Mais les mauvaises herbes ne se laissent pas faire comme ça. On peut les déraciner, brûler la terre où elles ont poussé, elles sont capables de rester en sommeil pendant des années et trouvent toujours le moyen de revenir.
Rêver nous est interdit. Les hommes croient que c’est une façon de dissimuler notre magie.
Mes yeux sont grands ouverts et je vois tout, à présent.
Jamais les hommes ne mettront fin à l'année de grâce.
Mais nous, peut-être.
Vos pères, vos frères, vos maris, vos mères, vos sœurs...ce sont eux qui consomment votre chair. Pas nous.
A cet instant précis je suis devenue sa propriété. Pour moi, c'est une mort plus lente que ce que j'aurai enduré ici. Il croit m'aimer d'un amour pur, mais son allégeance à sa famille, à sa foi et à son sexe prédominera toujours.
Je lâche le crâne et tente de le remettre à sa place, sous la terre, mais une pensée horrible m'envahit. Celle de toutes les filles qui sont entrées dans la forêt pour ne jamais plus en ressortir.
J'ignore comment communiquer sans les fleurs. J'aimerais croire que nous saurons les remplacer par des mots. Mais quand je regarde l'arbre aux châtiments, je comprend qu'ils ne feront pas le poids face à la violence.
Je ne me sens toujours pas puissante.
Je me sens abandonnée.
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Ce sont les rubans des filles qui ont été tuées.
Ceci constitue bien plus qu'une simple mise en garde.
Il s'agit d'un message.
Bienvenue dans votre nouvelle vie.