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Citations sur Alexandra David-Néel (10)

La traversée est éprouvante, le froid vif leur mord la peau, le vent s’infiltre dans leurs épaisseurs de laine et de feutre. Alexandra a un début d’engelures au nez, sans conséquences. Le soir, ils doivent dresser la tente alors que tombe une neige abondante qui recouvre tout. Des loups viennent rôder autour d’eux, ils dorment d’un œil, le fusil à portée de main. Au bout de quelques jours, la route devenant impraticable, ils font demi-tour. Yongden trouve un logement pas trop misérable à Jakyendo, où ils se résignent à passer l’hiver. Dans sa pièce à vivre, Alexandra se réjouit de posséder un petit brasero qui maintient des températures tout à fait supportables à l’intérieur, entre -10°C la nuit et 5°C le jour… Elle est fatiguée, un peu déçue, mais nullement abattue.
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Quand elle demande à Marie-Madeleine quel genre d’image elle rapportera d’elle après sa mort, Marie-Madeleine lui répond : « Madame, je dirai au monde que vous étiez un Himalaya de despotisme ! » A la grande joie de l’exploratrice rassurée, certaine que sa mémoire sera honorée avec fidélité
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Cette frénésie de travail aide Alexandra à oublier ses douleurs articulaires. Son caractère difficile empire avec l’âge, elle se montre tyrannique envers le pauvre Yongden qui a ses propres soucis de santé. Le 7 novembre 1955, en pleine nuit, on vient frapper à la porte d’Alexandra pour la prévenir que son fils va très mal. Le temps que le médecin arrive, il est trop tard : Yongden meurt d’une crise d’urémie. Il est incinéré, ses cendres sont placées dans une urne en attendant que celles de sa mère adoptive les rejoignent.
Alexandra la fière, la bouddhiste détachée des tendresses qui sont sources de souffrance, est dévastée par ce décès brutal. Elle voulait faire de ce compagnon de quarante ans son héritier et son exécuteur testamentaire. Elle ne se remettra jamais entièrement de cette disparition, bien qu’elle n’ait pas toujours eu des rapports évidents avec ce fils pas comme les autres.
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Explorateurs, mes amis, continuez donc vos voyages, c’est bien la meilleure manière qui nous soit donnée de remplir notre vie.
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Après avoir fait ses adieux à Djarjeeling et à l’Himalaya, elle retrouve les flambées de violence entre Indiens et Britanniques. La guerre l’a cernée sans jamais l’atteindre, mais elle est lasse de ces pays à feu et à sang, elle aspire à la tranquillité, à retrouver ses manuscrits et à allonger encore un peu sa bibliographie. Il est temps de partir. Le 30 juin 1946, Yongden et Alexandra s’envolent pour de bon pour la France, toujours aux frais de l’Etat. Dans l’avion, la nostalgie l’étreint. Un autre défi l’attend, de taille celui-là : la sédentarité.
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Si les parties du Tibet contrôlées par les Chinois sont ouvertes aux étrangers, la capitale est devenue une cité interdite. Donc, le seul endroit où Alexandra veut se rendre coûte que coûte, seul défi de taille à sa folie des grandeurs.
Elle congédie mules, porteurs et domestiques, toute sa troupe, Yongden excepté. Son plan est simple : ils se feront passer pour une mère et son fils en pèlerinage, habillés en mendiants. Ils sillonneront des régions inexplorées, inconnues des cartographes, et d’autres interdites depuis l’annexion par la Chine. Pour éviter de se faire démasquer, ils voyageront de nuit et dormiront le jour, seulement guidés par les pauvres cartes tracées à la main à partir des plans de sir George Pereira et pliées dans les manches d’Alexandra. Elle cache sous sa robe une montre, une boussole, un thermomètre, une bourse contenant quelques pièces d’or et d’argent, un revolver, un sabre court, un bâton ferré. Elle sacrifie son appareil photo, trop lourd et encombrant, impossible à manier discrètement. Vu les milliers de kilomètres à parcourir, il faut voyager le plus léger possible ; même une gourde serait trop lourde. Et puis, cet accessoire pourtant indispensable à toute marche n’est pas d’usage au Tibet. Aucun vêtement de rechange n’est prévu. Un morceau de cuir servira à ressemeler leurs bottes… ou à assaisonner un chaudron d’eau bouillante pour lui donner un bague goût de soupe.
