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Citations sur Je n'oublierai jamais (8)

Je lisais que, selon la loi, un abus sexuel sur mineur était prescrit 20 ans après la majorité. C'est-à-dire à l'âge de 38 ans. Je n'avais pas besoin de faire de longs calculs pour comprendre que cela faisait pile 21 ans que j'étais majeure. Par conséquent, cela faisait un an que "l'affaire" était prescrite. Une "affaire" prescrite avant même de la déterrer. Je trouvais cela aussi fou qu'insupportable.
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Et le seul dédommagement que je souhaitais, c’est qu’il ne dormirait jamais tranquille. J’avais pris la perpétuité à 8 ans, les éventuelles insomnies de mon bourreau me consolaient a minima. C’était l’unique condamnation que je pouvais prononcer, un sommeil altéré par la culpabilité. Une existence sur le qui-vive. Une âme et conscience emprisonnées. Que cet individu puisse craindre la justice, l’appréhender dans sa chair, c’était déjà la voir agir. C’était déjà une condamnation. C’était ma paix contre la sienne, tant les deux devenaient incompatibles. La mienne dépendait de son intranquillité éternelle. Cela me semblait être une peine juste, permettant de condamner à vie sans condamner à mort. Une sorte d’imprescriptibilité symbolique.
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Le monde n’est qu’un feu d’artifice d’apparences trompeuses, dont chaque étincelle qui perce la nuit reflète sa déficience. 
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« Quelque chose montait à l’intérieur. Ça hurlait au fond de mon ventre. Mais c’était le bruit de mon silence qui l’emportait. Jamais je n’aurais pu hurler aussi fort que ce qui se jouait dans ma chair. À l’intérieur, j’implosais. Mon enveloppe était devenue minuscule, dérisoire, par rapport à ce qu’elle contenait. J’étais à l’étroit. Comprimée dans ma cage thoracique, mes os, ma tête. Remplie d’explosifs. J’avais envie de vomir, de me vomir. C’était long.
Choc. Sidération. Pulvérisée. Foudroyée. Démolie. Anéantie. Fracassée. Tétanisée. Morte. Ce sont les mots qui se rapprochent le plus de ce dont il s’agissait. Lorsqu’on les mélange et qu’on secoue le shaker dans tous les sens. Pourtant ils en sont loin. Si loin. Des qualificatifs qui ne voulaient pas dire grand-chose. L’endroit dans lequel j’ai été propulsée n’avait aucune place pour du vocabulaire. Les mots, les émotions, les sentiments. Ça se passait ailleurs. Au-delà. J’ai cru que je mourrais plusieurs fois de suite. Et qu’on m’achevait encore davantage. »
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« Si à plein d’égards la prescription me paraissait être un fondement essentiel sur lequel repose la loi, elle me montrait également ses limites. Certains aspects semblaient d’une autre époque, à contre- courant, pour ne pas dire archaïques. Inscrite sous Napoléon dans le Code d’instruction criminelle de 1808, la prescription, au XXIe siècle, concernant les abus sexuels sur mineurs, c’était une ineptie. Avec toutes les informations et les études dont nous disposions aujourd’hui, les viols d’enfants étaient à considérer comme des crimes contre l’humain. Des crimes que l’on pourrait ranger dans la catégorie des crimes contre l’humanité. Les seuls qui demeurent imprescriptibles. Car tuer l’enfance, c’est tuer l’avenir. Violer un enfant, c’est bousiller l’adulte qu’il aurait pu devenir. C’est briser son âme et la laisser sur le bord de la route. Et à grande échelle, c’est une arme de destruction massive. C’est saccager des générations entières. C’est corrompre le futur. Et selon de nombreuses études en criminalité que je parcourais en creusant le sujet, j’apprenais que les bourreaux étaient, eux-mêmes, souvent d’abord passés par la case victime. Souvent abusés, violentés, battus. Avant d’abuser, violenter, battre. À leur tour. Comme dans une machine infernale. Un engrenage où les êtres humains ne seraient finalement que les victimes de leur inconscience et de leur innocence. Collective. Systémique. Noyés dans une auto-destruction de masses. »
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Je n’avais plus peur de mourir puisque j’étais déjà morte une première fois. Ni de tomber puisque j’étais à terre, relevée. Je ne craignais plus d’avoir à me battre chaque jour pour vivre en paix. Je marchais au bord d’un précipice, sur la pointe des pieds, dans un éternel combat, mais debout. Vivante.
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J’avais quitté le monde de l’enfance. Je ne suis pas entrée dans le monde des adultes pour autant, je suis allée ailleurs. Dans un monde solitaire, douloureux et secret.
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Je marchais dans le noir alors qu’il faisait jour. C’était la nuit en plein jour. C’était la nuit pendant des jours. J’avais même oublié qu’avant, il avait fait jour.
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