AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 4147 notes
Décembre 1999, Beauval, au coeur d'une région couverte de forêts. Un village plutôt paisible, dirigé par monsieur Weiser, maire et propriétaire de l'usine de jouets en bois, aujourd'hui menacée. Antoine, 12 ans, vit avec sa maman, un peu rigide, ses parents ayant divorcé il y a quelques années. Son père installé en Allemagne, le jeune garçon ne le voit presque plus. Il se sent un peu isolé des autres enfants de son âge. Un sentiment qui s'accroît le jour où ceux-ci ne portent guère plus d'intérêt à la cabane qu'ils construisaient ensemble dans le bois de Saint Eustache mais plutôt à la PlayStation de Kévin. Ulysse, le chien de monsieur Desmedt, le voisin, occupe dorénavant une place centrale. C'est avec lui dans les pattes qu'Antoine s'attelle à la construction d'une nouvelle cabane, cette fois haut perchée. Mais, Ulysse se fait renverser par une voiture, monsieur le refroidit d'un coup de fusil et fourre le corps du chien dans un sac plastique. Antoine, qui a tout vu, est sous le choc et se réfugie dans les bois où il détruit sa cabane. Lorsque Rémi, le fils Desmedt, 6 ans, s'approche de lui, le jeune garçon, fou de rage et déprimé, fait passer sa colère sur lui. Un mauvais coup sur la tête et Antoine ne peut se rendre qu'à cette évidence: il vient de le tuer. À coups d'efforts, il cache le corps dans une grande fente noire, sous le tronc massif d'un hêtre. De retour chez lui, il attend, tremblant de peur, qu'on vienne le chercher...

Comment vivre avec un tel poids ? Celui d'avoir tué, par accès de colère, un petit garçon, alors qu'on est soi même à l'orée de l'adolescence. Comment regarder en face la terrible réalité ? Pierre Lemaître nous plonge en plein coeur de ce drame et l'on suit Antoine à 3 époques de sa vie: en 1999, 2011 et 2015. L'on ressent ses émotions, l'on devine son désarroi et ses peurs. L'auteur traite de sujets très intéressants à savoir la culpabilité, la notion de justice ou encore la conséquence de nos actes. Ce roman haletant de bout en bout, qui plus est dans une ambiance de village plutôt pesante et tendue, dépeint avec subtilité ce drame humain, drame d'autant plus tragique que la mort était involontaire. Des personnages fouillés, parfois complexes ou cyniques, une fin inattendue, une écriture enlevée et précise... Un roman noir abouti et passionnant...
Commenter  J’apprécie          2257
Comment parler de ce livre sans en dire trop ?...

C'est l'histoire d'un jeune garçon, d'un drame, d'une tragédie... de...
Trois jours et une vie...

Je suis heureuse de l'avoir découvert dès sa sortie. Car je pense, qu'obligatoirement trop de choses seront dites au fil des critiques qui en seront faites.

Pierre Lemaitre sur la couverture !
Au panier ! les yeux fermés !
Depuis 2013 que je l'attendais... Impatiente... Je m'en suis posée des questions pendant tout ce temps...
Avec quoi va t-il nous revenir ? Quand ??? Comment ? Thriller ? Policier ? Roman ?
Mais une certitude ! Je ne serais pas déçue... Oh non, pas déçue ! Vraiment pas !

Cet auteur m'émerveille. Il nous revient avec un magnifique roman...dramatique (?!). Quelque chose encore de différents. Il nous démontre une fois de plus qu'il excelle dans tous les genres de littérature.
Je suis admirative ! Tellement...

Chaque mot, chaque phrase, chaque événement, m'a touchée au plus profond.
J'ai lu ce roman d'une traite, la boule au ventre.
Pas celle de la peur, de l'angoisse ou du suspens oppressant, non, celle de la compassion, présente, inéluctable, signe d'impuissance face à une situation qui s'enfonce petit à petit...

L'écriture de Lemaitre me transporte, tout simplement.

La fin de ce roman est exceptionnelle. Elle nous fait remonter tout du long du récit achevé. Des détails insignifiants sur le coup, nous reviennent, nous frappent et prennent tout leurs sens.

Je sais que je relirais ce livre pour l'aborder d'une autre façon. Et en plus, ça me fera patienter jusqu'au prochain...

