejczyk
De nouveau une très belle découverte ; une primo romancière que j'ai lue grâce aux 68 premières fois et dont j'ai acheté le volume auprès de Jeanne de #lumiereslabox, lumières-labox.fr !
"La fuite doit cesser, ma fillette, la fuite doit cesser'', a-t-il ajouté en s'écoutant parler. Son sens des formules a toujours été supérieur à celui des réalités."p8"Alors je suis là, de retour parmi les miens, c'est officiel. Pleinement en prise avec le quotidien, concernée par tout ce que l'on nomme monde . (...) Auprès des miens, je serai quelqu'un de bien. Et toi, tu ne m'as pas attendue pour te sauver."p9
"Il n'y a aucune légende sous ton portrait encagoulé. le champ est libre, à moi de jouer."p17
"Il vous a dit de marcher quarante minutes pour rejoindre la forêt, exactement le temps que tu mettais pour aller au boulot le matin. Cette pensée t'a convaincue de ne pas faire demi-tour. Filer forêt, cette voix sans voix qui le dit, qui le sait."p22
"-Et ta soeur, elle en est où, elle fait quoi ?-Oh, ma soeur, elle prend un peu l'air."p25 (1ère entête de chapitre)
"Felis Sylvestris : ah, tiens, pas mal . Felis, Felis, ça sonne bien, ça fait joyeux, joyeux et triste à la fois, et puis le chat sauvage, voyons voir, oui, le chat sauvage, mais oui, c'est tout à fait moi. Felis, appelez-moi comme ça."p32
"Être la même chaque jour : tu ne pouvais pas. Être celle qu'on attendait que tu sois : tu ne voulais pas. Te satisfaire de cette vie-là : impossible ! Plus rien ne te guidait hormis tes voix trop nombreuses pour être d'accord, trop imprévisibles pour être domptées. Alors tu suivais celle qui parlait le plus fort, à tort ou à raison.p67
"Dis Felis, dis-moi, à quoi tu penses quand ta pensée s'en va ?"p72
"Tu t'imagines dans sa peau d'enfant, sans aucune responsabilité, livrée à ton seul instinct de survie ou à ton envie d'aller de l'avant. Un champ des possibles qui ressemblerait à une forêt, avec ses tâches de lumière et ses obstacles, son langage composé de milliers de dialectes, tout un monde à apprendre, sans le regret de ceux que tu aurais mis de côté."p106
"Ce qui nous sauve, c'est que nous sommes capables d'oubli et d'émerveillement."p137
"Quelque chose change. Il faut de la patience. Beaucoup de patience. Rester sur le qui-vive. Prendre garde aux racines qui dépassent. Garder en tête le mouvement des oiseaux migrateurs, leurs différentes vagues de départ et d'arrivée."p181
Où l'on parle de deux soeurs, la narratrice qui mène une vie plutôt conventionnelle, et la 2nde qui n'hésite pas à prendre des chemins de traverse, à répondre à un appel plus profond de retour aux sources : un appel de la forêt.
Elle rejoint une communauté engagée pour la préservation de la forêt, qui vit en quasi autarcie avec le juste nécessaire.
Mais les deux soeurs existent-elles réellement ? La narratrice n'est-elle pas en train d'imaginer la vie de sa soeur comme étant celle qu'elle aimerait mener ?
Chaque tête de chapitre est ponctuée d'une question : "Et ta soeur, elle en est où, elle fait quoi ? posée par un des parents dont la réponse nous permet de suivre son évolution dans sa quête de sens.
C'est sensible, c'est beau, c'est très réussi. On a envie de rejoindre Felis dans sa forêt et de se reconnecter à la nature, aux sens premiers, en un mot à l'essentiel !
Un véritable coup de coeur et c'est un premier roman !! Merci les 68 !