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Critique de Gast


Gast
08 février 2011
Manuscrit traitant du retour à la vie de Primo Levi après l'expérience ô combien anormale et inhumaine d'Auschwitz, ce témoignage démarre là où s'arrête "Si c'est un homme". Ainsi, lire les deux coup-sur-coup c'est vivre la descente aux enfers des camps et le retour progressif au sein des vivants après la déportation.

En un sens, ce texte et son prédécesseur sont utiles à mettre en parallèle avec le témoignage de Jorge Semprun, déporté politique à Buchenwald et qui fit de même dans "Le grand voyage" et "L'écriture ou la vie". On y discerne de grands points communs sur la barbarie nazie, sur le processus de déshumanisation, et aussi sur la manière dont la libération de l'esprit fut à ce point plus progressive et faite de petit détail, que celle du corps, immédiate et quelque peu teintée d'incrédulité. Mais d'un autre côté, ces deux témoignages montrent de manière évidente qu'il y eut un degré dans l'horreur vécu que l'on soit juif ou seulement un opposant politique ; deux horreurs, certes, mais celle de Primo Levi va un cran plus loin dans l'inhumain, dans l'abjection.

Néanmoins, et malgré un incipit terrifiant, plus infernal que l'année et demi à Auschwitz décrite dans "Si c'est un homme", ce texte devient vite joyeux, illustrant par là le rebond de la force vitale de ceux que les nazis voulurent effacer de la Terre, et la joyeuse pagaille d'une trêve dans les affaires du monde pour une époque savourant sa victoire sur la barbarie moderne.

Mais à l'instar de Semprun, un texte qui malgré l'esprit festif qu'il décrit, démontre bien que l'accablement lié à la tragédie du lager perdure, et perdurera, tout au long de la vie de l'auteur, victime de cette haine contre nature.
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