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Elle prend des photographies saisissantes de Tibétains, leurs visages sombres se détachant de costumes flamboyants. Malgré la fragilité des appareils qu’elle trimbale dans ses bagages, la précarité des développements et la lumière aveuglante de ces altitudes, elle rapportera un grand nombre d’images de très belle qualité en Europe. Elles lui prouveront qu’elle n’avait pas rêvé ces paysages, ces hommes et ces femmes aux traits stupéfiants, aux parures uniques.
Finalement si, tout cela est du domaine du rêve. Un rêve renouvelé jour après jour, improbable et merveilleux, dont elle goûte l’étrangeté avec une joie étonnée.
« N’est-ce pas un rêve pour une Parisienne d’être ici sur cette pente de montagne escarpée, nichant son lit de camp sous une voûte de rochers et d’avoir pour unique compagnie celle d’un être qui passe aux yeux des villageois de la région pour un prodigieux sorcier, qui a passé plus de vingt ans de sa vie seul dans des endroits déserts, qui a vécu dans des cimetières, mangé du cadavre, que sais-je ? ».
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Elle ne mange pas à sa faim, l’eau potable se fait rare, les nuits sont courtes et mauvaises, des accès de fièvre viennent parfois la surprendre le soir… et elle se retrouve à nouveau pleine d’énergie chaque matin. C’est une force de la nature que la rudesse croissante n’effraie pas. Elle passe la nuit dans une baraque de planches branlantes : un petit autel et des bâtons d’encens suffisent à la rendre accueillante, et à lui faire aimer l’environnement tout entier :
« Des génies chuchotant entrent, portés sur un bout de nuage qui pénètre par la croisée, tout le monde étrange des légendes himalayennes vous entoure, il y a des couleurs singulières sur les montagnes, les arbres vêtus de draperies moussues font des gestes étrangers, on est au seuil de « quelque chose » et cela est attirant et vertigineux comme les abîmes bordant les sentiers que l’on suit. (…) J’ai pas mal voyagé mais je n’ai rien vu de semblables aux paysages de ces hautes régions ».
Les Himalayas entrent dans son âme profonde. Et ce n’est qu’un prélude au Tibet :
« Je suis emportée par quelque chose… par quelque chose qui est fait de la force de mes désirs concentrés, accumulés pendant tant d’années. Je vis des heures que je sais ne jamais devoir revivre, des heures studieuses où l’étude est autre chose que la lecture des textes morts, où elle est chose vivante, prenante, grisante infiniment.
Comment revoir encore des villes, s’asseoir encore auprès de mortels affairés, agités, quand on a vécu, ici, ces heures éloquemment silencieuses… »
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De retour à Paris, elle publie des articles philosophiques et féministes, où elle se préoccupe d’équilibre social, sujet peu courant pour une femme à l’époque. Faisant fi des conventions, elle rue dans les brancards avec de plus en plus d’aplomb. Dans « Autorité paternelle », paru dans La Fronde du 28 août 1900, elle n’hésite pas à s’en prendre à la plus intouchable des institutions : la famille !
« Sans préambules superflus, je dirai tout de suite que l’autorité paternelle me semble une conception héritée des barbares, un vrai non-sens à notre époque ».
Plus original encore, elle évoque les droits des enfants. Si leurs parents ne leur conviennent pas, ils devraient avoir le droit de les quitter et demander une mise sous tutelle de leur plein gré… Elle dénonce aussi les maisons de correction, qui ne servent qu’à former et nourrir de futurs délinquants.
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Conséquence d’un tel travail, le souvenir de l’Inde se fait plus vif. L’appel de l’Orient la reprend, presque vingt ans après son premier séjour. Cela devient une idée fixe : retourner en Inde, étudier le bouddhisme à sa source. Ses relations avec Philippe sont plus tendues que jamais, leur vie commune est devenue impossible, bien qu’il la connaisse parfaitement et qu’il la traite mieux qu’un mari ordinaire. Il lui réitère alors sa proposition de lui offrir un long voyage. Il espère qu’à son retour elle se pliera enfin à un mode de vie plus traditionnel. Elle accepte.
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