AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Yeux fardés (52)

L'autorité de la connaissance s'imposait par la conviction plutôt que par la coercition. Je me souviens... Comment était-ce déjà ?... Ah oui. La devise de l'école était la suivante : "Apprendre à Penser, à Ressentir, à Aimer".
Commenter  J’apprécie          60
Germinal et David font partie de ceux qui accueillent à la gare de Barcelone les réfugiés de plus en plus nombreux qui fuient les combats :
De temps en temps, une situation inattendue nous lançait d’étranges signaux d’alerte à propos des merveilles de cette nouvelle époque que nous vivions.
(…) un grand-père avoue à David :
« Je suis républicain, gamin… et… je fuis les gens de mon camp, les républicains… qui sont arrivés en disant qu’ils allaient nous libérer des fascistes. Oui bon, des républicains, c’est vite dit… plutôt une bande d’anarchistes fous qui ont pris la région de Caspe, paraît-il en notre nom. Mais ceux qui ne pensent pas comme eux sont immédiatement exécutés. Nous nous sommes donc enfuis et sommes venus ici car on ne peut aller en zone fasciste, là-bas aussi nous serions exécutés.»

(…) les yeux de ce vieillard, cachés sous les chassies blanches de ses pleurs et de sa pauvreté, restèrent dans ma mémoire.
(…) Ces yeux furent pour nous la première annonce des nombreuses exactions commises pendant la guerre civile. Des injustices, des assassinats, une ribambelle de cruautés qui se déchaînèrent et qui firent remonter en surface la part la plus abjecte de l’être humain. Les pires choses imaginables se produisirent alors. Des folies collectives et des bassesses individuelles d’une férocité déchirante. On tua au nom de la révolution, de la religion, de l’ordre nouveau des fascistes de droite, du surprenant totalitarisme de gauche. On tua au nom de tout, de n’importe quoi et de rien du tout. Je vais vous dire une chose : ce fut une insulte à toutes les valeurs et à tous les droits de l’homme. Oui. Il y eut de l’infamie des deux cotés. Aussi bien dans mon camp que dans l’autre. Je vous assure que oui. N’allez pas croire que j’ai perdu la mémoire et que je n’ai pas honte. Vous vous tromperiez cruellement à votre tour. » (p 173-174)
Commenter  J’apprécie          60
Elle s’appelait Marie. Elle avait un corps ferme et parfaitement dessiné, avec des yeux semblables à deux lentilles de phare lançant des signaux que tout marin aurait su décrypter et qui finirent par ébranler à tout jamais le cœur et les hormones de mon père. Tout à coup, l’Australie était devenue un pays trop lointain. Les îles, les sirènes et les ports si riches qui l’y attendaient furent engloutis par une tempête de sentiments et de désirs impossibles à ajourner, et qui le conduisit à courtiser la jeune fille près d’une bonne année, jusqu’à ce que Marie Guillaume daigne enfin devenir sa fiancée. À l’époque, courtiser Marie signifiait courtiser également ses parents, car ce serait eux qui au bout du compte lui donneraient la permission de l’emmener. Comme chaque fois qu’il entreprenait quelque chose qui lui tenait à cœur, il s’acharna à surmonter l’épreuve du père et de la mère, convaincu qu’il y parviendrait.
Commenter  J’apprécie          60
Et de l’autre, je vais être sincère avec vous : jamais jusqu’à aujourd’hui, je n’ai entendu la voix des fascistes qui ont gouverné l’Espagne pendant quarante ans par le sang de cette guerre demander pardon pour leur responsabilité dans tous ces massacres, qui se prolongèrent longtemps après la victoire. Jamais. Et je n’ai jamais entendu le moindre regret des catholiques non plus, ni une mise au point critique des communistes, ni des républicains de telle ou telle tendance, qui furent cependant souvent responsables d’incroyables atrocités. Alors ce n'est pas moi qui vais me mettre à présent à rendre responsables les miens, les groupes libertaires, de tout ce qui s’est passé. Pendant plus de Soixante ans, tous les acteurs de cette époque ont transformé le mouvement anarchiste en une grandiose décharge où chacun est venu déverser ses propres immondices, pour mieux les cacher. Et il faudrait que ce soit moi qui vienne maintenant y épandre mes propres remords ? non ! il n'en est pas question.
Commenter  J’apprécie          50
Ma mère l'écoutait absolument fascinée. Elle prit conscience de son idéalisme politique dès le premier jour où elle l'apercut, avec ses yeux bleus remplis d'horizon inatteignables, assis discrètement là, dans un coin du Paradis, beau et insolent, lui commandant café sur café, tandis que de son côté elle n'arrêtait pas de rouler des hanches pour lui signifier qu'elle aimait les hommes dans son genre.
Commenter  J’apprécie          40
à propos de la mythique et regrettée école de la mer: Nous apprenions par la compréhension, et non par le fastidieux travail de mémorisation. L'autorité de la connaissance s'imposait par la conviction plutôt que par la coercition.
Commenter  J’apprécie          40
PREMIER ENREGISTREMENT

