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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'histoire : Narrée à la première personne, c'est celle de douze heures dans la vie de Hichem, dont le lecteur n'apprend le prénom que par mégarde, parce que dans le milieu où il travaille, mieux vaut en dévoiler le moins possible. D'ailleurs, il n'enlève sa cagoule que quelques minutes de temps en temps, pour avaler un « grec », ou respirer entre deux clients. C'est qu'il n'a pas beaucoup de temps, ça se bouscule dans cette cage d'escalier où il taffe en compagnie de son binôme, Rachid, de midi à minuit ; entre la mère de famille éreintée qui vient chercher un peu de réconfort dans quelques grammes de weed, ou le costar-cravate stressé qui a besoin de son 10-grammes pour tenir, on voit défiler toute une galerie de personnages extrêmement variée, bien loin du cliché du jeune zonard dans les vapes toute la journée. D'ailleurs Hichem lui-même est bien loin de l'image qu'on se fait du dealer « lambda » de banlieue parisienne, il vient d'une famille unie, ses deux parents ont un emploi qualifié, ses soeurs sont étudiantes et lui-même a bien l'intention de quitter au plus vite le « rainté ». Même s'il est bien conscient que ce n'est pas la partie la plus facile...Seulement voilà, pour l'instant il est dedans, il lui faut de l'argent (entre autre pour gâter sa petite amie!), et il nous raconte son quotidien comme si nous étions en face de lui, sans s'excuser, mais en étant conscient des dégâts éventuels que pourraient causer ses « produits ». Il nous dévoile toute l'organisation de l'entreprise, sa hiérarchie, les « petits » qui guettent et préviennent, ravitaillent le bicrave quand le produit vient à manquer, les « grands » qui gèrent le stock et ramassent la caisse en fin de journée.
Justement aujourd'hui, un de ces « grands » va faire appel à Hichem et Rachid pour une mission un peu particulière...et la journée va prendre une autre tournure.

Mon avis : j'ai lu ce récit d'une traite, même si les premières pages ont été assez difficiles à cause du vocabulaire typique des dealers urbains, dont je ne maîtrise pas toutes les subtilités. Il y a un petit lexique à la fin, mais comme d'habitude je ne l'ai remarqué qu'après ma lecture ! J'étais d'abord assez dubitative, m'attendant à une série de clichés, mais très vite la personnalité d'Hichem m'a plu, d'ailleurs le titre est très adapté à mon avis. Il n'est même pas con du tout ce jeune, son seul tort est d'avoir cédé comme tant d'autres aux sirènes de l'argent vite gagné (mais pas « facile », comme l'imaginent encore beaucoup trop de bien-pensants qui ne voient pas plus loin que leur vie bien réglée). Je trouve son analyse sociologique des clients et de son entourage très pertinente, il ferait certainement un excellent vendeur dans d'autres domaines aussi. J'ai aimé ses questionnements sur son avenir, celui de ses copains, ce que ressentiraient les membres de sa famille s'ils savaient à quoi il occupe son temps libre. Je n'ai pas du tout ressenti comme artificielle cette narration au style si direct, ça coule tout seul, on a vraiment l'impression de tenir une conversation en face à face avec ce jeune homme qui partage tout de go ses sentiments, ses craintes, ses envies aussi avec nous.
Le format court est bien adapté, le récit se déroule sur 12 heures sans temps mort, pas de délayage, d'ailleurs dans les moments où Hichem s'égare un peu dans ses pensées, il est très vite rappelé au concret par le sifflet annonçant un nouveau client.
On ne s'ennuie pas, il se passe tout le temps quelque chose dans l'immeuble ou un peu plus loin dans le quartier, les flics qui font une descente, les copains qu'on va voir en vitesse pour une pause-expresse, et la fameuse « mission » qui se rapproche et fait monter la tension.
Bien sûr ce roman ne plaira pas à tout le monde, son public se restreindra sans doute aux grands ados ou jeunes adultes sensibles aux thématiques du deal, de la vie dans les cités. Mais je crois qu'il pourrait intéresser aussi les adultes comme moi qui côtoient beaucoup de jeunes à titre professionnel, et qu'il pourrait contribuer à déconstruire certains à-priori sur ce monde marginal, et élargir un peu notre vision réduite sur le sujet délicat de ces jeunes qui certes vendent des produits nocifs, mais ne sont pas tous de simples délinquants sans cervelle.
(Lu dans le cadre du comité de lecture ado de décembre 2023)
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« Midi-minuit. Les horaires du rainté. 365 jours par an, depuis un bail. Enfin, depuis 2000, peut-être ? Je sais pas, j'étais tout petit, je dealais pas, moi. Mais les anciens disent que le tournant date de cette époque-là. Avant, ça marchait plus à cool, pépère. Un seul point de vente, des heures fluctuantes, moins d'organisation. L'artisanat français, le vrai ! Aujourd'hui, en 2021, c'est carrément une PME qui carbure.
Alors, c'est parti pour un midi-minuit, t'es prêt ?
Le midi-minuit de ma vie.
Celui qui va tout faire basculer. »

