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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est après avoir découvert son précédent ouvrage, le Fil, que je me lance dans celui-ci.

Plaisir de lecture renouvelé.

Sophie Lemp évoque « leur séparation ». Celle de ses parents. Pudique, elle ne les raconte pas. Elle dévoile ce qui, enfant, fut ce choc de la séparation. Cette vie qui devient toute autre et cet amour morcelé.

En peu de mots, avec pudeur, elle révèle l'essentiel de cette douleur. Qui a fait d'elle cette femme. Cette écrivain au talent de vérité.

On retrouve, pour l'aider à se souvenir, les précieux carnets rédigés par sa grand-mère, évoqués dans son précédent ouvrage. Pour dater ces moments oubliés qui reviennent à la surface. Les souvenirs de l'auteur fourmillent et sont les nôtres, l'enfance étant propre à chacun d'entre nous.

Un bien beau livre encore, décidément. Sophie Lemp fait maintenant partie de ses écrivains que je vais attendre avec impatience.

Pour sa délicatesse, sa vérité, douce amère.

Pour l'enfance, et les traces que ça laisse. Indélébiles, volatiles …

Pour cette plume simple, vraie et lumineuse, gage d'un réel talent littéraire.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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A huit ans, lorsque le cocon familial se désagrège, l'univers s'écroule. Et sans doute plus violemment lorsque l'on est l'enfant unique.
Le titre est sans équivoque, il ne s'agit pas d'un réquisitoire à propos de ce qui fut l'histoire des ses parents, histoire qui leur appartient et restera volontairement scellée.

C'est le ressenti de l'enfant, condamnée à des choix impossibles, soumise à des conflits de loyautés inévitables, et culpabilisants. Lorsqu'ils « refont leur vie », le soulagement de ne plus les savoir seuls lors de ses absences fait place au regret de la routine qu'induisait l'organisation familiale revue au rythme des gardes partagées.

Rien n'a changé trente ans plus tard, si ce n'est la banalité de la situation, qui n'expose plus les enfants au regard de leurs pairs.


Exorciser ses démons en prenant la plume, c'est le but avoué du récit. Mais c'est aussi un partage délicat et pudique, des émotions complexes qui peuvent émerger lorsque volent en éclat, à une période où l'on se construit, les étais de ce qui soutient notre compréhension du monde.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Entrée dans ce livre à reculons, j'en ressors finalement assez charmée.

J'avais craint de devoir lire une nouvelle description clinique de la séparation d'un couple, thématique qui nourrit largement les fictions sur le tumulte des sentiments.
Et, heureusement, j'ai accompagné avec grand plaisir Sophie Lemp redevenue petite fille dans l'exploration de ses souvenirs d'enfance.

Elle revient sur la séparation de ses parents, non pour en décortiquer les raisons mais pour tenter de retrouver ou comprendre toutes les conséquences psychologiques sur sa propre vie. Cet angle de vue m'a rapidement interpellée, contournant l'écueil de l'introspection sentimentale ou du pathos dramatique.

C'est un récit fluide, attachant, réfléchi, face à une situation qui s'est plutôt bien passée dans les faits. Néanmoins un monde s'écroule pour l'enfant, la perception de la vie en est chamboulée, avec regrets, culpabilité, sentiment d'insécurité et angoisse de la perte. Plus surprenant, les sentiments de crainte de blesser les adultes et de désir de les protéger.

L'air de rien, on trouve ici quelques pistes de compréhension pour voir d'un oeil nouveau les cicatrices des enfants du divorce, qui souffrent souvent seuls. Un partage sensible de l'auteur avec son lecteur, qui se laisse embarquer sans difficulté dans la nostalgie des souvenirs.

Mention spéciale pour le choix parfait de cette couverture: Hopper toujours et encore merveilleux peintre du silence...

