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4,38

sur 13719 notes
Ce livre m'a mis hors de moi étant donné que le "Scandale des exhumations militaires" est réel et éclata en 1922. Donc les malversations attribuées à Henri d'Aulnay-Pradelle par l'auteur n'en sont que plus révoltantes et des hommes tels que lui qui se sont enrichis avant, pendant et après la guerre ne peuvent que dégoûter profondément. Des "ordures pareilles" faisant fi de toute moralité pour tirer avantage et prestige m'insupportent au plus haut point (la richesse s'acquière difficilement je pense en étant vraiment honnête et intègre ; ce n'est que mon avis).
Ceci étant cette ' Grande Guerre" comme on l'a appelé a fait massacrer des millions de jeunes hommes, et ceux qui en sont revenus étaient traumatisés à vie , sans nul doute. Quant aux "gueules cassés" et amputés de toutes sortes quelle vie s'offrait à eux ?
Ici Albert et Edouard ont essayés de "Survivre" en se soutenant mutuellement et monter une arnaque d'envergure pour Exister. Cela a permis à l'un de continuer son chemin et à l'autre de retrouver, un temps du moins, ce qu'il aimait faire avant de n'être plus qu'un "monstre" sans visage .
Livre très prenant et qui vous touche en plein coeur.
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Quel livre mes amis ! Quel livre !!!

En m'attaquant à ce pavé cet été (alors qu'il est dans ma bibliothèque depuis l'automne dernier...) je n'ai pas eu peur une minute de me perdre ou de m'ennuyer. Profitant de mes grandes vacances j'ai englouti ce livre avec plaisir et délectation.

Acheté bien avant qu'il n'ai reçu le Prix Goncourt j'étais heureuse de l'avoir à disposition. Un beau livre broché ce n'est pas si souvent pour moi et avec toutes ses pages j'aime ce format agréable à la lecture.

Voilà que je me disperse, repoussant mon avis sur ce livre ayant peur de ne pas arriver à en dire assez de bien, peur de ne pas être à la hauteur de mon plaisir de lectrice avec cette histoire.Vais-je encore pouvoir décider de futurs lecteurs ?... Y-a-t-il encore des personnes qui ne l'ont pas lus ? ...

Et c'est parti pour une plongée en enfer car dès le début du livre on se trouve au coeur du terrible fracas de la guerre des tranchées.

On suffoque, on tremble, on crie, on pleure. Nous faisons alors connaissance dans ces terribles conditions avec des soldats, deux tout particulièrement : Albert Maillard et Édouard Péricourt. Ces deux là vont aussi faire connaissance à ce moment là.

Un autre homme se trouve ici également, un officier, il s'agit d'Henri Aulnay-Pradelle. Un des personnages principal de ce roman, un homme qu'il est préférable de ne pas trouver sur sa route, mais qui hélas croisera toujours dans de fâcheuses circonstances celle d'Albert et Édouard...

Édouard va sauver Albert d'une mort certaine par ensevelissement lors d'une bataille finale. Lors de ce sauvetage le premier perdra son visage, pour tout dire son identité. Édouard devient une gueule cassée.

Un lien indéfectible va s'installer entre les deux hommes. Ils n'auront de cesse de s'occuper l'un de l'autre. Albert se sentant redevable à vie de son compagnon sauveur.

" En le tenant contre lui, Albert de dit que pendant toute la guerre, comme tout le monde, Édouard n'a pensé qu'à survivre, et à présent que la guerre est terminée et qu'il est vivant, voilà qu'il ne pense qu'à disparaître, si même les survivants n'ont plus d'autre ambition que de mourir, quel gâchis... "

Une amitié bien particulière va grandir entre ces deux brisés de guerre.

Ils deviendront complices d'une vaste escroquerie aux monuments aux morts, grâce au talent de dessinateur d'Édouard.

Albert et Édouard vont jusqu'à changer d'identités pour se fondre dans cette période d'après-guerre et échapper à Pradelle cette pourriture d'homme, arriviste et arnaqueur.

