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Citations sur Une enquête du commissaire Brunetti : Le cantique des i.. (40)

Du fait de sa profession, Brunetti était devenu un maitre dans l'art des silences et il était capable d'en discerner la qualité comme un chef d'orchestre distingue les timbres des diverses cordes. Il y avait les silences absolus, de vraies déclarations de guerre, après lesquels rien ne viendrait en réaction aux questions ou aux menaces. Il y avait les silences attentifs, après lesquels celui qui avait parlé mesurait l'impact de ses propos sur son auditeur. Et il y avait les silences épuisés, qu'il fallait respecter jusqu'à ce que celui qui parlait ait repris le contrôle de ses émotions.
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- Leurs parents n'en voulaient pas, fit remarquer sèchement Brunetti. C'est justement pour cela que toutes ces affaires sont arrivées."
Alvise leva une main en l'air. "Je ne parle pas de ceux qui les ont mis au monde, je parle de leurs parents, des gens qui les élèvent, qui les ont depuis (il leva encore un peu plus la voix) depuis dix huit mois. Un an et demi ! Ils commencent à marcher et à parler. On ne peut pas aller simplement comme ça les leur enlever pour les foutre dans un orphelinat. Porco Giuda, ce sont des enfants, pas des ballots de cocaïne qu'on met sous séquestre dans un placard!" Alvise claqua la table de la paume de la main et regarda son supérieur, le visage empourpré. "Dans quel pays vivons-nous, pour que des choses pareilles soient possibles ? "
Brunetti ne pouvait qu'approuver. La question d'Alvise était parfaitement fondée. Dans quel pays vivaient-ils en effet ?
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“Des rumeurs lui étaient parvenues sur des pays où existerait une presse indépendante rapportant des informations justes et où la télévision n’était pas contrôlée par un seul homme ; sa propre femme avait exprimé sa croyance en l’existence d’une telle merveille.” Surement dans le pays de Bisounours ou celui de Barbapapa!!!
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Brunetti avait lui-même participé à trop de descentes matinales pour se faire des illusions sur le degré de panique que celles-ci pouvaient provoquer. Il avait vu des criminels endurcis trahis par leurs intestins à la vue d'hommes en armes faisant brutalement et bruyamment irruption chez eux - imaginez la réaction d'un médecin, que son fils ait été adopté légalement ou non. Quant aux carabiniers, Brunetti en avait rencontré beaucoup trop qui adoraient ce genre d'assauts leur permettant d'imposer ainsi leur soudaine et terrifiante autorité, comme si Mussolini était encore au pouvoir et que personne ne pouvait y mettre le holà.
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Lorsqu'ils débouchèrent sur la Piazza, l'inspecteur, qui paraissait ne pas avoir fait attention aux touristes, reprit la parole : "Toute la planète est devenue folle tellement elle a peur de la grippe aviaire, et nous, nous avons plus de pigeons que de gens.
- Pardon ? dit Brunetti, qui méditait encore sur les touristes.
- J'ai lu ça dans le journal il y a deux jours. Nous sommes environ soixante mille habitants, alors que la population actuelle des pigeons - enfin, d'après ce que racontait l'article, ce qui n'est pas forcément pareil - dépasse les cent mille.
- Ce n'est pas possible ! " s'exclama Brunetti, soudain dégoûté à cette idée. Puis, plus calmement, il demanda : " Qui peut donc les compter, au fait, et comment s'y prend-on ? "
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La nuit explosa. La porte d’entrée s’ouvrit avec fracas et alla heurter le mur, la poignée entamant le revêtement de plâtre. Un homme s’engouffra dans l’appartement. Il portait un passe-montagne, une tenue qui ressemblait à un uniforme camouflé et de lourdes bottes ; il tenait une mitraillette à la main. Un autre homme, masqué et dans le même accoutrement, était sur ses talons. Ils furent suivis d’un troisième homme en uniforme sombre mais non masqué. Deux autres personnages, également en uniforme sombre, restèrent à l’extérieur.
Les deux hommes masqués traversèrent le séjour en courant et s’engagèrent dans le couloir desservant les chambres. L’homme au visage découvert les suivit, mais plus précautionneusement. L’un des hommes masqués ouvrit la première porte qu’il vit, constata que c’était la salle de bains, ne referma pas et se dirigea vers une autre porte laissée entrouverte. Il vit le berceau, les mobiles qui tournaient lentement dans un léger courant d’air.
« Il est là », lança l’homme, sans chercher à parler à voix basse.
Le deuxième homme masqué s’approcha de la porte en face. Tenant toujours sa mitraillette, il se précipita à l’intérieur, son acolyte sur les talons. Les deux personnes couchées là se redressèrent brusquement, réveillées par le bruit et la lumière du couloir, car le personnage au visage découvert venait d’allumer avant d’entrer dans la chambre où dormait le bébé.
