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Citations sur Hölderlin - Les Cahiers de l'Herne (18)

Fête de la paix
4/ Et j’aimerais en inviter plus d’un …



Et j’aimerais en inviter plus d’un, mais, oh, toi
Qu’inclinait vers les hommes ta sévère bonté,
Qui là-bas sous les palmiers syriens,
Aimais non loin de la ville être près de la fontaine ;
Le champ de blé bruissait autour de toi, l’ombre fraîche respirait
Silencieuse sous la montagne consacrée,
Et la nuée fidèle, les chers amis,
T’adombraient eux aussi, pour que ta sainte lumière, l’audacieuse
Parvînt doucement par les déserts jusqu’aux hommes, ô Jüngling.
Mais, hélas, plus sombre encore fut la destinée mortelle qui coupa
     ta parole.
Tranchant terriblement ta vie. Ainsi périt
Si tôt tout ce qui est céleste ; mais ce n’est pas en vain.



/ Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Fête de la paix
3/Il n’est pas d’aujourd’hui…



Il n’est pas d’aujourd’hui, pourtant, il nous est annoncé ;
Et ceux qui n’ont pas craint les flammes ni les eaux
Ne sont pas, maintenant que le calme est venu, étonnés vainement,
     maintenant
Qu’il n’est plus chez les hommes, ni dans les esprits de domination
     visible.
C’est-à-dire que maintenant seulement ils entendent
L’ouvrage qui depuis longtemps prépare, du matin vers le soir,
Car l’écho du tonneur, l’orage millénaire, démesurément
Gronde et s’éteint, se perd et va dormir
Dans l’abîme, couvert par les bruits de la paix.
Mais vous, jours d’innocence, qui êtes devenus si chers,
Vous nous portez aussi aujourd’hui, mes bien-aimés, la fête, et l’esprit
Resplendit alentour, vespéral, dans ce silence ;
Et quand bien même mes boucles
Seraient grises d’argent, mes amis, il faudrait que je vous conseille
De ne pas oublier couronnes ni repas, vous qu’orne comme une
     jeunesse éternelle.



/ Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Fête de la paix
2/Et l’œil crépusculeux…



Et l’œil crépusculeux il me semble déjà
Que souriant de l’œuvre rigoureux du jour
Je le vois en personne, le prince de la fête.
Mais bien que tu te plaises à renier ton étrange pays
Et que, comme harassé de la longue campagne héroïque,
Tu baisses, oublieux, l’œil, voilé d’ombre légère,
Et prennes aspect d’ami, toi que chacun connaît, cette
     grandeur
Pourtant me plie presque le genou. Je ne sais devant toi
Rien, sinon cette chose : tu n’es rien de mortel.
Un Sage peut m’éclairer bien des points ; mais quand, de plus
C’est un Dieu qui nous apparaît,
Il s’agit d’une autre clarté.



/ Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Fête de la paix
1/C’est une salle…



C’est une salle emplie de musiques célestes, dont les échos tranquilles,
Qui vont paisiblement et viennent, se répondent,
Où l’air circule, une salle d’ancienne facture
Habitée de bonheur ; le nuage de joie
Va parfumant les verts tapis et les tables dressées,
Resplendissent très loin, chargées de fruits très murs et de calices
     adornés d’or,
Bien alignées en rangées magnifiques, montent
De chaque côté au-dessus
Du sol aplani.
Car venus de très loin,
Ici, pour l’heure du soir,
Se sont conviés des hôtes animés d’amour.



/ Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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En bleu adorable


Extrait 4

Que quelqu’un voie dans le miroir, un homme,
Voie son image alors, comme peinte, elle ressemble
À un tel homme. L’image de l’homme a des yeux, mais
La lune, elle, de la lumière. Le roi Œdipe a un
Œil en trop, peut-être. Ces douleurs, et
D’un homme tel, ont l’air indescriptibles,
Inexprimables, indicibles. Lorsque la pièce

A pu produire une chose pareille, du coup la voilà. Mais
De moi, maintenant, qu’advient-il, que je songe à toi ?
Comme des ruisseaux m’emportent la fin de quelque chose, là,
Et qui se déploie comme l’Asie. Cette douleur,
Naturellement, Œdipe la connaît. Pour cela, oui, naturellement.
Hercule a-t-il aussi souffert, lui ?
Certes. Les Dioscures dans leur amitié n’ont-ils pas,
Eux, supporté aussi une douleur ? Oui,
Lutter, comme Hercule, avec Dieu, c’est là une douleur. Mais
Être de ce qui ne meurt pas, et que la vie jalouse,
Est aussi une douleur.
Douleur aussi, cependant, lorsque l’été
Un homme est couvert de rousseurs —
Être de la tête aux pieds couvert de maintes taches ! Tel
Est le travail du beau soleil ; car
Il appelle toute chose à sa fin. Jeunes, il éclaire la route aux vivants,
Du charme de ses rayons, comme avec des roses.
Telles douleurs, elles paraissent, qu’Œdipe a supportées,
D’un homme, le pauvre, qui se plaint de quelque chose.
Fils de Laïus, pauvre étranger en Grèce !
Vivre est une mort, et la mort est aussi une vie.


/Traduit de l’allemand par André du Bouchet
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En bleu adorable


Extrait 3

Est-il sur la terre une mesure ? Il n’en est
Aucune. Jamais monde
Du Créateur n’a suspendu le cours du tonnerre.
Elle-même, une fleur est belle, parce qu’elle
Fleurit sous le soleil. Souvent l’œil
Trouve en cette vie des créatures
Qui seraient bien plus belles, encore, à nommer
Que les fleurs. Oh ! comme je le sais ! Car
À saigner de son corps, et au cœur même, de n’être plus
Entier, Dieu a-t-il plaisir ?
Mais l’âme doit
Demeurer, je le crois, pure, sinon, de la Toute-Puissance avec ses ailes
approchera
L’aigle, avec la louange de son chant
Et la voix de tant d’oiseaux. C’est
L’essence, c’est la forme de l’être.
Joli ruisseau, touchant quand tu parais
Et que tu roules, clair comme
L’œil de la Divinité, par la Voie Lactée,
Comme je te connais ! Des larmes, cependant,
Sourdent de l’œil. Une vie allègre, je la vois dans les formes mêmes
De la création alentour de moi fleurir, car
Sans erreur je la compare à des colombes seules
Parmi les tombes. Le rire,
On le dirait, m’afflige cependant, des hommes,
Car j’ai un cœur.
Voudrais-je être une comète ? je le crois. Parce qu’elles ont
La rapidité de l’oiseau ; elles fleurissent de feu,
Et sont dans leur pureté pareilles à l’enfant. Souhaiter un bien plus grand,
La nature de l’homme ne peut en présumer.
L’allégresse d’une telle retenue mérite elle aussi d’être louée
Par l’Esprit, sévère, qui d’entre
Les trois colonnes souffle, du jardin.
Une fille aimable doit couronner son front
De fleur de myrte, parce qu’elle est simple
Par essence, et, de sentiments.
Mais les myrtes sont en Grèce.


/Traduit de l’allemand par André du Bouchet
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Les textes ici rassemblés entendent bien prendre acte de cette situation nationale, sans nullement prétendre faire le bilan d’un demi-siècle d’études ou plus généralement de réception holderliniennes. Si nous avons voulu présenter un large éventail de traductions différentes, certaines anciennes et d’autres toutes récentes, c’est naturellement pour souligner la diversité - légitime et nécessaire - des lectures et des approches.
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Holderlin et la France : il s’agit là certainement d’une conjonction singulière et privilégiée. Non pas seulement en raison du bref séjour à Bordeaux, d’un premier voyage assez énigmatique à travers la France et du dramatique retour, marqué par les signes de l’égarement. Sans doute la France représente-t-elle, dans la constellation holderlinienne, réelle et imaginaire, historique et géographique, une instance décisive, puisqu’elle constitue comme la lointaine possibilité d’une expérience de la Grèce.
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