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Critique de adtraviata


Je ne sais plus qui m'a donné envie de lire ce (premier) roman, en tout cas je peux le rapprocher de Kuessipan de Naomi Fontaine, de Rivière Mékiskan de Lucie Lachapelle ou encore du dernier lu en date, Matisiwin de Marie-Christine Bernard. Nous sommes dans le grand Nord canadien, chez les Inuits, dont les terres ont jadis été volées, les enfants acculturés de force dans les pensionnats, les habitants privés de leurs ressources traditionnelles, de leur lien à la mère nature et parqués dans des villages où l'alcool, le désoeuvrement, le suicide font des ravages. Vous me direz que j'ai compris le sujet mais non, chaque roman a sa manière d'aborder les choses et de vous cueillir par les émotions et je continuerai à en lire d'autres.

Ici, c'est par le regard d'une femme du Sud, qui monte, comme beaucoup d'autres « Blancs » – et comme les oies sauvages (c'est la signification de Nirliit en inuttitut) – , travailler pendant les mois d'été à Salluit et qui s'adresse d'abord à son amie Eva, victime de la violence d'un homme qui l'a jetée dans le fjord, ensuite au fils d'Eva, Elijah, amoureux de Maata, qui en aime aussi un autre… L'ennui, le sentiment de déchéance, et sans doute aussi la lumière permanente des mois d'été attisent les sentiments amoureux et les pulsions sexuelles. Bien difficile de démêler les deux, bien difficile aussi de rester fidèle ou au contraire de ne pas avoir le coeur déchiré quand l'été s'achève et que les avions ramènent les Blancs dans le Sud…

Il y a de la crudité, de l'urgence et de la colère dans l'écriture de Juliana Léveillé-Trudel. Il y a aussi une infinie tristesse et un certain fatalisme aussi. Sa langue est belle par son empathie. Tout cela rend son roman très touchant.

J'ai deux petits bémols : ça manque peut-être un peu de construction, on se demande où va la première partie et heureusement arrive la seconde, avec un fil narratif plus évident. Et il me faut avouer que j'ai trouvé la fin un peu plate, j'ai cru que cela allait très mal finir aussi pour Elijah et Maata (je sentais ma gorge se nouer au fil de la seconde partie) mais non, cela se termine sur une forme d'apaisement, qui se rattache certes au fatalisme dont je parlais plus haut, mais un poil décevant.

Cela n'enlève rien aux qualités documentaires et émotionnelles de ce premier roman et je relirai la plume de Juliana Léveillé-Trudel avec plaisir.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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