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3,68

sur 655 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Poétique de la racaille

Le livre est passionnant par son style car il est travaillé pour aller à l'essentiel. Il colle au plus près des choses et du temps en passant par des motifs. D'où les chapitres courts.

Il restitue le quotidien, dans une langue simple et directe où il mélange des descriptions précises et le parler populaire de la racaille. « Je lui nique sa race au tas de ronces ». le style commence dans la précision, le corps à corps attentif de tous les protagonistes et il se musicalise au fur à mesure que l'émotion monte. C'est ce qui me plaît le plus dans ce livre : sa langue précise qui évacue tout "résidu de flux" comme le dit l'auteur. On est au plus près du réel, qu'il s'agisse d'un combat de boxe, contre les ronces, contre l'eau de la piscine, d'une balade en vélo ou des grandes lèvres d'une jeune fille...

Et puis ces gens, on les connaît, on les reconnaît, souvent des petites gens, des anonymes. La force du livre vient de l'absence de fioriture de dispersion; David Lopez ne parle que de ceux qu'il connaît depuis longtemps. Il réinvente cette microsociété de ces souvenirs.
L'histoire

Jonas nous raconte sa vie en courts chapitres. Avec ses potes, pour tuer le temps, ils se roulent et partagent des joints. Ils ont chacun leur personnalité, ce ne sont pas des mauvais garçons mais ils savent la crainte qu'ils inspirent chez les jeunes bourges aux pantalons serrés.

« Il y a une telle fragilité qui se dégage des gens bien élevés »

Jonas sort d'un combat de boxe avec un nommé Kerbatchi, il a perdu, il a morflé. Il aura une deuxième chance vers la fin du roman. Jonas fume beaucoup, il tire des lattes des ses spliffes.

Il ne se passe pas grand chose. C'est une chronique de petits durs, dans une zone géographique jamais nommée, autour d'un canal, une ville et ses deux collines où d'un coté il y a les riches, de l'autre ce sont les tours, la zone commerciale et la cité scolaire.



A la salle de boxe, il mène et décrit l'échauffement avec Sucré l'ami, Virgil le boxeur parfait, et le petit jeune de 14 ans qu'il faut entraîner. le shadow, boxer contre l'invisible. Les gants pattes d'ours pour l'entraînement. Suer jusqu'à tremper tout le maillot.

Sonner à un pavillon à l'abandon, Romain accueille ses nouveaux amis, on joue à la console, on se fume des pétards, Ixe cultive de la beuh au fond du jardin. Débarquent Untel, le renoi, avec Lahoiss qui va leur parler de Candide,Voltaire.

Chapitre avec le pater, qui fume aussi, d'abord sur le canapé, puis au foot. Prendre son vélo et rouler le long du canal. On assiste à un match de football entre amateurs, avec les habitués. le rôle de Jonas est de compter à chaque fois que son père touche le ballon.



Qu'est-ce-qu'on fait quand on ne fait rien...

La vie suit son cours dans la petite bande de Jonas. Untel vient vendre du shit à son daron dans le petit pavillon au bord de la nationale. Les gars s'improvisent une dictée avec quelques lignes de Céline.

Jonas a un rendez-vous galant avec une jeune fille qui lui laisse faire certaines choses et s'endort après.

Mr Pierrot lui donne une deuxième chance avec le boxeur qui l'a battu. Mais à l'entraînement, après les trois pétards qu'il a fumé, il se fait mettre minable par Sucre et Virgil, juste avant de se ressaisir. Mr Pierrot, son vieil entraîneur (et on voit le vieux Mickey (Burgess Meredith) dans Rocky) l'a bien décrypté: Jonas n'aime pas prendre des coups. Même quand il était gamin et qu'ils se lançaient des marrons à l'automne, il s'efforçaient d'ésquiver. Séquence nostalgie avec un chapitre sur les vacances. Les bandes autour du terrain de basket, la table de ping pong et la mare, dans laquelle les ballons tombent, qui gèle à l'automne. Et le shit, dont l'importance augmente dans leur vie. On appelle ça la dépendance. Sauf que pour la bande, ça devient la normalité.

