Ma thérapie me revient en pleine figure et la voix doucereuse de ma psy bourdonne dans mes oreilles. "Le tout est de ne pas résister, Alicia, pas de panique inutile. Laissez la vague vous envahir jusqu'à ce que la marée ne la reprenne." Conseil de psy, conseil débile.
Je m'apprête à reprendre mon chemin quand un bruit se fait entendre. Pas celui du vent qui s'infiltre dans la bâtisse, sifflant les charpentes et qui en soi, me terrifie déjà. Non, un bruit de pas. Le son d'une chaussure qui craquèle quelque chose au sol. Je me fige dans mon arc- en- ciel. Mon sang se glace, anesthésie mon cerveau et tout réflexe de survie. Et j'ouvre grand les yeux, ramenée soudain à l'effrayante réalité: je ne suis pas seule.
Mon existence jusqu'ici n'a été que la salle d'attente de ce moment.
J'ai toujours eu peur du noir. C'est ma phobie, mon fardeau mes huit cent dollars claqués en thérapie.
J'aurais pu céder à mes pulsions parce qu'elles sont là. Elles sommeillent quelque part, ne tenant qu'à un fil avant de se déchainer au grand jour. J'aurais pu prendre un tout autre chemin que celui dans lequel je piétine depuis des années, mais je ne l'ai pas fait. Je n'ai pas sombré. Je ne suis pas folle.
- Oh doucement, doucement, je plaisantais Allie ! Je jouais à notre petit jeu tu sais, quand je t'envoie une pique et que tu me retournes un javelot ?
« En réalité, je n'étais pas seule. Je ne l'ai jamais été. Et même si je ne sais toujours rien de lui, que l'inconnu flotte autour de sa personne, j'ai enfin un allié. Un soutien là où je ne l'attendais plus. »
Personne ne me viendra en aide. Le plancher craque, vibre, s'enfonce sous son poids. [...] Puis c'est le noir. Profond, total, assourdissant.
-Hey ma jolie, tu me fais confiance ? me lance-t-il d’une voix douce et taquine à la fois.
La réponse me brûle les lèvres, aussi évidente qu’inédite.
-Oui
Mais je crois en la puissance d'y cœur, un cœur rabiboché par le pouvoir d'une famille. Une famille reconstruite dans les cendres d'un drame ordinaire. Une famille soudée, unie et plus fortes que toutes les trahisons du monde.