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Citations sur Les Quatre Livres (15)

page 144
[...] Les gueulards des quelque vingt fourneaux étaient déjà ouverts, les hommes apportaient avec leurs palanches l'eau de la rivière et la déversaient seau après seau par cette ouverture et celles des poitrines pour qu'elle se répande à l'intérieur. Tandis que, glacée, elle arrosait le four bouillant, le froid et le chaud entraient en collision avec un bruit assourdissant de gigantesque explosion. Des fumées noires et blanches jaillissaient, sautaient en grondant hors de la bouche et s'échappaient en fonçant vers le ciel. A l'intérieur les loupes se formaient. La vingtaine de colonnes de fumée s'enroulaient comme des nuages. L'Enfant s'avança à l'intérieur de cette vapeur, et il fut comme l'oiseau quand il s'envole au plus profond du firmament. Premier fourneau, deuxième fourneau, lorsqu'il fut au treizième, le plus grand, voici qu'il vit l'Erudit agenouillé au sommet, à deux pieds à peine du gueulard, d'où montait un panache d'un bon mètre de diamètre qui lui frôlait le visage et s'y accrochait. Et comme il s'approchait, à la clarté de la neige, dans sa lumière immaculée, il vit aussi que sur son haut chapeau conique, en plus du "fornicateur" originel en caractères noirs gros comme le poing, il avait ajouté "traitre à la patrie, anti-Parti, renégat, insulte à la nation, ne respecte pas les dirigeants, méprise le petit peuple, rejette la civilisation humaine, s'oppose au bien-être du peuple, pelote les femmes, met l'amour au-dessus de tout, martyrise les vieillards et les enfants, prend des chemins erronés", toutes sortes de crimes, enfin, répartis autour du "fornicateur", à droite, à gauche, au-dessus et au-dessous, ainsi qu'à l'arrière de la coiffe. La fumée et la vapeur bouillonnantes s'élevaient devant lui, l'encre noire lui dégoulinait sur le visage. [...]
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Et voici que l'Enfant était dans ce rouge et que son visage était lumineux et son coeur transparent. Or l'Erudit se tenait là, abasourdi par tout ce rouge, l'absolu de ce rouge, et ses traits étaient rigides, durs, comme s'il avait eu une pierre rouge sur la figure.
Or l'Enfant lui parlait. Il dit : "Tu dois m'écouter. C'est pour ton bien. Il faut que tu m'obéisses, que tu acceptes de te faire critiquer et de porter le chapeau car en vérité tu en seras généreusement récompensé."
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Vous voulez voir ce que je prépare?
Personne ne répondit, mais nos regards convergèrent sur le couvercle en carton. Ailleurs certains avaient éteint le feu, et tenant à la main la tasse ou le bol émaillé qui avait servi de casserole, ils s'étaient accroupis pour manger. Des bruits de déglutitions nous parvenaient par intermittence, comme une eau qui se serait écoulée dans le lointain. Elle jeta un œil dans leur direction avant de revenir à nous pour platement annoncer:
"Nous mangeons de la chair humaine. La tempête a duré une semaine, le sable a enseveli les herbes de la lande, personne n'a pu déterrer la moindre racine aujourd'hui."
(P365)
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Pour fabriquer l'acier, tous les arbres avaient été coupés, la terre n'était plus qu'une étendue immaculée, une gigantesque page vierge. N'ayant nulle part où se poser, les moineaux voletaient en piaillant sans trêve ni repos puis, lorsque la fatigue les prenaient enfin, ils cherchaient sur le sol enneigé une épine, une haute armoise solitaire et ils s'y perchaient en ribambelles qui faisaient plier l'épine ou l'armoise.
(P168)
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14. Le sage règle sa conduite d’après la condition dans laquelle il se trouve ; il ne désire rien en dehors de sa condition. Dans les richesses et les honneurs, il agit comme il convient à un homme riche et honoré. Dans la pauvreté et l’abjection, il agit comme il convient à un homme pauvre et méprisé. Au milieu des barbares de l’occident ou du septentrion, il agit comme il convient au milieu de ces barbares. Dans le malheur et la souffrance, il agit comme il convient dans le malheur et la souffrance. Partout et toujours le sage a ce qui lui suffit (à savoir, la vertu).

Dans un rang élevé, il ne vexe pas ses inférieurs ; dans un rang inférieur, il ne recherche pas la faveur des grands. Il se rend lui-même parfait, et ne demande rien à personne ; aussi ne se plaint il jamais. Il ne se plaint pas du Ciel, il n’accuse pas les hommes. Le sage ne quitte pas le chemin uni ; il attend tranquillement les dispositions de la Providence. Celui qui n’est pas vertueux court chercher fortune à travers les précipices. Confucius dit : « L’archer a un point de ressemblance avec le sage. Quand sa flèche n’atteint pas le milieu de la cible, il en cherche la cause en lui-même, (et n’accuse personne).

