Citations sur La voix du lac (85)
Elle m’a confié qu’elle voulait écrire, écrire pour de vrai, de la poésie et de la fiction, ce qui était presque plus excitant que son très réel baiser devant la porte. De retour dans la voiture, j’ai découvert que la fleur s’était détachée de son ruban. Peut-être que sa fragrance n’était pas différente de l’odeur habituelle des orchidées, mais pour moi elle contenait le parfum unique de Maddie, aussi singulier que sa voix, basse et rauque pour une adolescente. Maddie ne poussait jamais de petits cris perçants, c’était tout sauf une lolita.
Je suis terrifié à l’idée de franchir la voie centrale et de provoquer un carambolage, pire peut-être. Le présentateur de wold Wallace Wright a été arrêté pour homicide involontaire près de son domicile des quartiers nord-ouest de Baltimore.
“Le journaliste ne peut pas faire la une, Wally, je me dis à moi-même. Concentre-toi.”
Il n’y avait rien de criminel à laisser les assiettes dans l’évier toute la nuit, du moment qu’on les avait rincées. Même si Tattie Morgenstern n’avait jamais laissé traîner ne serait-ce qu’une fourchette dans son évier.
Quand les hommes donnaient leur opinion sur l’actualité, il écoutait avec une patience condescendante, avant de les contredire. Maddie tenta bien de détourner la conversation vers un roman qu’elle avait lu, Les Gardiens de la maison, qui soulevait quelques points intéressants concernant la question raciale dans le Sud, mais Eleanor dit qu’elle n’avait pas réussi à le finir et les hommes n’en avaient jamais entendu parler.
Désormais elle avait trente-six ans, et profitait des avantages de ces deux mondes. Elle contemplait une magnifique jeune femme dans son miroir, toujours jeune, mais avec les moyens de s’offrir tout ce qui conserve la jeunesse. Elle avait une seule mèche de cheveux gris, dont elle avait décidé de ne pas cacher la superbe incongruité. Elle arrachait les autres cheveux blancs.
Tout le monde change, mais les ados boutonneux particulièrement. D’après la formule consacrée, le monde appartient aux hommes, mais on n’entend jamais personne proclamer que le monde appartient aux garçons. Ce constat avait littéralement pris corps sous les yeux de Maddie lorsque Seth était entré au lycée. Elle lui avait expliqué qu’il fallait être patient, qu’il finirait par atteindre la taille de son père, que son visage finirait par être lisse et séduisant, et ses prophéties s’étaient déjà réalisées.
Comme Milton était charmant, et facilement ébloui… Maddie aurait eu du mal à critiquer le culte qu’il vouait aux héros, vu qu’elle en avait elle-même largement bénéficié. Au bout de dix-huit ans de mariage, il lui arrivait encore, dans des moments de relâchement, de la contempler, l’air de se demander comment il avait réussi à remporter un tel trophée.
J’étais une fille imprudente qui était sortie avec la mauvaise personne et qu’on n’avait plus jamais revue. Tu es arrivée quand mon histoire s’achevait et tu as fait de ma fin ton commencement. Pourquoi tu t’es mis en tête de faire une chose pareille, Madeline Schwartz ? Pourquoi est-ce que tu ne t’es pas contentée de rester dans ta belle maison et ton mariage satisfaisant, en me laissant croupir au fond de la fontaine ? J’étais en sécurité là-bas.
Hélène parce que j’étais assez belle pour provoquer une guerre. Je venais de le faire, non ? Je ne sais pas quel meilleur nom tu pourrais trouver. Peut-être pas une grande guerre, mais une guerre quand même, où les hommes se retournent les uns contre les autres, où les alliés deviennent ennemis. Tout ça à cause de moi.
En un éclair, tu m’as montré où je voulais aller et comment y arriver. Il me restait une dernière chance. Un dernier homme.
En te regardant, j’ai compris l’astuce : pour attraper un homme qui a de l’argent, je devrais avoir l’air de ne pas avoir besoin d’argent. J’allais devoir trouver un travail dans un endroit où les pourboires arrivent sous forme de billets, pas de pièces qu’on balance sur la table. Le problème, c’est que ce genre d’endroit n’embauchait pas de Noires, pas comme serveuses.