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Critique de afriqueah



Comment, dans un récit de 32 pages , Jack London insère autant de données, c'est une prouesse : W A vient de se suicider, alors qu'il avait peu de temps auparavant hérité l'énorme fortune de son patron, E H ,magnat des tramways.
Au passage, les enfants bien aimés et la femme chérie de ce dernier sont, eux, déshérités.
Le premier coup, ce fut une lettre, et le récit de WA pour expliquer son suicide, consiste en la copie donnée à un de ses amis, d'une suite de menaces, déguisées derrière une formalité polie et même cordiale, adressées à EH.

De quoi est menacé le baron de la finance, qui en rit ?
S'il ne réalise pas 20 millions de dollars en vendant ses actions, et qu'il ne les verse pas à qui de droit, une personne inconnue mourra.

Et elle meurt.
Ces menaces suivies d'effet se suivent, révélant un incroyable cynisme d'un groupement de prolétaires qui refusent de continuer à être des « esclaves salariés ».
Ce sont les « Spadassins de Midas », organisés, déterminés, non pas à faire la révolution mais à s'enrichir, tout en justifiant leurs meurtres et leurs exigences par une critique du capitalisme.
Jack London, en si peu de pages, inverse les rôles (les prolétaires froids et prêts à tuer des innocents, tuant des innocents, et les financiers plutôt sympathiques, riant, ne pouvant s'alarmer d'un mal qu'ils ne peuvent imaginer, de plus méprisant l'argent qu'ils ont mais qui ne les rend pas forcément heureux).
Ou peut être l'auteur effectue-t-il un double renversement : une critique du capitalisme, justement, des injustices tellement frappantes, que les actes désespérés de cette « secte » seraient susceptibles d'éveiller les consciences des possédants, de leur faire peur à bon escient, et de susciter des formes d'actions violentes, prendre l'argent, racketer, s'enrichir « à la place de », non plus par le muscle mais par l'esprit supérieur. Et les meurtres à l'aveugle.
Car ces Spadassins de Midas appartiennent à l'élite intellectuelle, pauvre, mais brillante. Ni le gouvernement, ni les militaires, ni la police, ne peuvent mettre fin à leurs agissements. « Nous sommes issus d'une sélection sociale perverse, et à la force nous opposons la force. Seuls les forts survivront », écrivent-ils.
Pourquoi « Spadassins de Midas » ? Jack London invente avec humour ces hommes de main du roi Midas, si riche que tout ce qu'il touchait se changeait en or. Il ne pouvait donc plus se nourrir, donc l'argent ne sert à rien.

A lire, tellement les analyses peuvent être différentes, à lire.
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