Je croyais apprécier
Donna Leon, en fait c'est Brunetti, sa vision de la vie, sa petite famille, sa simplicité, ses goûts culinaires, sa connaissance de Venise et des vénitiens, que j'apprécie.
Parce que les cent premières pages de ce livre sont, à l'instar des Joyaux du paradis, un petit plaisir que l'auteure, grande amatrice d'opéra, s'offre pour son plaisir, et sans doute celui de mélomanes, mais qui restent d'assez peu d'intérêt, pour qui ne partage pas son enthousiasme pour ce genre musical.
La suite évolue un peu vers le policier, lorsque, incident par incident, on s'aperçoit que Flavia, cantatrice célèbre, déjà croisée dans
Mort à la Fenice, est victime d'un ou d'une fan qui lui expédie des tombereaux de roses jaunes et multiplie les preuves de sa présence autour de la vedette.
Pour autant, c'est un Brunetti, il ne faut pas en attendre un enchaînement de scènes d'actions. Tout cela est plus calme, plus feutré. D'autant que Brunetti vieillit, il a des moments de vide et puis il repart. La questure, sous l'emprise de Patta et du lieutenant Scarpa, reste un sac de noeuds, où heureusement la signorina Elettra et le sympathique Vianello continuent de soutenir l'intègre Brunetti.
Donna Leon a voulu ici concilier tout à la fois ses fidèles lecteurs, ceux qui se régalent de ces personnages typés issus de la vie quotidienne italienne, et son amour de la musique. A tel point, qu'en de nombreux moments, notamment sur la fin, on a l'impression qu'elle pallie par l'écrit son envie de mettre en scène un opéra, en choisir les décors, les solistes et guider leur jeu.
Certains critiques adulent cette façon de faire, je suis plus perplexe.
Donna Leon a fait mieux, sur des sujets plus simples.