Qu'est ce que c'est beau chez les bourgeois. Ils seraient moins cons, ça donnerait presque envie d'en faire partie.
Ravic, lui, continue de hurler. Il est assis par terre, sur une seule fesse, la jambe allongée, les bras tendus vers sa cheville en compote qui pisse le sang et il gueule des « Ah putain, ah putain… ». Le bruit, ici, tout le monde s’en fout, il y a des télés partout, des couples qui s’engueulent, des mômes qui hurlent et certainement des mecs qui jouent de la batterie à trois heures du matin quand ils sont défoncés comme des terrains de manœuvre.
Anne a été "blessée" lors d'une attaque à main armée dans le VIII° arrondissement et "molestée", lui a dit l'employée de la préfecture de police.
Camille adore ce mot, "molester". Dans la police, on l'adore. On adore aussi "individu" et "stipuler", mais "molester", c'est beaucoup mieux, avec trois syllabes on couvre une gamme qui va de la simple bousculade au passage à tabac, l'interlocuteur comprend ce qu'il veut, rien de plus pratique.
Oublier est inévitable. Mais oublier, ce n'est pas guérir.
Nous ne connaissons que le centième de ce qui nous arrive.
Nous ne savons pas quelle petite part du ciel paie tout cet enfer.
William Gaddis, Les reconnaissances
Il vise la tête. Ramassée sur elle-même, Anne continue de s'abriter de ses bras, les coups pleuvent sur le crane, la nuque, les vant-bras, le dos, on ne sait pas combien de coups de pieds, les medecins diront au moins huit, le légiste plutôt neuf, allez savoir, ça tombe de tous les cotés.
Qu est ce que tu veux, j ai la taille d un caniche mais des aspirations cosmiques.
Pour les braquages c’est un peu pareil, c’est toujours vers la fin que ça risque de partir en torche, on arrive avec des résolutions pacifiques, on rencontre de la résistance et si on manque de calme on se retrouve à arroser la foule au calibre 12, et on laisse derrière soi un carnage simplement dû à un petit manque de sang-froid.
"Nous ne connaissons que le centième de ce qui nous arrive.
Nous ne savons pas quelle petite part du ciel paie tout cet enfer."
En fait, ce sont souvent les événements qui décident pour nous. D'où la nécessité de calculer. D'anticiper.