Pierre Lemaitre est un artiste peintre dans son livre, il nous dresse de splendides portraits : de cet homme sans visage aux mille masques époustouflants, de ce salop impétueux et arrogant de Pradelle, de cet homme simple et humble qu'est Albert.

Les personnages secondaires sont aussi très travaillés, Monsieur Péricourt (le père d'Édouard) cet homme blessé et endeuillé, mais aussi ce petit fonctionnaire extra-ordinaire de Merlin. Et des femmes aussi dont la sœur d'Édouard, Madeleine et la petite amie d'Albert, Pauline qui subissent aussi les dégâts collatéraux de la guerre.

Mais cette histoire n'est pas qu'une galerie de personnages, Pierre Lemaitre à la faculté de nous faire vivre presque physiquement les scènes du livre. Cette scène de début lors de l'ensevelissement d'Albert et son sauvetage !!!

Incroyable de réalisme. J'ai suffoqué, j'ai cru ma dernière heure arrivée...

Les scènes de visite des cimetières par le fonctionnaire Merlin sont marquantes, on sent presque l'odeur de putréfaction, l'indicible est décrit, l'atmosphère est glauque à souhait ... Malgré tout, on note souvent une bonne pointe d'humour noir !

J'ai laissé décanter ma lecture, mais je sais que ce livre là restera en moi longtemps, très longtemps. Les personnages dressés par l'auteur vont continuer à m'accompagner, à m'émouvoir, à me hanter.

Une lecture marquante, une grande lecture.

Je ne suis pas forcément contente de ma "critique" elle reflète bien pâlement mon enthousiasme et ne reflète pas vraiment l'empreinte de cette histoire dans mon imagerie de lectrice...

J'aime quand une lecture m'embarque à ce point, j'aime quand une lecture me permet de belles rencontres avec de forts personnages. Connaitre Albert et Édouard quelle chance !

J'aime aussi quand j'apprends encore et toujours sur l'histoire de mon pays et notamment ici sur la période d'après guerre de 14-18. Car s'il y a une part de fiction dans ce livre il y a aussi beaucoup de réalisme dans la vision de cette période d'après-guerre très particulière et qui n'est pas souvent mise en avant...

Pierre Lemaitre sans auréoler les soldats de la grande guerre a su leur rendre hommages de bien belle façon.
Son livre est son monument littéraire, une sacrée belle réussite ! Prix Goncourt amplement mérité.

Un livre que je garderais en mémoire pour toujours.
Alors si ce n'est pas déjà fait,
prenez rendez-vous avec "Au revoir là-haut "
vous m'en direz des nouvelles, des bonnes à coup sur !

Je finirais ma petite bafouille sur le très beau titre de ce livre, très triste et si beau :

"Je te donne rendez-vous au ciel où j'espère que Dieu nous réunira. Au revoir là-haut, ma très chère épouse." Jean Blanchard

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Voici venir (enfin !) mon tour de découvrir la trilogie des Enfants du désastre. Depuis le temps que je me dis qu'il me faut la lire... la faute à toutes les critiques élogieuses sur lesquelles je suis tombée. Mais c'est aussi à cause d'elles que j'en attends beaucoup, peut-être même trop parfois, et que je mets le temps pour franchir le pas. Pour ce premier tome intitulé "Au revoir là-haut", j'ai su dès les premières pages que je n'en sortirai pas déçue.

De Pierre Lemaitre, je n'ai lu que deux de ses romans, et deux polars, que j'avais bien aimés. Nous sommes ici dans du roman historique, que j'ai tout autant aimé, si ce n'est même plus. L'intrigue débute quelques jours avant l'armistice du 11 novembre 1918, sur le front, sur la côte 113 plus exactement. Nous y rencontrons trois personnages : un capitaine et deux soldats. Je ne dirais rien de ce qui s'y passera, même si nous n'en sommes qu'au tout début et que je ne divulgâcherai rien en soi. Mais les derniers combats et les événements qui en découlent ayant une incidence sur les choix de vie de chacun après-guerre, je trouverai dommage que vous ne le découvriez pas par vous-même (si comme moi, vous faites partie de la minorité qui ne l'a pas encore lu).