La voix s'impose d'emblée, franche et directe, celle d'un jeune homme au seuil de l'âge adulte embarqué (provisoirement) dans un commerce lucratif mais risqué. Dès que le charbon et les clients qui défilent lui en laissent le temps, il nous explique sans façon la marchandise et les stratégies commerciales, le recrutement des petits pour fouiller les étages et organiser le ravitaillement et les grands qui embauchent « sans discrimination » mais avec lesquels on ne plaisante pas.

Le narrateur garde sa cagoule mais au fil des pages, on découvre néanmoins un type pas trop con, attaché à sa famille et à Leïla, soucieux de parer nos préjugés : non, leur cage d'escalier ne sent pas la pisse, il n'est pas un « paumé de la vie », ses parents lui ont inculqué des valeurs et il est conscient qu'« il n'y a que trois issues : percer et se barrer d'ici (pas la plus fréquente), la mort ou la prison » et ne compte donc pas s'éterniser. Il ne s'agit pas de décevoir ses proches !

Sans jugement, ce roman met en lumière la brutalité du monde des tours et de la drogue, les dilemmes des jeunes qui y vivent et les illusions dans lesquelles il est si risqué pour eux de se bercer.

Les mots de ce court roman m'ont percutée. Je ne sais pas comment Quentin Leseigneur s'y est pris pour composer cette voix lucide et sincère, tour à tour gagnée par l'espoir, les doutes et la peur. Mais cette langue scandée qui rend hommage à l'argot, au verlan et aux langues des cités sonne juste comme les dialogues des séries The Wire et Validé. Sa puissance, combinée à la densité de l'intrigue, concentrée en un midi-minuit, m'a laissée estomaquée.

Un roman coup de poing !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Hichem a dix-huit ans, il vit avec ses parents, son père boucher dans le centre-ville et sa mère secrétaire à La Défense, ses deux soeurs, Rania, vingt-trois ans, en master de psychologie, Lina, vingt-et-un ans, en BTS de banque à Boulogne, et un petit frère, Ahmad, quinze ans, en seconde au lycée. Il travaille de midi à minuit en binôme avec Rachid à vendre de la drogue sur un palier d'escalier dans une cité d'Ile-de-France. Un soir, le gérant du trafic de drogue de la cité, leur demande d'intervenir auprès d'un gamin, Djibril, le frère de Saidou, qui détourne une partie des recettes.


