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Critique de umezzu


Henri Loevenbruck propose un thriller d'espionnage à la française, fortement inspiré par les évènements autour des attentats de 1985-86 et des enlèvements de ressortissants français au Liban qui eurent lieu à la même période.

Marc Masson est un déserteur de l'armée française, un peu idéaliste, qui baroude de pays en pays en Amérique du Sud. Un gars qui suit son instinct et va devoir fuir d'un pays à l'autre face aux problèmes que sa propension à la violence lui crée. Arrivé plus mort que vif en Guyane après une très longue marche dans la forêt amazonienne, il est récupéré par l'armée française. Les services vont lui proposer une alternative aux poursuites : devenir agent clandestin pour la DGSE.
En 1985 commence une campagne d'attentats visant les principaux lieux publics de Paris. La DST et la DGSE s'interrogent sur les auteurs de ces attentats. Peu d'information, des fausses pistes. Un pseudo groupe terroriste revendique ces actes lâches. La terreur met la pression sur les dirigeants français.
Dans le même temps, au Liban, des citoyens français, personnel d'ambassade, journalistes, sont enlevés. Ils ont pour nom : Marcel Carton, Marcel Fontaine, Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat. Philippe Rochot, Georges Hansen, Aurel Cornéa et Jean-Louis Normandin. Leurs noms et leurs visages vont venir ouvrir chaque journal télévisé d'Antenne 2 pendant de long mois.
Le groupe fondamentaliste chiite Hezbollah est suspecté d'avoir organisé ces rapts pour le compte de l'Iran et d'utiliser les otages comme contrepartie au remboursement d'une dette d'État, contractée par la France avec les Iraniens du temps du Shah d'Iran pour le projet nucléaire Eurodif.
Olivier Dartan, l'officier de la DGSE en poste à Beyrouth, s'affaire pour tenter de localiser les otages, ballottés de cachots en geôles dans des sous-sols croupis. Ses découvertes vont l'amener à faire un lien avec les attentats de Paris.

A partir de faits réels, parfaitement remis dans leur chronologie, Loevenbruck créée un thriller prenant. Les chapitres alternent entre le climat de quasi guerre civile au Liban, avec la violence à chaque coin de rue, la formation de Marc Masson, qui se jette à corps perdu dans l'aventure, les attentats, et le quotidien effroyable des otages.
La construction du récit est remarquable. Elle emporte le lecteur dans ces recoins cachés de l'Histoire. Les pages consacrées à la vie des otages sont impressionnantes. L'incertitude est leur quotidien, avec des parodies d'exécution menées par des psychopathes drapés de religion. le fonctionnement des services secrets est un peu dévoilé, même si on devine que beaucoup reste tu. Loevenbruck met l'accent sur l'abnégation des soldats qui s'engagent dans ces services. Ce qu'il écrit est inspiré, d'après ses commentaires, de ce que lui a livré un ex-agent clandestin de la DGSE. A l'arrivée, le tout est fortement romancé (notamment les scènes de torture dans un pays européen, qui paraissent peu crédibles dans le contexte du livre).
Plus le livre avance, plus la (mauvaise) part du monde politique se montre. Les arrières pensées des politiques face aux échéances électorales les conduisent à jouer contre la libération des otages par calcul électoral. Les divisions entre services ne jouant pas la même partition apparaissent. Pas étonnant que les gouvernements successifs n'aient eu de cesse d'unifier le renseignement et la lutte anti-terroriste...
Reste un thriller brillant, haletant, qui est aussi un éclairage sur toute une époque. Celle des ouvertures de journaux télévisés avec le décompte des jours d'enfermement des otages.

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