Quoiqu'il en soit, nous suivrons par la suite Albert et Édouard d'un côté, qui imaginent et mettent en place une escroquerie nationale qui défie la morale ; et Henri de l'autre, en quête d'une fortune pour redorer son nom. Vengeance d'un côté, cupidité de l'autre. Personnages attachants ou détestables peu importe, on aime à les voir évoluer dans cette France d'après-guerre 14-18, qui pleure ses morts et ne sait pas quoi faire de ses survivants.

Solidarité, entraide et amitié, blessures de guerre (physiques et psychiques), reconstruction (ou pas), arnaques, fraudes et corruptions, usurpation d'identité, vengeance et mensonges, deuil, dépendance à la morphine ou encore dessin et monuments aux morts, tels sont les thèmes qui nous emportent dans ce roman passionnant.

Le contexte historique est magnifiquement bien développé, et les personnages bien fouillés. La plume de l'auteur est extra, aussi dynamique que percutante. L'atmosphère, plutôt sombre, est envoûtante. Tout est justement bien dépeint, ressentis des personnages comme le Paris d'après-guerre. Pierre Lemaitre m'a totalement embarquée dans ses deux intrigues qui se chevauchent.

Alors que c'est Édouard le plus abîmé (physiquement parlant), c'est Albert qui m'a davantage touchée. L'homme gentil, serviable, peureux et angoissé qu'il est et qu'il restera jusqu'au bout a su m'apitoyer, m'émouvoir. Édouard a lui aussi, à sa manière, malgré son côté loufoque, dépressif et immoral, su m'attendrir. Quant à Henri, on espère qu'une chose : assister à sa dégringolade et donc espérer que l'auteur aille dans ce sens.

Albert. Édouard. Henri. Trois personnages aussi différents les uns des autres : sympathique pour le premier, insaisissable pour le second, détestable pour le troisième. Trois personnages hauts en couleur, qui nous surprennent chacun leur tour. Je n'oublie pas non plus M. Péricourt et sa fille, et quelques autres personnages secondaires, responsables de quelques retournements de situation bienvenus.