Quentin Leseigneur est né en 1990 à Rennes.Il est enseignant et vit aujourd'hui à Paris. Baigné dans les livres durant son enfance, il s'essaie rapidement à l'écriture de différentes manières : petites histoires pour lui-même, mémoire universitaire, journal régional ou site sportif. Imprégné de cinéma, de musique, de séries, son ambition est de plonger le lecteur au sein d'univers vivants via une écriture incisive et ciselée. Après Dans l' impasse paru en autoédition, Dix-huit ans, pas trop con chez Sarbacane est son premier roman. - source : éditions Sarbacane


Douze heures dans la vie d'un jeune des cités. le thème n'est pas nouveau dans la littérature adolescente, nous pensons immédiatement à Guillaume Guéraud notamment. Et cependant, ce texte de la collection Beau & court nous prend à la gorge. Quentin Leseigneur a travaillé sur un exercice de style impressionnant, il donne voix à un jeune des cités avec sa langue et son vocabulaire ; au début, l'exercice peut justement paraître artificiel : n'est-il pas vain de vouloir retranscrire le langage des jeunes, et des jeunes des cités, nécessairement éphémère et souvent démodé au moment même où il apparaît en littérature ? Il y a une cohérence à décrire le quotidien d'un jeune héros avec ses propres mots à propos de l'organisation du trafic, sa famille, ses amis, sa copine… et dans ce langage familier, Quentin Leseigneur nous émeut par ces confidences d'un seule voix, d'un seul souffle décrivant la fatalité d'une vie ordinaire.
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Salut Hichem,

A l'heure où je t'écris, ça chauffe en France et ça brûle dans les quartiers. Alors c'est dire si ton histoire fait écho à l'actualité.
J'ai bien lu le récit que tu fais vivre à ton lecteur au sujet de cette froide journée de novembre où tu as fait le "bicrave" (heureusement que ton concepteur a mis un lexique explicatif en fin de bouquin pour m'aider à comprendre le monde de la drogue). Ton récit dure une journée. Midi-minuit. Tu es avec ton pote Rachid. Tu nous expliques que ton "job" actuel, c'est provisoire. le temps de savoir ce que tu veux faire comme étude après ton bac general en poche. "18 ans, pas trop con", c'est toi-meme qui le dis. Mais tu ne t'attendais certainement pas à ce que ta journée se déroule comme ça. On l'a vécue en meme temps que toi, cette journée. Et je t'avoue que je stressais avec et pour toi au fur et à mesure qu'elle avançait. Tu en as d'ailleurs profité pour nous livrer différentes réflexions sur ta vie, ta famille et ta copine qui ne savent absolument pas que tu occupes tes journées comme ça. Sur ton avenir aussi. Ton surnom, c'est "le philosophe", c'est ça ? Tu t'es interrogé sur le sens de ta journée. Tu ne t'attendais certainement pas à ce qu'elle prenne cette tournure. Moi non plus, mais en même temps, je ne suis pas surprise. On emploie souvent l'expression "argent facile" pour parler de cette activité. A tort. "Argent rapide", oui. Mais certainement pas facile.
J'espère que ton récit aidera d'autres jeunes à faire la différence. Et à choisir une autre voie.
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Une bonne lecture.

Je ne sais si j'ai vraiment aimé ou pas. Mais l'histoire en elle-même est intéressante. Ce que je n'ai pas aimé est la façon dont l'histoire est décrite, c'est-à-dire que le narrateur raconte le moment présent et le passer en présentant certains personnages. C'est peu étrange et on se perd donc assez facilement.

Sinon, je trouve que c'est une lecture reposante et calme.

Ce livre est à lire si vous aimez les histoires avec de la drogue, les livres court et facile à lire.
Je recommande.
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Coup de poing dans le ventre pour ce premier roman

Une écriture orale et incisive. Un héros qui nous happe dans son quotidien, de midi à minuit, dans les escaliers d'un immeuble de banlieue. Un jeune dealer d'abord anonyme, cagoule et langage codé, mais qui se révèle quand même au fil des pages, qui fait tomber le masque. Des bribes sur sa famille, son histoire d'amour, ses rêves d'ailleurs, tout en détaillant ses deals, son rôle dans un trafic de drogue organisé. Assez pour qu'on s'y attache, malgré ce qu'il est, ce qu'il fait. Et l'étau qui se referme, cette hydre qui ne laisse aucun hasard, aucune chance.

Cette collection "Beau et court" aux éditions Sarbacane n'emprunte jamais le chemin de la facilité des sujets, ne fait pas mille détours pour atteindre sa cible, ne réduit pas l'intensité de l'écriture sous prétexte de tenir en 160p.