15. Le sage est comme le voyageur qui, pour aller loin, part du lieu le plus rapproché de lui ; comme un homme qui, voulant gravir une haute montagne, commence par le bas. Il est dit dans le Cheu king : « Votre femme et vos enfants s’accordent comme le luth et la lyre. Vos frères de tout âge vivent en bonne harmonie, et se réjouissent ensemble ; ils font régner le bon ordre dans votre famille, et comblent de joie votre femme et vos enfants. »

Confucius ajoute : « Que le père et la mère en éprouvent de contentement ! » Dans une famille, le père et la mère occupent le premier rang, ils vont au dessus et à distance des autres. La femme, les enfants, les frères de tout âge sont au second rang ; ils sont en bas, et tout près de nous. Commencer par mettre le bon accord entre la femme, les enfants et les frères, et par cette voie arriver à rendre heureux les parents, n’est ce pas aller loin en partant d’un lieu rapproché, gravir une haute montagne en partant du pied ?

16. Confucius dit : « Que l’action des esprits est puissante ! L’œil ne peut les voir, ni l’oreille les entendre. Ils sont en toutes choses, et ne peuvent en être séparés. Pour eux, dans tout l’univers, les hommes se purifient par l’abstinence, se revêtent d’habits magnifiques, et offrent des dons et des sacrifices. Ils sont partout en grand nombre ; ils se meuvent au dessus de nos têtes, à notre droite et à notre gauche. Il est dit dans le Cheu king : « L’arrivée des esprits ne peut être devinée ; beaucoup moins peut elle être comptée pour rien. Tant il est vrai que les esprits se manifestent sans se montrer aux regards, et que leur action ne peut être cachée ! »
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L'univers était clair. On avait dit "que la lumière soit", et la lumière avait été. Dieu avait vu que la lumière était une bonne chose et Il l'avait séparée des ténèbres. Il avait vu que l'homme se fatiguait facilement, Il avait fait le matin pour qu'il se mette au travail et la nuit pour qu'il se repose. Le crépuscule approchait. A l'extrémité ouest du village, le jujubier au faîte duquel le soleil rouge et jaune avait autrefois coutume de s'accrocher avait été brûlé pour fabriquer l'acier. Tous les arbres étaient allés dans les fourneaux. L'univers était chauve. Rien ne faisait obstacle à la claire lumière, qui s'épandait partout, sur la terre comme au ciel, et les dernières lueurs du couchant, que rien ne venait voiler, s'étalaient comme du sang sur le sol.
(P151)
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Ces hommes et ces femmes, professeurs et pédagogues de tous niveaux, faisaient dans leur course penser à une horde de chevaux en train de galoper vers la victoire. Avec des cris et des rires, vague après vague ils envahirent le terrain sablonneux, brisant mille années de silence sur cette berge du fleuve jaune. [...] Confronté à ces gens qui couraient et criaient des slogans, ces drapeaux rouges et ces hurlements, l’Érudit qui arrivait en boitant, bon dernier après avoir ramassé son sac, resta un moment ahuri, puis il se mordit la lèvre inférieure et sur son visage l'amertume se peignit, brouillard d'hiver au fond d'une dépression alcaline.
(P121-122)
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13. Confucius dit : « La règle des actions n’est pas loin de l’homme. Si quelqu’un faisait une règle qui fût loin de l’homme, elle ne pourrait être considérée comme règle. Il est dit dans le Cheu king : « Celui qui fait un manche de hache a un modèle tout près de lui (à savoir, le manche de la hache dont il se sert). Il prend un manche (une hache munie de son manche) pour faire un autre manche. (Bien que le modèle ne soit pas loin), l’ouvrier qui le considère en tournant les yeux obliquement juge qu’il est à distance du bois destiné à la confection d’un nouveau manche. (La règle de nos actions ou la loi naturelle est encore beaucoup plus près de nous ; elle est en nous) Le sage forme l’homme par l’homme (par le moyen de la loi naturelle qui est dans le cœur de l'homme) ; il se contente de le corriger de ses défauts. Il s’applique sérieusement à la pratique de la vertu, mesure les autres avec la même mesure que lui-même, et ne s’écarte guère de la voie de la perfection. Il évite de faire aux autres ce qu’il n’aime pas que les autres lui fassent à lui-même. « Le sage observe quatre lois principales ; moi, K’iou (Confucius), je n’ai pas encore pu en observer une seule. Je n’ai pas encore pu rendre à mon père les devoirs que j’exige de mon fils, ni à mon prince les devoirs que j’exigerais de mes sujets, ni à mon frère aîné les devoirs que j’exige de mon frère puîné ; je n’ai pas encore pu faire le premier à mon ami ce que j’exige de lui à mon égard. Celui-là n’est-il pas un sage vraiment parfait, qui, dans la pratique des vertus ordinaires et dans ses conversations de chaque jour, s’efforce d’éviter jusqu’aux moindres défauts, qui craint toujours de promettre plus qu’il ne peut tenir, et fait en sorte que ses paroles répondent à ses actions, et ses actions à ses paroles ?
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8. Confucius dit : « Houei était homme à trouver et à tenir l’invariable milieu en toute occurrence. Dès qu’il avait connu une vertu, il la pratiquait avec énergie, la faisait pénétrer au fond de son cœur, et ne la laissait plus échapper. » Houei, nommé Ien Iuen, était disciple de Confucius.
9. Confucius dit : « Un homme peut être assez sage pour gouverner l’empire et des principautés, assez désintéressé pour refuser des dignités avec leurs revenus, assez courageux pour marcher sur des épées nues, et n’être pas capable de se tenir dans l’invariable milieu. »

