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Critique de Krissie78


Un jour la narratrice (l'auteure) réalise, alors qu'elle est sur un escalator qui monte, qu'elle ne peut réprimer ses larmes. Sans la nommer c'est la dépression qui laisse paraître ses marques. Elle prend un billet pour Majorque, fuit sa vie pour retrouver un lieu calme et sécurisant, loin du monde, loin des autres, comme George Sand le fit avec Chopin. Une fuite qui va la replonger dans ses souvenirs. Perdue entre passé et présent elle se cherche un avenir. Les souvenirs d'enfance affluent : l'Afrique du Sud natale, l'arrestation de son père, militant de l'ANC, ses 5 ans d'absence alors qu'elle n'est qu'une enfant qui ne comprend pas le monde des adultes, puis la fuite et l'exil en Angleterre.

« Ce que je ne veux pas savoir » est le premier volume d'une trilogie autobiographique de Déborah Levy. Publié en 2013 au Royaume-Uni, il n'est traduit en français qu'en 2020. Avec le deuxième volume, « le coût de la vie », il obtient le prix Femina Étranger 2020. le troisième opus est « État des lieux » publié en 2021.

Ce premier volet a pour sous-titre « réponse à George Orwell », et plus précisément à son texte où il expose les 4 raisons d'écrire pour un écrivain. Cette réponse, formulée une fois brièvement, on la devine au fil du récit. On découvre l'univers d'une enfant qui évolue dans un monde traversé par le racisme, la séparation des blancs et des noirs. Un monde cruel et injuste qui la privera de son père pendant cinq ans. Elle est témoin d'une société inégalitaire et tente de se construire. L'arrestation de son père la rend quasi muette. Les mots finiront par sortir, mais sur le papier. Et c'est avec les mots de l'enfance que l'auteure nous livre sa passion pour la littérature. le livre se termine sur les premières années de l'exil en Angleterre, cette nouvelle terre qu'elle souhaite faire sienne mais où elle se sent étrangère, et sur l'adolescence d'une fille solitaire qui trouve refuge dans les mots qu'elle jette sur des serviettes en papier dans un pub de Londres.

L'écriture de Déborah Levy est fine, sensible, parfois sensuelle, toujours lumineuse. Elle a un don pour trouver le détail qui va matérialiser pour le lecteur les lieux qui ont fait ce qu'elle est devenue : un bonhomme de neige réalisé avec son père, le perroquet de sa tante, une marque sur le front d'un écolier, la coiffure d'une cousine.

Une jolie découverte qui donne envie de découvrir la suite.
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