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Critique de le_Bison


C'est avec un regard neuf que j'entame ce « Trois Jours et une vie ». Je sais d'ors et déjà que Pierre Lemaitre a écrit son chef d'oeuvre avec « Au-revoir là-haut ». On ne se remet jamais tout à fait d'un livre aussi fort, j'en garde encore les images en moi. Partant donc de ce principe pour ce premier livre post-Goncourt, je me laisse ainsi guider vers Beauval, petite bourgade jurassienne, sombre histoire d'un meurtre non élucidé. Loin de la grande fresque historique, je plonge dans un petit roman oppressant et intime. J'imagine dans les cuisines l'odeur d'un poulet au vin jaune, alors que la tempête fouette le bois de Saint-Eustache. La scierie est en difficulté financière, les emplois menacés, et généralement quand on est né à Beauval, on reste généralement à Beauval. Vieil adage du terroir qui montre bien la difficulté à tourner le dos complètement à ce coin perdu où tout le monde se connait, où les petits potins dans le troquet font office de vérités, où le petit Rémi a disparu un après-midi de 1999 après avoir fait une partie de la route avec son père vers la scierie.

En fait, à Beauval, c'est le calme avant la tempête, c'est l'encéphalogramme plat tout au long de l'année, même pour le petit Rémi. Surtout pour lui, d'ailleurs. Et puis il y a Antoine, qui doute, qui a peur, qui n'oublie pas. Telle une épée de Damoclès pointée au-dessus de son coeur, il s'attend à ce qu'on lui enfonce un pieu dans le poitrail. Comme une libération. de sa souffrance et de ses péchés. Car à Beauval, on croit plus ou moins à Dieu, on va à la messe certains dimanches, prendre un petit verre de vin blanc avant, et pis une Suze-Cassis après… Moi, je n'aime pas la Suze avec ou sans cassis alors, je commande un Pastis.

La tempête efface presque tout – souviens-toi de ces maisons emportés de ces arbres déracinés -, surtout les traces, mais elle redouble surtout les peurs ; avant que le mort ne s'oublie, il peut remonter à la surface. Et de là, la crainte d'être rattrapé par la loi. Celle des hommes, celle de la justice, celle de la rumeur. Dans une contrée aussi reculée que Beauval, la rumeur est ce qui se propage le mieux, plus véloce que la fibre qui n'y a pas encore ses accès.

Plus qu'une lecture oppressante ou prenante, ce court roman est une atmosphère avant tout, et un questionnement sur ses actes – manqués ou pas. Vivre avec son passé, aussi lourd soit-il, survivre avec ses actes non prémédités. Mais jusqu'à quand. Un jour, la vérité devra sortir de ce bois. Ou pas…
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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