Fan !
Commenter  J’apprécie          19015
Génial Pierre Lemaître ! Cette fois encore, j'ai été prise, emportée, secouée par l'histoire racontée.

Je me suis retrouvée, haletante, le coeur serré, tout au long de ce" triptyque" dramatique.En effet trois époques se succèdent: 1999, 2011, 2015...Le point commun ( ternaire aussi ! ) : d'abord, une petite ville provinciale, Beauval, comme il en existe partout en France, ensuite la disparition d'un enfant de six ans, Rémi Desmedt, et surtout le personnage d' Antoine Courtin, au centre du drame qui s'est joué.

Et c'est là le trait de génie de l'auteur: on s'attache immédiatement et durablement à cet adolescent de 12 ans, un peu solitaire et secret, qui vit avec sa mère ,son père vivant loin d'eux,et que l'on découvre dès le début du livre, en 1999. Pour ne plus le quitter...

Pierre Lemaître nous fait entrer dans les pensées, l'intériorité d'Antoine avec une habileté et une finesse confondantes.Il rend avec beaucoup de justesse son désarroi, sa paranoïa, ses contradictions, sa complexité.Quelle empathie j'ai éprouvée pour lui ! Quelle tristesse !

Et on assiste aussi aux ravages de la rumeur, au déchaînement de la délation et de la méchanceté, au sein d'une petite ville, où chacun s'épie et se soupçonne.

Evidemment, on ne peut en dire plus, pour ne pas donner d'indications trop explicites, mais je conseille vraiment ce livre original, déroutant, où l'auteur confirme encore son talent. Après l'univers policier puis celui du roman populaire de qualité, le revoilà avec un roman psychologique intense, noir, qui réserve des surprises jusqu'à la fin.Une fin qui donne un éclairage différent sur l'histoire.

Merci, Pierre Lemaître, pour ce moment fort en émotions et en plaisir.
Commenter  J’apprécie          17512
Bravo !
Très cher Mr. Pierre Lemaitre,
Je m'présente, je ne m'appelle pas Henri (ça, c'était Balavoine), mais je suis Paola93130, fière Babeliote adepte de certaines théories de la conspiration.
Par exemple, pour moi, La Belle au Bois Dormant a dormi 100 ans, parce que le Prince Charmant était occupé à avoir une aventure avec Blanche Neige ! Ah, oui, le coquin!
Et Pinoquio, vous saviez qu'il était en plastique et non pas en bois ? C'est pour ça que la baleine ne l'a pas gardé dans son estomac : c'est indigeste, ça, le plastique ! Ça vous épate, ça, n'c'pas?
La dernière de mes théories vous concerne justement, Mr. Lemaitre : je suis profondément convaincue que vous êtes, vous aussi, un Babéliote assidu qui se cache sous un pseudo très sérieux et qui lit avidement les critiques babéliennes qui concernent vos livres ! J'ai raison, hein ?
Voilà pourquoi je me permets de m'adresser à vous par ce biais. Et qu'ai-je à vous dire qui n'a déjà été dit sur votre « Trois jours et une vie » ? Vous avez déjà dû vous apercevoir que votre court roman fait pratiquement l'unanimité : on l'adore ! Et moi, humble petite portugaise née á Vila Nova de Famalicão (....petite française née en Provence, c'était Michèle Torr !), moi, disais-je, je suis complètement d'accord. J'ai été prise au tripes, sans envie de le lâcher, assoiffée de savoir le fin mot de l'histoire. J'ai retrouvé un mélange d'ambiances de plusieurs romans que j'ai adorés (« Thérèse Raquin », « La petite Roque », « Les excès de la passion », entre autres) et que vous avez su touillez pour en faire un roman complétement différent, bien à vous, dans lequel je me suis attachée au personnage principal, en le trouvant victime des circonstances, bien plus que coupable. Vous m'avez menée par le bout du nez jusqu'à un dénouement final que je n'ai jamais anticipé (…mais, bon, je ne suis pas très intelligente, vous savez…).
Bref, je vous le répète : bravo ! Bravo pour l'intrigue, pour le suspens, mais surtout, bravo pour ce petit boût de France, cette France que je garde toujours dans mon coeur.
Je vais vous laisser, Mr. Lemaitre en vous félicitant bien et je vous promets de lire votre « Au revoir lá haut », parce qu'il parait que, lui aussi, il vaut le détour !
P.S. : aux babéliotes qui ont lu cette « critique » jusqu'au bout…je demande pardon pour mes divagations…mais le soleil tape fort au Portugal, en ces derniers jours du mois d'août…
@ClaireG: "Je ne vous oublie pas...non, jamais"... Et ça, c'est Céline Dion!
P.
Commenter  J’apprécie          16937
Original et misanthrope, ce roman noir aborde, sans avoir l'air, de graves problèmes existentiels et juridiques :
- à quel âge un enfant devient-il pénalement responsable ?
- quel délai de prescription pour un infanticide ?
- où s'arrête le secret médical ?
- différence entre avorter à treize semaines et tuer un enfant de six ans ?
- le mariage est il le châtiment judiciaire capital ?

