— Laissez-moi deviner... vous êtes actrice ?
Je ris, on me pose toujours cette question. Comme si une femme ne pouvait pas travailler derrière la caméra.
— Non, pas du tout, dis-je en aventurant mon regard sur son torse.
D'après les formes qu'épousait sa chemise, il avait sûrement un corps d'Apollon.
— Alors, maquilleuse ?
— Non, répondis-je en souriant, le laissant s'enfoncer.
Le festival se déroulait dans une salle de spectacle titanesque. De l'extérieur, l'architecture ultramoderne avait de quoi dépayser. Le bâtiment ressemblait à trois gros cubes emboîtés les uns dans les autres avec des vitres immensurables qui laissaient passer la lumière, et franchement, celui qui avait pour tâche de les nettoyer devait s'arracher les cheveux.
Un interminable tapis rouge nous menait jusqu'à l'entrée : un hall vertigineux éclairé de mille spots aux lumières aveuglantes.
Il y avait tellement de monde qu'il fallait piétiner pour avancer.
Monter un film, c'est comme composer une symphonie : aucune fausse note n'est permise. Chaque détail compte, chaque seconde, chaque image. Un geste trop différent d'un plan à l'autre, ou bien le ton d'un comédien à l'opposé de celui qu'il avait dans la séquence précédente, et c'est la catastrophe. Plus rien n'est cohérent. Ça demande une réelle minutie.