La femme hurla et tira les draps devant sa poitrine. Le dottor Pedrolli bondit si vivement du lit que le premier intrus fut pris par surprise. Avant qu’il ait le temps de réagir, l’homme nu fut sur lui ; un poing s’écrasa sur sa tête, un deuxième sur son nez. L’intrus hurla de douleur et s’effondra, tandis que Pedrolli criait à sa femme : « Appelle la police ! Appelle la police ! »
Le deuxième intrus masqué brandit son arme et la braqua sur Pedrolli. Il prononça quelques paroles, mais le passe-montagne étouffa ses mots et personne n’aurait pu comprendre ce qu’il avait dit. De toute façon, Pedrolli était au-delà de tout appel à la raison et se précipita, mains en avant, pour attaquer. L’intrus masqué réagit instinctivement, tourna son arme et porta un coup de crosse au-dessus de l’oreille gauche à la tête de son assaillant.
La femme hurla et, de la chambre voisine, lui répondirent les pleurs du bébé – ces pleurs pleins de panique que poussent les tout jeunes enfants. Elle repoussa les couvertures et, poussée par l’instinct, n’ayant plus conscience de sa nudité, elle courut vers la porte.
Elle s’arrêta brusquement : l’homme au visage découvert venait de s’encadrer dans le chambranle, lui barrant le passage. Elle cacha ses seins de ses bras en un geste qu’elle n’eut même pas conscience de faire. Voyant la scène, le nouveau venu s’approcha vivement de l’homme armé qui tenait en joue le médecin immobile gisant à ses pieds. « Espèce d’imbécile ! » lui dit-il en l’agrippant par l’épais tissu de sa veste. Lui faisant décrire un brusque demi-cercle, il le repoussa sèchement. Puis il se tourna vers la femme et leva les mains, paumes ouvertes vers elle. « Le bébé va bien, signora. Il ne lui arrivera rien. »
Pétrifiée sur place, elle était incapable de crier.
La tension fut rompue par l’homme masqué allongé sur le sol qui gémit et se remit laborieusement debout, comme s’il était ivre. Il porta une main gantée à son nez et, lorsqu’il l’examina, parut choqué à la vue de son sang. « Il m’a cassé le nez », marmonna-t-il d’une voix étouffée. Sur quoi il retira son passe-montagne et le laissa tomber au sol. Le sang continuait à couler de son nez et gouttait sur le devant de son gilet. Lorsqu’il se tourna vers celui qui paraissait être leur chef, la femme vit alors le mot cousu en lettres fluo dans le dos de son gilet pare-balles.
« Les carabiniers ? demanda-t-elle, sa voix à peine audible à cause des cris incessants du bébé.
– Oui, signora. Les carabiniers », répondit l’homme qui lui avait déjà adressé la parole. « Ne saviez-vous pas que nous allions venir ? » ajouta-t-il avec quelque chose de proche de la sympathie dans sa voix.
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En tant que pédiatre, il avait un accès privilégié à des enfants et, grâce à eux, à leurs parents ; peut-être même à des parents voulant d’autres enfants, voire à des parents susceptibles de se laisser persuader de se séparer d’un enfant non désiré.
Il pouvait aussi avoir accès à des orphelinats : les enfants qui s’y trouvaient placés avaient forcément autant besoin – sinon davantage – des services d’un médecin que des enfants vivant avec leurs parents. Vianello, savait-il, avait grandi au milieu de petits orphelins, car sa mère avait recueilli ceux d’une amie pour éviter qu’ils ne soient placés dans un orphelinat, terreur atavique des gens de cette génération. Les choses devaient certainement être différentes aujourd’hui, avec les services sociaux et les psychologues. Brunetti devait cependant reconnaître qu’il ne savait même pas combien d’orphelinats existaient encore dans le pays, ni même où un seul d’entre eux se trouvait.
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Certains quand ils sont riches, s'offrent des équipes de football; d'autres, une nouvelle femme ou font faire un ravalement de façade à celle qu'ils ont; d'autres encore financent un hôpital ou une galerie d'art. Le malheur de Brunetti voulait qu'il fût dans un pays où les riches fondaient des partis politiques.
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Il était trop préoccupé par ces réflexions, en franchissant le Rialto, pour penser à regarder la vue ; il se dépêcha de redescendre du pont pour aller emprunter la Calle de la Bissa. Pourquoi avoir eu besoin de cinq hommes ? Comment s’étaient-ils rendus sur place ? Ils avaient forcément eu besoin d’un bateau, et sous quelle autorité avaient-ils agi pour conduire une telle opération dans la ville ? Qui en avait été informé ? Et si un avis officiel avait été émis, comment se faisait-il qu’il n’en ait rien su ?
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- Ses pupilles ne de dilataient pas, et il avait du mal à déplacer son pied gauche. J'ai donc estimé qu'il valait mieux qu'il soit vu par un quelqu'un en neurologie.
Sans bouger de place, le capitaine prit alors la parole pour la première fois.
- Est-ce qu'on aurait pas pu attendre un peu, dottoressa ? Ne me dites pas qu'il faut tirer un médecin de son lit simplement parce qu'un homme a été frappé à la tête, si ?
Le jeune femme se tourna vers le capitaine et, à l'expression qu'elle arbora, Brunetti s'attendit à qu'elle lui envoie une réplique bien sentie. Mais c'est sur un ton parfaitement égal qu'elle répondit.
- J'ai jugé que c'était plus prudent, capitaine, étant donné qu'il paraissait s'être cogné la tête contre la crosse d'un fusil.
.../...
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