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Critique de belcantoeu


«Le Fauteuil hanté» tient à la fois du roman policier classique et du Labiche irrévérencieux avec une satire très drôle des vieux savants de l'Académie. le fauteuil en question est celui qu'y occupait Mgr d'Abbeville. Son successeur, le poète Jean Mortimar meurt en plein discours d'intronisation sans que l'autopsie ne décèle rien de suspect. On découvre quand même qu'il avait reçu une mystérieuse lettre où cet auteur des «Parfums tragiques» a pu lire «Les parfums sont parfois plus tragiques qu'on ne pense». Une seconde élection voit le même scénario se reproduire avec la capitaine de vaisseau Maxime d'Aulnay. Il venait de dire qu'il ne craignait pas la mort quand il tombe foudroyé. La mort en plein discours ne semble pas suspecte, mais à nouveau une lettre fait allusion à son oeuvre majeure, «Voyage autour de la cabine» : «Il est des voyages plus dangereux que ceux que l'on fait autour de sa cabine». L'autopsie ne révèle pourtant rien d'anormal, comme pour Mortimar, rupture d'anévrisme. La coïncidence frappe quand même Babette, la gouvernante d'un troisième candidat au même fauteuil, qui s'écrie «On ne meurt pas comme ça, tout d'un coup, au même endroit, en disant quasi les mêmes paroles, à quelques semaines de distance, sans que ça ait été préparé». Coïncidence ou pas? le mystère demeure, mais la presse commence à parler du «fauteuil hanté» et une certaine panique s'installe. Finalement, un candidat courageux surgit quand même, le musicologue Martin Latouche, dans la rue duquel passe et repasse un mystérieux joueur d'orgue de barbarie qui ne quitte pas la rue mais disparaît quand on le cherche. le jour où Latouche doit prononcer son discours, la foule curieuse est tellement dense qu'elle déborde sur les quais et empêche toute circulation, toutes les rues avoisinant l'Académie étant bloquées. Il meurt avant même d'arriver, et on découvre qu'il a acheté l'orgue de barbarie dont le vendeur a disparu. le chapitre VI s'intitule même «La Chanson qui tue». On découvre aussi que les trois morts se réunissaient, mais pourquoi? On soupçonne une vengeance de Sâr Eliphas de Saint-Elme de Taillebourg de la Nox (je vous avais dit qu'il y a du Labiche), de son vrai nom, M. Borigo, ancien vendeur d'huile d'olive (puis de peaux de lapin), candidat malheureux à l'élection au même fauteuil, et qui a disparu juste après ces épisodes tragiques. Il est l'auteur de «Chirurgie de l'âme», et surtout, il aurait dit à quelqu'un à propos du fauteuil de Mgr d'Abbeville: «Malheur à ceux qui auront voulu s'y asseoir avant moi». Les meilleurs reporters lancés sur sa trace sont revenus bredouille.
On parle alors d'un mystérieux «Secret de Toth» qui permettrait de tuer par l'odorat, par la vue ou par l'ouïe avec des moyens inconnus, or les trois écrivains traitaient de parfum, de voyage et de musique.
L'orgue de barbarie est confié pour expertise à un antiquaire-brocanteur, M. Lalouette, qui tente en vain d'obtenir des informations sur ce secret de Toth (d'ailleurs, existe-t-il ?) chez un étrange académicien égyptologue, M. Loustalot, chez qui il semble se passer des choses.
Pendant ce temps, le secrétaire perpétuel de l'Académie désespère. «L'immortalité était bien malade... On pourrait prévoir le moment où le recrutement de l'immortalité deviendrait quasi impossible». Plus personne n'ose se présenter à l'Académie dont le nombre de membres diminue, jusqu'au jour béni où le brocanteur-antiquaire pose sa candidature dans une missive où il se dit homme de lettres. Immédiatement, une délégation enthousiaste de l'Académie se rend chez lui, et s'étonne de retrouver un homme de lettres dans une arrière-boutique de brocanteur. Nos académiciens inquiets s'enquièrent à tout hasard de ses oeuvres littéraires, même si vu les circonstances, on ne peut pas être trop exigeant. Il a écrit un livre sur les encadrements et un autre sur la signature des peintres, et a reçu une lettre de félicitations du prince de Condé (Exclamations, c'est plus que suffisant). de plus, il corrige avec autorité les académiciens sur la signification de plusieurs mots comme abaque et abajoue, dominant son public ébahi. Il leur parle comme un savant et les conquiert par son érudition. Son élection est assurée. Mais il veut confier quelque chose en privé au secrétaire-perpétuel. C'est qu'il ne sait pas lire, et devra apprendre son discours par coeur. Ses ouvrages, il les a dictés à sa femme. Perplexité du secrétaire-perpétuel ; «Voilà enfin un candidat et il ne sait pas lire. Un académicien qui ne sait pas lire ! Il fait l'affaire, il fait tout à fait l'affaire, mais il ne sait pas lire. Ah mon Dieu que c'est embêtant, embêtant, embêtant»! Pour préparer son élection, son épouse lui lit le Larousse, et comme il a une bonne mémoire, il a retenu en détail les explications des mots abaque et abajoue, mais il n'en est qu'au début de la lettre A. le jour tant attendu, le public est anxieux, mais le discours se passe merveilleusement bien sous les acclamations du public, qui éclate même de rire quand Lalouette dit en tournant les pages de son discours qu'il ne sait pas lire.
Nous ne sommes qu'à la moitié du roman, et le nouvel académicien va maintenant reprendre les habits de Rouletabille pour dénouer patiemment les fils de l'intrigue.
Le livre est moins connu que le Mystère de la chambre jaune, mais est très divertissant
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