Evoquant par la richesse des thèmes abordés, « Crime et châtiment », « Trois jours et une vie » plonge son lecteur dans les affres du remords éternel …

Un chef d'oeuvre malgré la noirceur et l'antipathie suscitée par ses personnages.
Commenter  J’apprécie          1240
1999 : Beauval, petite commune du Jura, est rythmée par les petits événements, par les petites histoires anodines, par. « Les enfants qui ressemblent à leurs parents et attendent de prendre leur place ». La forêt est très présente et semble amortir, étouffer et engloutir les bruits confus des rumeurs passagères. Il ne reste rien… ou pas grand-chose à Beauval. Même le curé emprunté, peut-être même timide, n'arrive pas à convaincre ses ouailles qui se rendent à l'église une fois de temps en temps « comme on rend visite à une vieille tante ».

Antoine douze ans est victime de moqueries et n'est pas très bien vu. Il est mis à l'écart. Son père est très souvent absent. Cela suffit à faire de lui un solitaire, trainant son mal de vivre. Il construit une cabane dans la forêt de Ste Eustache, toujours accompagné d'Ulysse le chien de Monsieur et Madame Desmedt, ses voisins. « Dans le triangle père absent, mère rigide, copains éloignés, le chien Ulysse occupait évidemment une place centrale. » Rémi Desmedt, 8 ans lui tient souvent compagnie. Une voiture blesse Ulysse. Monsieur Desmedt achève ce pauvre chien, voulant éviter les frais de vétérinaire. La colère envahit Antoine. Une colère rentrée le submerge. Il se réfugie dans le bois. Tout va très vite. Rémi le rejoint. Antoine, dans un excès de folie, de rage, de chagrin, de révolte frappe Rémi avec un bâton. Il se défoule. Rémi meurt. Antoine, surpris par la tournure de l'événement, enterre le corps. En quelques minutes Antoine, la victime du début de mon billet devient un assassin.


La tempête de 1999 dévaste tout sur son passage, juste après ce meurtre. Je me suis demandé si le vent n'était pas venu au secours d'Antoine pour tenter de gommer son acte et faire diversion, car oui, au fil des pages mon empathie pour ce gamin a été titillée. Beauval, petit village coincé dans la montagne, où il ne se passe pas grand-chose, a vécu deux tremblements de terre. Un meurtre et un ouragan. Ou deux ouragans ? le vent et la colère……

Pierre Lemaître nous donne les clés dès les premières pages. « Ce n'est pas un roman policier dans la mesure où l'enjeu du livre n'est pas de savoir qui a fait le coup, mais plutôt de savoir comment quelqu'un peut vivre, peut survivre lorsqu'il a été très jeune un meurtrier » explique Pierre Lemaître aux journalistes venus l'interroger.
Je n'ai pas lu ce roman comme on lirait un policier. Il n'y a ni suspens, ni coupable à chercher. le rythme est lent comme la vie qui s'écoule dans cette petite bourgade. L'écriture est précise et les sentiments tels que l'angoisse, la culpabilité, la peur, le regret, s'infiltrent tranquillement, sans bruit, avec une seringue fine et efficace .Ce livre rassemble les radiographies du cerveau d'Antoine. Une radiographie de son cerveau en réflexion jusqu'à sa vie d'adulte.

