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Critique de Lililaluize


Je vais être tout à fait honnête, j'ai ouvert ce livre avec un certain espoir, un genre d'affection prématuré malgré tout ce remous autour de Loevenbruck. Une masse frénétique autour de ce roman qui crie au nouveau maitre d'un genre bad boy au grand coeur n'a pas suffit à calmer mes ardeurs, ce qui est peu fréquent.
Arrive cette lecture commune qui m'a permis de prendre en main ce livre et de le découvrir enfin !
Et...
Loupé.
Je range donc mon exaltation feinte.
Loevenbruck et moi, ça ne commence pas par un feeling évident.

Je vais donc enfiler mon armure de suite afin d'éviter de recevoir la caillasse des convertis puisque je risque fort de ne pas être tendre en entrant dans le club des 1% des détracteurs. ( sourire appuyé sarcastique).

"Nous rêvions juste de liberté", le page turner vecteur de grandes émotions pour beaucoup, à l'écriture faussement désinvolte à l'image de jeunes fauchés issus d'un milieu social défavorisé ne m'a pas mise en appétit.
La cocotte siffle et je comprends vite qu'au menu nous sera servi sur une assiette émaillée tous les ingrédients nécessaires pour toute bonne recette qui mijote, et qui, par l'odeur de la nostalgie, a pour mission de nous ramener aux souvenirs de nos premieres amitiés et aux charmes de nos premières contestations, avides d'audace et d'évasion.
Et Loevenbruck est un cuisinier qui ne lésine pas sur la quantité pour mettre en oeuvre sa conception d'un plat représentant la quintessence de son concept existenciel de la liberté.
Pour se faire il nous embarque dans son rad et nous expose dans un premier temps sa tambouille d'un mauvais remake des misérables , la vie des pauvres gens en provinces, version moderne exacerbée, l'à propos et le talent en moins, soit, une bonne louchée de violence interne qui s'extériorise envers et contre tous (sauf sur les pauvres), le récit d'une amitié indéfectible contrariée , de fadaises sur tous ces cons de riches trouillards et sournois qui veulent se bouffer du pauvre ; des parents défavorisés stéréotypés à l'extrême, des "petits cons de pauvres" au coeur tendre qui n'ont pas d'autre choix que de tomber dans la petite délinquance, forcément pardonnables, dégueulassement condamnables, des flics forcément à l'image de Javert face aux Babys John Wayne lycéens , le sadisme des garces de gardiennes et des pervers de gardiens dans les centres de détentions pour mineurs enfermant des nazis mineurs etc etc etc...

Je saturais déjà , un trop de poncifs mène au grotesque.

Alors forcément, on devine déjà la gueule des rêves de liberté qui vont suivre à la mode "chien sauvage" dixit l'auteur , c'était écrit par avance... Rouler, choquer, s'amuser,picoler, se défoncer, baiser...
Hum.
Du lu et relu !
Rien de nouveau sur la planète babybiker.

Bon, finalement c'est risible tout ça sorti de la séquence émotion sirupeuse les cheveux au vent, mais il en ressort quoi au juste ?
-Un bon vieux lieu commun figé dans l'antichambre de la lutte des classes, un postulat à peine voilé mais qui manque atrocement de maîtrise pour me ramener à cette cause.
-Un road trip tout en longueur, j'ai vécu cette grande traversée du désert sans l'ombre d'un sursaut d'intérêt tant cette ritournelle m'a ennuyée.
Pourtant J'aurais pu tomber dans la marmite, tous les ingrédients sont là pour sensibiliser et faire saliver la tablée mais cette recette est bien trop indigeste pour moi.
Loevenbruck a eu la main trop lourde sur les clichés idéologiques qu'il a distillé à chaque étape de la confection. A contrario, Il manque cruellement de profondeur d'analyse dans son fond de casserole libertaire , la pondération aurait été la bienvenue, ça aurait probablement évité la résultante qu'est la caricature affectant ses sujets premiers, que ce soit ses personnages, les inégalités et la liberté, dorénavant bien cramés et calcinés par cette sauce aux formules déconcertantes .
Quant à la finalité... Sans commentaire, on reste dans la même veine liquoreuse pour bien faire pleurer dans les chaumières et si possible, au passage, faire oublier ce trop plein de naïveté dégoulinante vendue sous l'étendard d'un code d'honneur.

La liberté, les classes sociales, les inégalités, l'amitié,... Tout ça est abordé par tant de grands chefs... Tellement plus pointilleux et justes dans leur assaisonnement.
C' est sans aucun doute ce qui ramène Loevenbruck, à mes yeux, au rang d'apprenti sur ce registre puisque finalement, il ne me reste en bouche que la fadeur d'une bien pâle parodie que je vais bien vite oublier.

Je pense donc passer mon tour pour une potentielle tournée de "café gourmand" made in Loevenbruck, du moins pendant un certain temps, j'ai assez soupé.

"On veut la liberté aussi longtemps qu'on n'a pas la puissance ; mais si on a la puissance, on veut la suprématie." Nietzsche.














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