Rentrée littéraire 2017
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Un petit livre tout simple et extrêmement touchant : la narratrice évoque la séparation de ses parents lorsqu'elle était encore une jeune adolescente et la peine qu'elle ressent encore alors qu'elle est devenue adulte et qu'elle a elle-même des enfants.
« Mon enfance m'apparaît comme scindée en deux. Pourtant une séparation n'est pas une mort brutale. J'avais depuis longtemps conscience des difficultés que rencontraient mes parents et cela faisait quelques semaines qu'ils m'avaient fait part de leur décision. Je savais. Mais jusqu'à la dernière minute, j'avais espéré. »
Il y a eu un avant fait de joies, de vacances ensemble, de sorties chez des amis, de couleurs et de bruits, d'insouciance, de sérénité et de bonheur et un après, rongé par l'angoisse, le désarroi, l'incompréhension, la culpabilité, une vie plus triste et plus terne, plus seule et plus silencieuse. Entre les deux : elle, ce qui « reste » d'une certaine façon d'une union qui n'est plus, de quelque chose qui semble disparu à jamais.
Les mots choisis par l'auteur pour évoquer ce qu'elle a vécu comme un véritable déchirement portent toute sa douleur contenue, sa souffrance tue. le ton est grave. On sent à quel point son enfance fut meurtrie par cette séparation mais, et c'est là que réside, je pense, toute l'originalité de l'oeuvre, cette douleur perdure dans l'âge adulte. On se dit que le divorce, fait de société, ne devrait en aucun cas être « banalisé » : on mesure mal, en effet, le déchirement vécu par l'enfant et la plaie qu'il portera encore adulte. Parce que, nous dit Sophie Lemp, cette séparation aura un impact sur notre vie d'adulte.
« Pour ses onze ans, ma fille a voulu réunir ses grands-parents. Ils ont accepté et nous avons dîné tous ensemble. A la fin de la soirée, elle est allée chercher son Polaroïd et nous a demandé de nous installer sur le canapé. Mon père s'est retrouvé près de ma mère. Quand il l'a remarqué, il a changé de place. Il n'a rien dit, mais j'ai compris qu'il ne voulait pas être à côté d'elle. Plus tard, seule dans la cuisine, j'ai pleuré. Je n'avais plus trente-sept ans, je n'étais plus une jeune femme, je n'étais plus la mère de mes enfants. J'étais seulement la fille de mes parents et ils avaient divorcé. »
C'est avec des mots pleins de pudeur et de sensibilité que l'auteur, inconsolable, laisse entendre toute la douleur encore vive qui émane de cette plaie qui ne cicatrisera sans doute jamais et qu'elle porte chaque jour, espèce de fardeau éternel, tourment perpétuel : « … comme un jour j'ai cessé de dire mes parents, je ne dirai jamais à mes filles vos grands-parents. »
Et ce livre, peut-être, comme une dernière façon de les réunir, malgré eux.
Très, très émouvant.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Nous ignorons la raison d'être de "leur" séparation, mais ce n'est pas ce qui importe. Un récit autobiographique pudique où la naiveté de la petite fille de dix ans se mêle parfaitement à l'analyse pertinente de l'adulte que l'auteur est devenue. Qu'espère t on quand nos parents décident de ne plus s'aimer, de ne plus vivre ensemble, en famille avec leur enfant. Peut on leur en vouloir de ne plus s'aimer, se sent on moins aimée?
Une écriture tout en douceur qui nous touche et nous émeut jusqu'aux dernière lignes
SP
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Cela pourrait être une histoire somme toute assez banale, des parents se séparent, une petite fille au milieu...
L'écriture lui donne une universalité qui permet à chacun de se reconnaître dans l'une pu l'autre des émotions traversées par les personnages.

Mettre des mots sur les maux de l'enfant.
Comprendre, mieux.
Une nouvelle place à trouver.
Le déchirement de l'enfant entre les deux, toutes les conséquences sur le quotidien, mais surtout sur sa construction psychologique.

Un témoignage qui rappelle qu'une séparation n'est jamais simple ...
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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C'est grâce à la masse critique de Babélio que j'ai reçu les épreuves non corrigées de ce récit qui ne paraitra qu'en septembre.

Dans ce récit autobiographique, Sophie Lemp se penche, 28 ans après, sur la façon dont elle a vécu la séparation de ses parents.
Un samedi de janvier 1989 le monde s'écroule pour Sophie alors âgée de 10 ans, ce qu'elle redoutait le plus arrive : ses parents se séparent, elle a espéré jusqu'au bout... C'est la première douleur dont elle se souvient alors qu'elle a pourtant vécu des douleurs, des deuils dans sa famille.
Pour écrire ce texte Sophie Lemp fait remonter ses souvenirs, analyse des photos et relit les carnets que lui a laissés sa grand mère maternelle à sa mort, elle se plonge aussi dans les textes d'autres écrivains qui ont vécu la même épreuve.

