La malédiction des Flores d'Angelina Lopes
Éditions du Seuil
Anciennement la famille Florès se nommait Oliveira, c'était avant que les gens du coin ne la renomment Flores à cause de leur maison aux volets bleus au jardin fleuri. La famille Flores fut maudite, sur sept générations, à cause d'une mariée et d'une gitane bafouées. Ainsi les hommes périssent dans la fleur de l'âge, les femmes de la famille font des veuves et pleurent leurs fils.
Les femmes Flores et leurs amies ont créé la communauté des dentellières de Bom Retiro, une source d'entraide, les femmes gagnent leur vie grâce à leur talent et leurs créations en dentelle, elles gagnent surtout la liberté et leur émancipation dans ce brésil du début du XXème siècle où le patriarcat est un joug.
Rio, 2010. Alice, numéro six dans la lignée des Florès, fille moderne, militante, aux amours plurielles, non genrées et aux cheveux bleus se voit gratifier d'un voile en dentelle par une obscure tante. Un cadeau d'outre-tombe dont elle n'a que faire, elle qui ne s'entend pas avec Véra sa mère et qui sait si peu sur sa famille. Alice s'aperçoit que le voile est accompagné d'un bout de papier jauni qui semble avoir traversé le temps lui aussi et qui n'est autre qu'un code. Chaque point utilisé sur le voile correspond à une lettre et le tout raconte une sombre histoire. Celle d'Eugenia.
« La vie est comme une dentelle, mon enfant, les faits s'entremêlent et prennent une certaine forme. S'ils s'étaient assemblés autrement, le tableau serait différent. Chaque histoire est unique »
Déchiffrer le code, c'est entrer de plain-pied dans l'histoire de la famille, une histoire de transmission, de résistance, de sororité. Alice va, alors, faire le voyage jusqu'à Pernambouc et comprendre la tragédie des femmes mariées contre leur gré, qui ne s'appartiennent pas et la toute-puissance des maris qui sur leurs épouses ont droit de vie ou de mort.
Ce roman sur la mémoire, la transmission, sur la résistance et sur l'avènement du féminisme au Brésil est une pépite ! La fiction et
la malédiction des Flores s'ancrent dans la réalité des dentellières et de l'association pour les femmes Ave Libertas qui ont réellement existé.
J'ai adoré ce roman à la forte portée symbolique mais je regrette qu'une petite table généalogique n'apparaisse pas en début de roman afin d'en faciliter la lecture et le suivi des aventures d'Inès, Eugenia, Vittoria, Firmina, Helena, Cândida, Carmelita et Das Dores.