Quand la ville est bombardée, la famille se réfugie dans la cave d'un immeuble. Carmen invoque ses anges. Elle ne comprend pas la guerre, ou plutôt elle comprend que c'est exactement ça, la guerre, ne plus rien comprendre.
Elles sont ouvrière.
Elles viennent d’Espagne.
Elles ont cueilli des olives en Andalousie, en Estremadure.
Elles ont de la furie scellee des femmes basques. Elles viennent des Asturies et elles sont cousues de souvenirs comme de cicatrices. Elles sont la Catalogne qui tomba en dernier.
Elles sont toutes les femmes espagnoles humiliées et offensees. Chassées . Internées. Massacrées. Fusillées . Assassinées.
Elles sont toutes les immigrantes du monde.
Elles sont toutes Nieves.
Elles sont toutes les femmes du monde
Se remettons à jour du paradis de délices où la vie nous place dans l’enfance?
Elle trouve que l'église est un parti politique comme un autre. Simplement on ne vote pas tous les cinq ans.
Nieves grandit dans une dictature où les femmes où les jeunes filles sont réduites à un rôle d’esclaves domestiques.
Tous les dimanches, Carmen va à l’église en traînant Nieves derrière elle. L’Église est un lieu de sociabilité, c’est aussi un lieu éminemment politique. Il faut s’y montrer afin de se protéger, ne pas éveiller la suspicion des voisins. La peur induite par la répression franquiste est partout.
Au début de l’année 1939, les forces républicaines s’effondrent. Des centaines de milliers de réfugiés espagnols s’enfuient pour gagner la France. Ils seront parqués dans ces camps de la honte que l’État français appelle des camps de concentration.
Elle ne comprend pas la guerre, ou plutôt elle comprend que c’est exactement cela, la guerre, ne plus rien comprendre.
Quand elle est arrivée en France sa compréhension du monde a été mise à mal.La science donne des clefs.La science ne ment pas.C'est pur et beau.C'est au-delà du vernis social,des apparences.(p.85)
Je crois en la beauté. Je crois que la poésie est meilleure école que celle de la société. (p.193)
Je voudrais lui dire mais je ne peux pas,c'est comme si j'avais un grand bâillon sur ma bouche.
Je crois que c'est ça, la honte.
C'est quelque chose qui s'éteint à l'intérieur de vous (..)
La honte,c'est mourir en silence.(p.189)