Bref, vous l'aurez compris : j'ai beaucoup aimé. "Au revoir là-haut", ce sont 624 pages que l'on ne voit pas passer, qui se lisent toutes seules, surtout les derniers chapitres où la tension monte crescendo. Il ne me tarde qu'une chose : que ma bibliothécaire m'envoie un mail m'informant que je peux désormais récupérer "Couleurs de l'incendie" que j'ai réservé il y a peu.
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Ah, j'ai l'impression que j'arrive après la bataille (huhuhu) sur le Goncourt 2013...A ce rythme-là, quand je lirai le Slimani, Donald Trump aura peut-être quitté le pouvoir...Je dis ça rapport à l'atmosphère de fin du monde 1916/2016 ...On ne pourra pas dire que les romanciers ne nous auront pas prévenus là où les journalistes ne voient rien du tout : les grands de ce monde sont des psychopathes avides, aveugles, stupides et suprêmement narcissiques. C'est bien le sujet de Lemaître, les hommes sans grade à l'abattoir, les bouchers au Jockey Club, à fumer leurs cigares et attraper les nanas par le minou...
C'est donc un roman noir et sans grand espoir que nous présente Pierre Lemaître. Un vrai bon roman, je pense. Tout commence le 2 novembre 1918, ça sent l'armistice ...les fantassins français et allemands aimeraient bien qu'on leur fiche la paix, maintenant, dans leurs tranchées. Mais ce n'est pas du goût de nos amis à cigare. L'état major français veut la côte 113, un petit bout de terrain où les Allemands avancent de 10 mètres environ sur la ligne française. Insupportable. de quoi sacrifier encore une unité. Ils s'en fichent, ils ont des cigares. le lieutenant d'Aulnay-Pradelle, officier des hommes concernés, sent bien que ça va être compliqué de faire décoller les troupes, alors il utilise un bon petit stratagème de bon petit psychopathe ambitieux qu'il est. Et ça marche...Jusqu'à ce qu'Albert Maillard, sans grade, découvre la ruse (sous une pluie d'obus) et qu'Edouard Péricourt, sans grade mais fils déchu d'une grande famille bourgeoise, s'en mêle. A partir de là, enchaînement de péripéties qui vont nous mener jusque dans l'immédiat après-guerre.
L'immédiat après-guerre...Cela ne fait pas longtemps qu'on en parle ...Cela ne fait pas longtemps qu'on admet que les Poilus vétérans ont été traités comme des chiens à leur retour. D'un côté, la grande hypocrisie d'un gouvernement qui feint de les honorer par des monuments, des grands cimetières...De l'autre, l'incurie totale, des milliers d'hommes jeunes-toute une génération-blessée, traumatisée, livrée à elle-même dans un monde qui ne veut pas leur faire de place. Pierre Lemaître plonge dans cette faille. Des soldats sans grade vont s'essayer à une large escroquerie dans l'hypocrisie des hommages gouvernementaux. Parallèlement, le marché des grands cimetières fait saliver les squales du Jockey-Club...Imaginez, des millions de cercueils, des millions de croix, de plaques ...De quoi s'en mettre plein les poches, avec les cadavres de ces abrutis qui se sont fait tuer ahahah -rire démoniaque, cigare, smocking- Tous les petits Donald sont sur les dents...Y a du pognon, y a de la chatte ...(Oups, excusez ma vulgarité, je traduis la pensée des squales...)
Bon, c'est donc un roman très passionnant, qui traite d'un sujet encore assez peu débroussaillé, mais qui résonne beaucoup dans l'actualité, et fait frissonner d'horreur devant ce que l'homme peut faire à l'homme. Ajouter à cela des personnages très bien campés, qui portent l'histoire, et dont je ne parle pas pour ne pas spoiler. Je ne dirai pas "lisez-le", étant donné que, visiblement, à part moi, tout le monde l'a lu...


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À la guerre comme à la guerre, en cette année du centième anniversaire du début de la Première Guerre mondiale, j'attaque la lecture de ce roman qui pue le succès : Goncourt 2013, encensé sur Babelio!

Ça pue!

Ça pue dans les tranchées, ça pue à l'hôpital et l'odeur de putréfaction des cadavres est insupportable. Ça pue l'horreur de ceux qui sont morts pour rien.

Ça pue l'arnaque! Les profiteurs de l'après-guerre qui agissent : cyniquement et cruellement, par ambition sociale; timidement, torturé par l'idée et la peur, parce qu'il ne peut pas faire autrement; joyeusement, par une vengeance qui lui redonne le goût de vivre.

Ça pue la corruption, l'argent, les complicités de l'administration et seul un vieux bougre puant résiste à la tentation.

Ça pue la culpabilité, un pauvre Poilu prêt à tout pour aider celui qui lui a sauvé la vie, un père qui s'aperçoit trop tard qu'il n'a pas aimé son fils et les Français qui détournent le regard devant les mutilés et achètent des monuments aux morts.

Ça pue l'amour et le sexe : Madeleine qui épouse son mari parce qu'elle le trouve beau, Pradelle qui aime faire cocus tous ses amis ou Labourdin qui harcèle le personnel.

Ça pue l'humanité, la gentillesse d'une petite Louise, le bon sens et l'amour d'une Pauline et l'art d'Édouard…

Un roman aux effluves puissants, avec des personnages aux parfums extrêmes, parfois hilarants, parfois lacrymogènes, une oeuvre aux odeurs prégnantes…
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Quelle merveilleuse découverte grâce à Babélio!

Quelques jours avant l'armistice, la petite crapule de lieutenant Pradelle tue deux de ses hommes, en fait accuser les allemands et lance l'assaut vengeur lui assurant les étoiles de capitaine.
Mais Albert a deviné et Pradelle le sait, Albert qui a pris à sa charge Edouard, mutilé sans visage, qui lui a sauvé la vie mais a changé d'identité pour éviter le regard de son père qui est devenu ....le beau-père de Pradelle.!