Elle évoque la surprise de voir ses parents devenir à ses yeux un homme et une femme et non plus seulement ses parents, la sensation de ne pas être comme les autres car il y a peu d'enfants de divorcés autour d'elle, le sentiment de colère qui l'étreint "Je les déteste tous les deux de n'être pas capables, pour moi, de se parler.", de la culpabilité ressentie avec l'impression de trahir l'un quand elle est bien avec l'autre " Il y a toujours une part de moi près de celui avec lequel je ne suis pas" , la peur qu'ils souffrent de solitude, surtout son père, le souvenir de la douceur de la vie à trois qu'elle a bien conscience d'idéaliser, le souvenir du silence qui s'est installé de plus en plus entre ses parents et de sa volonté de petite fille de croire que tout allait s'arranger, le souvenir du dernier été passé ensemble, la perte du lien du quotidien avec son père et la nécessaire réadaptation quand chacun refait sa vie avec une nouvelle place si difficile à trouver.

J'ai été particulièrement touchée par une des dernières phrases de Sophie Lemp "Comme un jour j'ai cessé de dire "mes parents", je ne dirai jamais à mes filles "vos grands-parents"" qui évoque ainsi l'impossibilité de ses parents de tenir le rôle de grands-parents dont elle rêve. Répercussions par ricochet de leur séparation...
A aucun moment Sophie Lemp n'évoque le pourquoi de la séparation de ses parents, elle reste tout au long de son récit sur la ligne qu'elle s'est fixée : raconter comment elle a vécu cette séparation. "Ne pas chercher à être au plus près de ce qui a eu lieu mais de ce que j'ai vécu."
J'ai été touchée par ce récit pudique, intime, délicat et très sensible qui dévoile une blessure d'enfance qui ne semble toujours pas refermée. Elle montre les conséquences d'une séparation qui pourtant s'est passée dans de bonnes conditions, sans heurts.
Explorant ses ressentis de petite fille et ceux de la femme qu'elle est devenue Sophie Lemp donne à son texte une dimension universelle sans jamais tomber dans l'apitoiement.
C'est un écrit qui lui permet, comme elle le dit si bien, de réunir ses parents.

Merci à Babélio et à Allary Editions pour cette lecture en avant-première.



Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Un grand merci à Masse Critique de Babelio et aux Editions Allary pour m'avoir permis de lire ce récit avant sa publication ! Il arrive très très rarement que les éditeurs se donnent la peine d'écrire un petit message aux lecteurs comme l'ont fait Allary Editions. Double merci à eux donc !
Ce récit, que l'on suppose largement autobiographique, revient sur une douleur d'enfance, une déchirure dans le tissu rassurant formé par la présence de la mère et du père, comme dressés ensemble pour toujours servir de protection inébranlable à leur fille. A leur séparation répond celle de l'enfance brutalement fragmentée par une coupure nette en deux périodes : l'avant et l'après. En remontant le fil de cette souffrance, Sophie Lemp interroge très délicatement ce qui se joue dans une âme d'enfant lorsque père et mère se séparent, et, en écho, de quelle étoffe est tissée l'amour familial. La séparation intervient sans drame apparent, sans crises et colères violentes, et l'on pourrait penser que les résonances en sont amoindries et les conséquences plus facilement acceptables pour l'enfant. Mais il n'en est rien et c'est avec l'impression d'un déséquilibre constant que la narratrice grandit.
Sans jamais jouer de la fibre du pathos ou de la facilité, Sophie Lemp pose ses mots sur une blessure dont la profondeur et la nature restent inexprimables car souvent masquées par des banalités. Elle constate que cette douleur est irréductible à la sérénité retrouvée de ses parents, qui "refont leur vie". "Refaire sa vie" n'est-ce pas dans cette expression inadéquate et impossible que s'enracine la peine de l'enfant abrité par l'adulte ? Refaire nécessite que l'on défasse et - peut-être - une défaite. Comment articuler les souvenirs lumineux d'une enfance choyée entre ses deux parents avec l'idée d'une défaite de leur couple ? Quelle place trouver, prendre, accepter, dans une vie qui a besoin d'être "refaite" ? Avec une écriture d'une extrême subtilité, qui laisse passer toutes les émotions, Sophie Lemp tente de recoudre ce qui a été déchiré tout en sachant que la séparation est irrémédiable et que seule sa propre histoire constitue le point de réunion de ses parents.
J'ai lu "Leur séparation" sans me rendre compte tout d'abord de ses belles implications. J'en ai apprécié le ton, pudique et honnête, et la sensibilité. C'est à la fin de ma lecture, au moment d'écrire ces mots, que j'ai vraiment réalisé à quel point ce récit m'avait touchée et à quel point il prenait une dimension plus ample que ne le laisse supposer la discrétion de l'histoire. Un ouvrage à laisser infuser quelque temps, donc, pour en apprécier toutes les richesses.
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Ce court récit personnel évoque un thème plutôt banal au départ : le divorce des parents de l'auteure et la mise en place d'une garde alternée alors qu'elle n'a que dix ans. Et pourtant, nous sommes loin d'un récit banal : Sophie Lemp nous offre un témoignage touchant, sensible et même pudique sur cet événement qui a marqué à jamais son enfance mais aussi sa vie d'adulte. Pudique oui mais pour autant Sophie Lemp ne cache rien de ses sentiments et questionnements de l'époque et d'aujourd'hui : Comment trouver sa place quand les parents ne font plus le lien ? Comment ne pas choisir entre ses parents ? Comment vivre les nouvelles relations amoureuses des parents ? Dans cet acte de la séparation devenu très fréquent de nos jours, Sophie Lemp montre que cela reste – même dans les meilleures conditions possibles – une coupure personnelle, une blessure, un deuil – celui de la « famille parfaite, complète ». Il conditionne aussi sa vie d'adulte, interroge sur son couple, ses enfants.

