Pennyroyal Green, tome 9 : Une Insupportable Charmeuse

Il avait envie de la protéger, elle et tous ceux qui faisaient de Pennyroyal Green le village cher à son cœur.
Sans doute était-ce égoïste, mais il voulait aller et venir à sa guise – partir à la guerre, explorer des contrées exotiques – et à son retour retrouver ces gens inchangés, à la place exacte où il les avait laissés.
Il sourit à Polly, qui rougit et s’agita nerveusement. Tel était le pouvoir du sourire de Ian Eversea. Il n’en était pas avare et ne se lassait pas de voir les femmes se troubler.

Son visage, sa façon de parler étaient ceux d’une femme qui sait où est sa place et qui s’y trouve bien. Sa gentillesse et sa chaleur réconfortèrent Tansy, bien plus que l’exquise amabilité du duc et de la duchesse.

Elle savait simplement qu’elle n’aimait pas la nuit, ni le silence, et qu’elle détestait la solitude.

Elle comprenait suffisamment bien l’italien pour se rendre compte que son soupirant lui susurrait des choses qu’un gentleman n’était pas censé dire à une jeune femme convenable. Des choses touchantes, dangereuses, et parfois déroutantes.
Il lui murmurait qu’il adorerait l’embrasser. Qu’elle avait des lèvres pareilles à des pétales de rose. Des seins palpitant comme des oisillons dans son décolleté. Une peau de pêche. La faune et la flore revenaient souvent dans ses compliments.
Il disait aussi qu’il ne se contenterait pas de la couvrir de baisers. Qu’il lui ferait… Elle regrettait de ne pas connaître l’argot italien ; c’était bien dommage, car cela lui aurait sans nul doute ouvert des horizons.

Cette fille était un danger pour elle-même. Il avait intérêt à lui dénicher rapidement un mari convenable.
Ce ne serait pas difficile, mais d’ici là, il devrait la protéger. Ce qui ne serait pas non plus trop compliqué : les types dotés d’un tant soit peu d’intelligence avaient peur du duc de Falconbridge, et les imbéciles ne comptaient pas.

Un genou était capable d’exprimer une foule de choses formidables, songea-t-il. Par exemple, qu’il était aimé, incroyablement heureux et pouvait donc se montrer charitable, puisque la ravissante et tendre jeune femme assise à son côté était tout à lui.