Chacun s'enfonce dans une spirale de mensonges et d'escroqueries, Pradelle pour assurer sa fortune, Albert pour survivre, mais qui s'en sortira?
Et le summum, l'amitié extraordinaire entre la petite Louise et Edouard!

Rien à redire, l'histoire qui avance et maintient le suspense, le style ' à l'américaine', courtes phrases, personnages denses et crédibles, géré de mains de maître, j'apprécie!



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Oui bon, bah je sais, j'arrive après la bataille (jeu de mots foireux, j'admets), hein, le Goncourt 2013, 728 critiques sur Babelio, quitte à être en retard pour donner mon avis, j'aurais pu attendre 2018 et les commémorations de la Grande Guerre. Ah oui, qu'est-ce qu'elle a été Grande, cette boucherie ! Elle a surtout été longue et sacrificielle, et en cet an de grâce 1918, à quelques jours d'un Armistice qui ne fait plus aucun doute et alors que les poilus ne rêvent que de la quille, voilà que Pradelle, infâme officier arriviste, insatisfait de son petit grade de lieutenant, n'a pas de meilleure idée, pour gagner du galon avant le retour à la vie civile, que de lancer ses troupes à l'assaut de la cote 113. Il finira par la gagner, sa p... de cote 113, et la gloire qui va avec. Quant aux morts et aux gueules cassées qui vont aussi avec, bah... après tout, qu'importe cette vulgaire chair à canon. Et puis, tout bien réfléchi, les cadavres pourront même rapporter gros après la guerre. Bref, la victoire de Pradelle à la cote 113 et ses barrettes de capitaine héroïquement obtenues, c'est l'arnaque de l'année (ceux qui ont lu comprendront), mais, et c'est le vrai sujet de l'histoire, c'est surtout le début d'une amitié improbable et indéfectible entre Edouard, jeune bourgeois de bonne famille, qui s'est mangé un éclat d'obus, et Albert, modeste comptable timoré qui serait mort enterré vivant si Edouard ne l'avait pas sauvé de justesse. Défiguré et ayant perdu ses cordes vocales, Edouard, après des mois de convalescence (lors desquels il a refusé toute chirurgie reconstructrice), de dégoût et de déprime, revient à la vie en mettant au point une énorme escroquerie, le scandale du siècle. Albert, qui le soigne comme une mère-poule, se voit entraîner malgré lui dans l'aventure.

Chronique d'une fracassante revanche sur le sort, cette histoire est cruelle, tragique, amorale, sinistre, révoltante, cynique. Alors que les autorités françaises prétendent honorer la mémoire de leurs Héros morts pour la Patrie, elles laissent les poilus survivants crever dans la misère et l'oubli. Commerce de la mort, absurdités militaires et administratives, cet après-guerre 14-18 n'est pas glorieux, et est même franchement puant. Mais que cette lecture est jubilatoire ! Si on s'attache au duo Edouard-Albert malgré ses frasques, il est carrément jouissif de suivre les magouilles de Pradelle, archétype du salopard arrogant, et les enquêtes de l'extraordinaire Joseph Merlin, obscur et imperturbable petit fonctionnaire envoyé pour contrôler les chantiers des nouveaux cimetières militaires. J'ai adoré le style d'écriture de Pierre Lemaître, son humour caustique, son talent de conteur. Ca tient en un mot : magistral.
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La France envoie ses jeunes hommes se faire tuer, même à quelques heures de l'armistice de la Première Guerre mondiale. Mourir à quelques heures de la fin de la guerre. Absurde. Et pourtant, Edouard et Albert y échappent de peu, et peut-on dire qu'Edouard est vivant alors qu'il a une gueule cassée. D'ailleurs, il choisit de se faire passer pour mort.
La France pleure ses morts en oubliant les soldats revenus de cet enfer, pas forcément en entier. La France construit des cimetières militaires et des monuments aux morts pour honorer les disparus. Chaque maire de chaque commune veut son monument aux morts.
Edouard et Albert, et pas seulement eux, y voient une opportunité.
Les personnages sont magnifiques, le style est imagé et littéraire. Dans l'ensemble un bonheur de lecture.
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Deux poilus en sont revenus. L'un à sauver l'autre d'une mort certaine, ça lui a couté une terrible gueule cassée, l'autre une reconnaissance éternelle.
Retour à la vie civile, à la vie tout court, usurpation d'identité, magouille géniale et immorale, identification et sépulture décente (va savoir) pour nos héros tombés au combat, le roman de Lemaitre brasse tout cela avec une jubilation évidente. Malgré son sujet très noir, son plaisir de jouer avec les mots allège son récit avec un certain humour. L'époque de l'après-guerre est formidablement décrite (on voit bien avec quel dédain sont traités nos vétérans, les opportunistes prêt à se faire du blé sur leur dos, comme quoi rien ne change). Lemaitre retranscrit ça avec grand talent.
Un Goncourt populaire, diablement gaillard, avec des personnages haut en couleur. Même si le récit souffre par instant de quelques longueurs, le plaisir narratif prend aisément le dessus. Bon sang, qui sait Lemaitre ? 4.5
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« A la guerre, on veut des morts franches, héroïques et définitives, c’est pour cette raison que les blessés, on les supporte, mais qu’au fond, on ne les aime pas ».