Cependant, même si le récit est personnel, Sophie Lemp a su en faire un récit universel. En effet, n'importe quel enfant d'un couple séparé peut s'y retrouver – tout comme ceux qui ont toujours leurs deux parents ensemble mais qui ont déjà eu cette peur de la séparation.
Lien : http://www.leslecturesdumout..
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A l'occasion de la 25ème heure du Mans, une rencontre avec des auteurs, organisée par l'association "Les 68 premières fois", prévoit la présence de Sophie Lemp et j'y serai… en qualité de lectrice. Alors, il était temps de lire son nouveau roman. J'ai acheté "Leur séparation" et l'ai lu dans la foulée.

Difficile d'exprimer le trop d'émotion éprouvé à la découverte de ce tout petit livre – quatre-vingt-quinze pages de texte – qui raconte la séparation des parents de l'auteur. C'est vingt-huit ans après que Sophie Lemp trempe sa plume dans ce chagrin qu'a représenté le départ de son père, "Ce samedi matin de Janvier…". Alors que sa mère, seule, est venue la chercher à l'école, elle découvre le camion de déménagement en bas de leur immeuble.

Comme cette phrase qui de manière réservée exprime son changement de vie, tout dans le récit de la romancière sera traité avec une pudeur indicible.
A aucun moment elle ne porte de jugement sur l'un de ses parents, à aucun moment elle n'explique les raisons qui ont abouti à cette désunion, à aucun moment elle ne tape du pied ou s'emporte. Elle use de mots à la fois forts et feutrés. Elle nous fait partager sa blessure, ses douleurs enfouies, son manque de l'un et de l'autre et cette impression que "[son] enfance [lui] apparaît comme scindée en deux."

J'ai aimé la sensibilité des propos, les mots simples qui laissent toute la place à son désarroi de petite fille dont les souvenirs à trois se brisent, la manière de remonter le temps à travers les photos, symboles de bonheur passé, cette absence totale de pathos, son ressenti de femme pour laquelle manque perdure. La séparation, une cassure magnifiquement décrite, profondément vécue, où la douleur sera toujours présente et la sérénité à jamais absente "Je ne me sens plus jamais tranquille."

Maintenant que j'ai terminé ce récit, beaucoup de mots tournent dans ma tête… et je sais que dans quelques jours ils remonteront à la surface… et c'est à ce moment-là que je prendrais toute la mesure de ce très fort roman dont une phrase m'a particulièrement marquée :
"Mais, comme un jour j'ai cessé de dire mes parents, je ne dirai jamais à mes filles vos grands-parents."

Je voudrais ajouter une mention spéciale pour la très belle couverture. Cette huile d'Eward Hooper traduit à merveille – je trouve – à la fois le titre du roman et l'atmosphère qui s'en dégage.
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