La forêt silencieuse gardera t-elle son secret ? Antoine sera-t-il un jour apaisé ?
J'aime que la cadence des phrases colle à la réalité de l'histoire. J'aime son élan explosif pour entourer les catastrophes. J'aime le ton à peine audible dès qu'il faut retenir sa respiration. Ces conforts de lecture m'ont permis de vivre à Beauval quelques jours. Trois jours exactement. Et la vie d'Antoine j'ai fini de l' imaginer…..
J'ai lu le mot FIN après avoir assisté à une entrevue bouleversante entre Antoine devenu médecin à Beauval et un patient venu le consulter. Merci Monsieur Lemaître.


Commenter  J’apprécie          10123
Antoine, douze ans, vit seul avec sa mère rigide et adepte d'ouvrages sur l'éducation d'adolescents qu'elle assène à Antoine à coups de préceptes surfaits. Antoine, dans sa solitude, se nourrit d'amitiés avec les jeunes du coin, il aime la forêt, construire des cabanes et le chien de Monsieur Desmedt, le voisin. Quand le chien est fauché sur la route, agonisant, Monsieur Desmedt l'achève d'un coup de carabine. Ce qui signe le début de l'enfer pour Antoine qui en deviendra fou de rage.

Quelques secondes suffiront à Antoine pour commette l'imparable au prix de sa vie toute entière qu'il noiera dans la peur, l'angoisse, la culpabilité.

Ce roman divisé sur trois époques m'a semblé assez étrange et très froid. La mère d'Antoine que l'auteur nomme Mme Courtin. Est-ce pour centrer toute l'attention sur Antoine et accentuer la froideur qui se dégage de ces trois jours et une vie ?

Je n'ai pas réussi à m'attacher à Antoine, douze ans et déjà pubère comme un gosse de seize, accro à la masturbation et aux seins d'Emilie. Ça m'a semblé décalé face au jeune âge d'Antoine. Pour ce qui est de l'enfer, j'ai aussi eu du mal à me convaincre de l'empathie d'Antoine, de ses sentiments et émotions.

Il m'a manqué du Armel Job, du Franck Bouysse, de ce quelque chose qui happe et nous fait ressentir. Ici, je suis restée détachée à l'histoire. Ni Antoine ni la plume ne m'ont accrochée.
Commenter  J’apprécie          9011
Pierre Lemaitre a décroché le Goncourt.
Ça, c'est fait.
J'imagine qu'il doit être excessivement compliqué de se remettre à l'ouvrage derrière.
Effectivement, ça l'est.

Beauval 99, mauvais cru.
Une année bouchonnée, marquée par la disparition du petit Rémi Desmedt.
Accessoirement, l'on se souviendra également de celle, tragiquement cruelle, de son chien devant les yeux ébaubis d'Antoine, son modèle de voisin alors âgé de 12 ans.
Et alors, me direz-vous, quel rapport entre ces deux faits notoires ?
En considérant que le cyzzzztd aurait pu btoyss en pleine nzippst, rien d'étonnant, finalement, à ce qu'un drame ne survienne dans ces conditions.
Peux pas être plus clair.

Lemaitre délaisse ici ses polars de prédilection et ses écrits potentiellement goncourables, à même de booster et ses ventes et sa notoriété, pour s'attaquer à l'enfance.
Le passage de l'enfance à l'adolescence ne se fait jamais sans heurts.
Celui d'Antoine le taraudera chaque heure que Dieu, mais surtout le Diable, fait.
On entre rapidement dans le vif du sujet, les 280 pages du récit aidant, ou l'imposant.
Cependant il m'a manqué un je ne sais quoi pour me plonger corps et âme dans cette mouture post Goncourt.
Je n'y ai pas retrouvé la rythmique propre à l'auteur et capable de vous tenir en haleine du début à la fin.
Si les personnages sont consistants, rares sont ceux à même de susciter une empathie bienveillante.
L'auteur dépeint avec lucidité l'ambiance pesante venue plombée cette petite bourgade touchée par un tel drame.
Par contre, les légitimes mais récurrents atermoiements du gamin m'ont très rapidement lassé.