Parfaitement, monsieur le réalisateur, la Barceloneta des années 1930 était un décor magnifique pour des adolescents comme nous. Et je dis nous parce que ça a été une adolescence chorale, à quatre voix, quatre cœurs amis, quatre pour le meilleur et pour le pire. La bande des quatre, deux filles et deux garçons nés presque en même temps au cours de l’année 1920.

À présent, je vois certainement tout cela avec un regard troublé par la nostalgie, mais j’aimerais tout de même dire que ce quartier, sa configuration, le caractère de ses habitants, les tempêtes sociales de l’époque dans le pays, la tombée de la nuit sur les balcons bourrés de linge, les barques délicatement allongées sur la plage, ou même les vieux paquebots et les cargos agonisant dans le port, dont les sirènes lançaient de profonds hurlements, que tout cela constituait un magnifique décor pour que quatre gamins tels que nous y impriment la trace de leur vie. À bien y regarder, le quartier, la ville, le pays, étaient semblables à une grandiose et pittoresque scène de théâtre où chacun d’entre nous allait jouer son rôle, comme s’il s’agissait d’une pièce qui, comme cela se passe pour les grandes œuvres dramatiques, allait finir par tous nous avaler.
Commenter  J’apprécie          40
Le souvenir du fantastique courage des résistants persiste au fond de moi, la faculté de toujours capter l'imposante grandeur des sans-noms.Ce doit être grâce à eux, ou seulement par eux, que l'humanité tout entière mérite son avenir.
Commenter  J’apprécie          30
Si au lieu de regarder le ciel, tu regardes la Terre, en voyant ce qu'on voit, si Dieu existait vraiment, il faudrait s'en débarrasser tout de suite. Moi je ne crois qu'en l'humanité, et en voyant ce que je vois, je ne suis pas certain de lui conserver longtemps ma foi. (P. 178)
Commenter  J’apprécie          30
C'est sur ces barques, alors que nous devions avoir une douzaine d'années, que Mereia nous annonça qu'elle venait d'avoir ses premières règles et elle nous montra, le plus naturellement du monde, les petites compresses que sa mère avait disposées à l'intérieur de sa culotte pour que le sang ne dégouline pas le long de ses jambes. Normalement, lorsque David et moi assistons aux manifestations de franchise de Mereia, nous tentions de réagir comme des hommes blasés face à n'importe quel élément anatomique féminin mais, ce jour-là, la nouvelle nous prit au dépourvu et nous devîmes tout rouges malgré nos efforts pour ne rien laisser paraître.
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (600) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Littérature espagnole au cinéma

    Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

    Vincent Perez
    Olivier Martinez
    Viggo Mortensen

    10 questions
    95 lecteurs ont répondu
    Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

    {* *}