Eh non, on ne les aime pas ! C’est pas le lieutenant d’Aulnay-Pradelle qui vous contredira cette phrase ! Car le lieutenant Pradelle est un homme ignoble, un homme comme on n’en fait plus, croyez-moi, ou bien essayez de me croire. En précipitant Albert en haut d’un trou profond et boueux de ces tranchées du Nord, dans le but de le tuer, il a envoyé sa vie dans un gouffre sans fin, il en a fait un blessé du cœur. « A la manière de ces hommes qui étaient restés courbés pendant 4 ans sous la mitraille et qui, au sens propre du terme, ne s’en relèveraient plus et marcheraient ainsi leur existence entière avec ce poids invisible sur les épaules, Albert sentait que quelque chose ne reviendrait jamais : la sérénité ».
Et non seulement Pradelle n’aime pas Albert, mais il va détester aussi celui qui l’a sauvé d’une mort d’asphyxié : Edouard, car celui-ci n’en réchappera qu’à grand-peine, à coup de gueule cassée et de jambe claudicante.
Ces 2 grands blessés vont devoir traverser l’après-guerre et son cortège de promesses gouvernementales non tenues, de grandes compromissions, de saletés, de jalousies, d’incompréhensions. Oui, pour eux, ... c’est cela la Victoire. Jusqu’au stratagème incroyable imaginé par l’un des deux...

Avec une dérision époustouflante, Pierre Lemaître décrit une France d’apocalypse, des vies cassées, des « héros arrogants et laids ».
Avec une familiarité débonnaire, il nous prend à partie, nous les lecteurs, pour nous obliger à regarder ce qui est non regardable.
Avec une tendresse émouvante, il relate la prise en charge quasi maternelle d’un pauvre soldat atrocement mutilé dans son corps et donc dans son âme, par son compagnon de misère auquel il s’est trouvé enchaîné dans un mouvement de bonté instinctive.
Avec une maestria incroyable, il nous montre le choc de destins familiaux et militaires.
Avec un sens du suspens et du retournement de situations hors du commun, il nous raconte une histoire passionnante où le dévouement côtoie la méchanceté pure, où le cynisme des uns est confronté au sens du devoir des autres.

Pierre Lemaître a du génie, c’est indéniable ! Je m’en suis régalée, j’ai adoré, vibré, je me suis révoltée, ça je peux vous l’affirmer, et...j’ai ri, oui, j’ai ri !
Alors citez-moi un écrivain qui puisse susciter autant d’émotions contradictoires sur un sujet aussi tragique...Je n’en connais pas beaucoup. C’est pour cela que je lui attribue mon prix Goncourt.
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