AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'établi (63)

Le médecin du travail, tout le monde ici le hait. On l'appelle "le vétérinaire". "Il donnerait une aspirine à un mort", m'a dit Sadok, un jour qu'on l'avait renvoyé de l'infirmerie à l'atelier de soudure au bout d'un quart d'heure. Il était revenu pâle, épuisé, il se plaignait de maux de ventre et disait, en empoignant son chalumeau : "Ce docteur, c'est un salaud." Gravier, qui rôdait, l'avait entendu pester : "T'es pas content? La porte est ouverte. -Non, chef, ça va, j'ai rien dit..." Tous les ouvriers savent que les médecins de Citroën touchent des primes d'autant plus élevées qu'ils accordent peu d'arrêts de travail. Le rendement, pour eux, c'est de réexpédier systématiquement les malades à la chaine.
Commenter  J’apprécie          30
Comment ne pas être pris d’une envie de saccage ? Lequel d’entre nous ne rêve pas, par moments, de se venger de ces sales bagnoles insolentes, si paisibles, si lisses – si lisses !
Commenter  J’apprécie          30
Il y a toujours un « avant », comme pour les records sportifs : ici, on a supprimé un poste, là raccourci le temps d'une opération, ailleurs ajouté dix pièces à faire ; on trouve toujours à rogner une seconde, une minute, un mouvement : ça ne s'arrêtera donc jamais ?
Commenter  J’apprécie          21
Je découvrais cette autre routine de l’usine : être constamment exposé à l’agression des objets, tous les contacts désagréables, irritants, dangereux, avec les matériaux les plus diverses : tôles coupantes, ferrailles poussiéreuses, caoutchoucs, mazouts, surfaces graisseuses, échardes, produits chimiques qui vous attaquent la peau et vous brûlent les bronches. On s’habitue souvent, on ne s’immuniser jamais. (Page 40)
Commenter  J’apprécie          20
Quand on met un ouvrier à une place, on ne manque jamais cette occasion de le remettre à sa place.
Commenter  J’apprécie          20
A l'extérieur, l'"établissement" paraît spectaculaire, les journaux en font toute une légende. Vu de l'usine, ce n'est finalement pas grand-chose. Chacun de ceux qui travaillent ici a une histoire individuelle complexe, souvent plus passionnante et plus tourmentée que celle de l'étudiant qui s'est provisoirement fait ouvrier. Les bourgeois s'imaginent toujours avoir le monopole des itinéraires personnels.
Commenter  J’apprécie          20
Nous avons parmi nous des mouchards de toutes nationalités
Commenter  J’apprécie          20
J'entends déjà la phrase, cent fois répétée, cinglante. "Si t'as pas envie de travailler, retourne chez toi. On n'a pas besoin de fanéants, ici."
Commenter  J’apprécie          20
tout ce par quoi, dans ce dérisoire carré de résistance contre l'éternité vide qu'est le poste de travail, il y a encore des événements, même minuscules, il y a encore un temps, même monstrueusement étiré.
Commenter  J’apprécie          20
Comme je l'ai dit, c'est un mouvement continu, et qui paraît lent : la chaîne donne presque une illusion d'immobilité au premier coup d'oeil, et il faut fixer du regard une voiture précise pour la voir se déplacer, glisser progressivement d'un poste à l'autre. Comme il n'y a pas d'arrêt, c'est aux ouvriers de se mouvoir pour accompagner la voiture le temps de l'opération
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (992) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1736 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}