Et ce dernier roman en est encore un parfait exemple. le héros n'emprunte pas que deux ou trois expressions au langage des cités pour faire couleur locale, il incarne cette cité gangrénée par les stupéfiants. (il y a un lexique, on est sauvés). La peinture sociétale côtoie les hauts et bas de l'émotion. Les actes condamnables n'empêchent pas les rêves de rédemption.

On aimerait apercevoir une lueur dans ce tunnel...mais minuit arrive irrémédiablement.

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Roman coup de poing.
Hichem nous raconte son quotidien de petit dealer dans la cage d'escalier d'un immeuble de sa cité.
Se retrouver dans le quotidien d'un adolescent qui fait le choix d'arrêter le lycée et de revendre du cannabis de l'argent rapide mais pas si facile.
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J'ai lu ce livre en deux petites heures mais sa lecture me hante encore trois jours après. C'est un récit à la première personne, d'un jeune dealer. Loin des clichés de BFM, Hichem grandit dans une famille aimante, n'était pas mauvais à l'école et a même eu son bac, vit une jolie histoire d'amour avec une jeune fille. Mais il ne sait pas trop quoi faire de sa vie et en attendant de trouver sa voie, il vend de la drogue dans une cage d'escalier (propre). Il n'est évidemment qu'un petit maillon de la chaîne et, pendant l'après-midi qu'il nous raconte, tout va basculer.
Je ne saurais dire si ce récit est crédible, autant dans le style de langage très urbain que dans le quotidien qu'il raconte. J'en ai eu l'impression en tout cas. Mais il m'a en tout cas bouleversé. Et j'ai malheureusement tout à fait imaginé certains de mes élèves dans cette situation ou dans le rôle des « tipeu », indispensables à ce sombre commerce.
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Avec une plume parlée, « Dix-huit ans, pas trop con » est un texte court, incisif et direct qui dit le quotidien d'un jeune de cité bloqué à l'orée de ses ambitions. Avec ce roman, Quentin Leseigneur ouvre une narration inédite, explorant à l'échelle d'une littérature destinée à la jeunesse, un sujet tabou, complexe : celui du trafic de drogue…

Midi-minuit, ouverture du texte, une plongée dans le sujet. D'abord anonyme, le narrateur s'adresse directement à son lecteur. Il lui raconte la banalité de son quotidien, similaire à celui de plein d'autres jeunes de son quartier. Rapidement rattrapé par ses confidences, Hichem se rapproche du lecteur. Il révèle peu à peu son visage à travers le partage de son histoire, celle de sa famille et de son amour, mais surtout les détails de son deal. Car le jeune homme n'a rien du héros. Visage cagoulé, il s'acquitte de la vente de charbon de midi à minuit, dans une cage d'escalier… Mais le huit-clos qui semble si bien huilé est rapidement mis à mal par un imprévu…

Aussi attachant soit-il, Hichem endosse un rôle complexe, qui se veut détestable. À travers ses mots et la narration directe, se révèle la moralité du garçon et sa façon d'envisager son statu de dealer… C'est d'ailleurs ce que l'auteur explore, proposant un point de vu intelligent, empreint de clichés pour mieux les déconstruire. Inédit en littérature jeunesse, le texte s'emploi à questionner la place des trafics de drogue au sein d'une cité. Avec un propos direct et simple, se construit une vision bien moins fataliste que celui dépeint dans les médias. Quentin Leseigneur conserve néanmoins dans son texte un caractère grave et inquiétant, inhérent au sujet.

Riche de son réalisme, le texte ne cherche pas à blâmer son héros. Par son point de vue, le livre invite le lecteur sans le brusquer, au sein d'une réalité qui lui est certainement étrangère. Ce texte est indéniablement percutant, parfois difficile à aborder par son vocabulaire vif et parlé… « Dix-huit ans, pas trop con » est une expérience de lecture unique, intelligente et pertinente !
Lien : https://leslecturesdechloe.a..
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