Trois Jours et une Vie est un bouquin qui se lit tout seul, avec un twist final plutôt bien trouvé, mais est, à mon sens, bien loin de la force d'évocation de son précédent récit.
Commenter  J’apprécie          897
Pierre Lemaître nous entraîne dans la vie d'Antoine.
Antoine a 12 ans et commet un geste irréparable. Accident, certes... mais meurtre quand même...
Antoine devra dorénavant vivre avec ce secret. D'ailleurs, ce secret restera-t-il secret ? Est-ce vraiment un secret ? Doit-il avouer, se rendre à la police ? le temps passe...
Mais comment vivre sereinement avec une mort sur la conscience ?
Ce roman est un cumul de questionnement. Les questionnements du narrateur, mais au-delà les questionnements du lecteur.
Antoine est un enfant, puis un adulte, pour lequel je n'ai rien ressenti, ou alors mes sentiments sont tous entremêlés. Pitié, compréhension, incompréhension... Qu'aurais-je fais à sa place de petit garçon de 12 ans ?
C'est là qu'intervient tout le talent de l'auteur. Pas de jugement. Juste une exposition de la vie d'Antoine après cet évènement. Ses peurs, ses angoisses, sa vie qui continue un peu à l'encontre de ce qu'il veut, de ce qui aurait pu être... Antoine ne maîtrise pas ses actes, il ne maîtrise pas sa vie...
L'écriture est addictive. Les pages se tournent vite, les unes après les autres ; tout comme la vie d'Antoine qui continue. Comment vivre avec un tel poids sur la conscience ?
Commenter  J’apprécie          811
C'est avec un regard neuf que j'entame ce « Trois Jours et une vie ». Je sais d'ors et déjà que Pierre Lemaitre a écrit son chef d'oeuvre avec « Au-revoir là-haut ». On ne se remet jamais tout à fait d'un livre aussi fort, j'en garde encore les images en moi. Partant donc de ce principe pour ce premier livre post-Goncourt, je me laisse ainsi guider vers Beauval, petite bourgade jurassienne, sombre histoire d'un meurtre non élucidé. Loin de la grande fresque historique, je plonge dans un petit roman oppressant et intime. J'imagine dans les cuisines l'odeur d'un poulet au vin jaune, alors que la tempête fouette le bois de Saint-Eustache. La scierie est en difficulté financière, les emplois menacés, et généralement quand on est né à Beauval, on reste généralement à Beauval. Vieil adage du terroir qui montre bien la difficulté à tourner le dos complètement à ce coin perdu où tout le monde se connait, où les petits potins dans le troquet font office de vérités, où le petit Rémi a disparu un après-midi de 1999 après avoir fait une partie de la route avec son père vers la scierie.

En fait, à Beauval, c'est le calme avant la tempête, c'est l'encéphalogramme plat tout au long de l'année, même pour le petit Rémi. Surtout pour lui, d'ailleurs. Et puis il y a Antoine, qui doute, qui a peur, qui n'oublie pas. Telle une épée de Damoclès pointée au-dessus de son coeur, il s'attend à ce qu'on lui enfonce un pieu dans le poitrail. Comme une libération. de sa souffrance et de ses péchés. Car à Beauval, on croit plus ou moins à Dieu, on va à la messe certains dimanches, prendre un petit verre de vin blanc avant, et pis une Suze-Cassis après… Moi, je n'aime pas la Suze avec ou sans cassis alors, je commande un Pastis.

La tempête efface presque tout – souviens-toi de ces maisons emportés de ces arbres déracinés -, surtout les traces, mais elle redouble surtout les peurs ; avant que le mort ne s'oublie, il peut remonter à la surface. Et de là, la crainte d'être rattrapé par la loi. Celle des hommes, celle de la justice, celle de la rumeur. Dans une contrée aussi reculée que Beauval, la rumeur est ce qui se propage le mieux, plus véloce que la fibre qui n'y a pas encore ses accès.

Plus qu'une lecture oppressante ou prenante, ce court roman est une atmosphère avant tout, et un questionnement sur ses actes – manqués ou pas. Vivre avec son passé, aussi lourd soit-il, survivre avec ses actes non prémédités. Mais jusqu'à quand. Un jour, la vérité devra sortir de ce bois. Ou pas…
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
Commenter  J’apprécie          767




Lecteurs (8626) Voir plus



Quiz Voir plus

Alex de Pierre Lemaitre : l'avez-vous lu ?

Le personnage principal est :

une femme
un homme

8 questions
671 lecteurs ont répondu
Thème : Alex de Pierre LemaitreCréer un quiz sur ce livre

{* *}