10. Tzeu lou (ou Tchoung Iou, disciple de Confucius) ayant demandé à Confucius en quoi consiste la force d’âme, le Philosophe répondit : « Parlez vous de celle des habitants du midi ou des habitants du nord, ou bien de celle que vous, vous devez acquérir (vous, disciple de la sagesse) ? Enseigner avec indulgence et douceur, ne pas se venger des injustices, c’est la force d’âme des habitants du midi. Le sage la pratique constamment. Prendre son repos tout armé, donner sa vie sans regret, c’est la force d’âme des habitants du nord. Les braves (les soldats et les autres) la pratiquent. Le sage est accommodant ; mais il ne s’abandonne pas au courant (des passions humaines). Que sa fermeté est courageuse ! Il se tient dans le juste milieu, sans incliner d’aucun côté. Que sa fermeté est courageuse ! Si le gouvernement est bien réglé, (il accepte une charge, mais) dans la vie publique il est le même que dans la vie privée. Que sa fermeté est courageuse ! Si le gouvernement est mal réglé, il reste toujours le même jusqu’à la mort. Que sa fermeté est courageuse ! »

11. Confucius dit : « Scruter les secrets les plus impénétrables, faire des choses extraordinaires, pour être loué dans les siècles à venir, c’est ce que je ne veux pas. (la lettre sôn, d'après les annales de Han, doit être remplacée par souô). Le sage marche dans la voie de la vertu. Rester à moitié chemin, c’est ce que je ne puis faire. Le sage s’attache à l’invariable milieu. Si, fuyant le monde, il demeure inconnu, il n’en éprouve aucun regret. Le sage est seul capable d’arriver à cette perfection. »

12. La règle des actions du sage est d’un usage très étendu (elle s'applique à tout), et cependant elle reste en partie cachée. Les personnes les plus ignorantes, hommes ou femmes, peuvent arriver à la connaître ; mais les plus grands sages eux mêmes ne la connaissent pas dans toute son étendue. Les personnes les moins courageuses, hommes ou femmes, peuvent entreprendre de la suivre ; mais les plus grands sages eux mêmes ne peuvent y conformer entièrement leur conduite. C’est ainsi que le ciel et la terre, malgré leur immensité, ne peuvent satisfaire pleinement les désirs des hommes, (qui se plaignent du froid, du chaud …). Quand le sage expose les grands principes de la loi naturelle, rien dans l’univers ne peut les contenir. Quand il en explique les principes particuliers, il n’est rien de plus subtil sous le ciel.

Il est dit dans le Cheu king : « L’épervier dans son vol s’élève jusqu’au ciel ; le poisson bondit au fond des abîmes. » Cela signifie que la loi naturelle se manifeste dans les régions les plus basses comme dans les plus élevées. La règle des actions du sage se trouve, quant à ses premiers principes, dans le cœur des personnes les plus vulgaires. Ses limites extrêmes atteignent celles du ciel et de la terre.

Dans ce douzième article, c’est Tzeu seu qui parle. Il y explique cette proposition du premier article, qu’« il n’est pas permis de s’écarter de la voie de la vertu ». Dans les huit articles qui vont suivre, il cite différentes paroles de Confucius à l’appui de cette doctrine.
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4. Confucius dit : « La voie de la vertu n’est pas suivie ; je le sais. Les hommes intelligents et éclairés vont au delà, et les ignorants restent en deçà. La voie de la vertu n’est pas bien connue ; je le sais. Les sages veulent trop faire, et les hommes vicieux, pas assez. C’est ainsi que tout homme boit et mange, et peu savent juger des saveurs !. »

5. Confucius dit : « Hélas ! la voie de la vertu n’est pas suivie ! »

6. Confucius dit : « Que Chouenn était prudent ! Il aimait à interroger ; il aimait à peser toutes les propositions qu’il entendait, même les plus simples. Il taisait ce qu’elles avaient de faux, et publiait ce qu’elles avaient de bon. Dans les bons avis, il considérait les deux extrêmes et choisissait le milieu pour s’en servir à l’égard du peuple. Oh ! c’est par ce moyen qu’il est devenu le grand Chouenn ! »

7. Confucius dit : « Chacun se vante d’être habile en affaires. On court précipitamment ; et l’on tombe au milieu des filets, des pièges, et des fosses, à la manière des animaux sauvages ; personne ne sait échapper. De même, chacun dit : je connais parfaitement la voie de la vertu. On sait trouver l’invariable milieu ; mais on n’y peut persévérer l’espace d’un mois. »
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