Je ne vais pas m'étendre sur la qualité d'écriture et de narration de London, ce serait enfoncer une porte ouverte. le style est toujours aussi simple et pur, sans fioriture. Par ailleurs, le choix de faire s'alterner deux genres: d'une part le réalisme, dur, montrant la vie d'un forçat de la fin du 19ème aux Etats-Unis et de l'autre le fantastique, est génial. Il tient en haleine le lecteur jusqu'au moment de la bascule, toujours très attendu, même s'il peut être un peu frustrant de quitter nos personnages éphémères. Leurs aventures font un écho superbe à l'histoire de notre héros. Chaque expérience permet de mieux comprendre sa psychologie comme à un jeu de poupée russe:
c'est par une construction psychologique et physique héréditaire, traversant les âges, que l'on obtient le caractère courageux, insolent et la carrure vigoureuse de notre malheureux héros.
Le plus marquant pour moi est la référence christique d'une des aventures contées : les périodes de jeûne, la condamnation injuste établie par un tribunal démocratique, les blessures profondes infligées au personnage, la supériorité morale du condamné sur ses juges: de quoi nous questionner sur le pouvoir démocratique, sa justice, sa morale et son "évolution" en plus de 2000 années de construction. L'auteur nous rappelle que le despote éclairé, Ponce Pilate, était favorable à la grâce et que ce n'est que sous la pression du nombre qu'il a flanché. On ne me fera pas changer d'idée qu'il n'y a pas plus bête qu'une foule. Au sens propre comme au figuré. Jack London avait dû lire notre cher Gustave le Bon et sa "psychologie des foules".
Le pouvoir de l'esprit. Autre grand sujet. N'est-on pas en train de démontrer par la science son pouvoir. Je pense tout simplement à l'effet placebo ou nocébo en médecine, aux pouvoirs de l'hypnose, au pouvoir "surhumain" d'un IceMan (
Wim Hof) capable, par sa volonté, de rester immergé dans un bain de glace plus d'une heure. Notre société matérialiste a tellement tendance à le sous-estimer, voire à le moquer. Il est rappelé dans la préface que l'auteur se base sur des faits réels, qu'il a lui-même reçu en témoignage d'un des personnages du roman. Quel crédit peut-on y accorder ?! Je fais le pari de Pascal: je préfère y croire, sait-on jamais. Qui n'a jamais rêvé d'un tel voyage ?
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