Tout a changé d'un coup dans la maison de Romain : ils ont taillé la jungle hostile, presque transformé en jardin de Versailles. Les plants d'herbe sont contaminés par un champignon. Ixe est énervé: Untel est en prison. La réalité les rattrape. On invente un jeu où il faut se mettre minable. On part en ville en voiture. Dans un bar, on fait un peu d'esclandre, on se fait remarquer. Lahuiss leur vieux pote ne les snobe pas et leur donne une bonne adresse, une soirée dans une villa. Et il y a Wanda...( et résonne dans ma tête le refrain de Bashung je vais chez Wanda et ses sirènes, et ses sirènes...).





Les garçons s'incrustent dans une fête et on se demande comment ça va se finir. Oh, pas de grands drames... Mais l'alcool aide au pétage de cable...

Dans une villa avec piscine, il y a Wanda en maillot de bain qui lui parle de photographie, il y a une coccinelle à qui il faut sauver la vie, peut-être le plus beau chapitre du livre.

A coté de leur ville, il y a la forêt toute proche, le plaisir de faire un feu de bois et de le regarder brûler.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Fief a tout pour plaire :
D'abord, un sujet intéressant, l'histoire du jeune Jonas qui vit avec ses potes losers dans une zone péri-urbaine, entre la ville et la campagne, là où rien ne se passe vraiment, là où la poésie peut être de bitume ou d'herbe, dans les deux sens du terme, mais pas de forêt luxuriante ni d'immeubles à la française.
Ensuite, une langue, là aussi dans les deux sens du terme (la scène du cuni est mémorable). Une langue belle, nouvelle, moderne et poétique.
La langue, c'est d'ailleurs le personnage principal de ce roman contemporain qu'on lit, qu'on chante, qu'on scande comme on déclame un slam.
Lopez est à suivre. On attend la suite.
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L'étonnant langage, actif et tranquille, d'une poésie des horizons bouchés.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2017/10/02/note-de-lecture-fief-david-lopez/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Lu en 2018. Je n'avais pas "kiffé grave" ce premier roman, mais un petit "kif" quand même.
Une écriture assez déstabilisante, oscillant constamment entre deux styles et deux rythmes distincts : d'un côté, cet univers limite claustral et ce manque de respiration dans la narration (langage wesh-wesh) et de l'autre, de belles échappées littéraires, voire poétiques, avec notamment les passages consacrés à la boxe.
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Jonas et ses copains, la vingtaine, vivent en France entre la banlieue et la campagne, sans réelle perspective d'avenir. Leur quotidien : boire, fumer du shit, jouer aux cartes, s'insulter … et jouer à la boxe pour Jonas. Ils se sentent exclus de la société. Au fond, ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ne demandent qu'à s'occuper mais ne font rien pour évoluer. Comme s'ils se complaisaient dans leur malheur. Ils disent même que « réussir c'est trahir ». Pour augmenter ce fossé qui les sépare des « autres », David Lopez utilise un langage familier, un peu déroutant au début, qui va rapidement nous conforter dans ce fief instauré par cette bande de potes. Il y a un fort contraste entre le quotidien de ces jeunes et les pensées plus profondes, réfléchies et soutenues qui assaillent Jonas sans qu'il n'aille au bout de ses capacités. Aussi bien intellectuelles que sportives.

Les tentatives d'éducation de Lahuiss, celui qui a un peu mieux réussi que les autres dans la vie parce qu'il a étudié, sont drôles, percutantes et atteignent leurs cibles de manière éphémère. Elles constituent un moteur pour pousser la bande à aller de l'avant et à sortir de sa condition marginale. Mais en ont-ils vraiment envie ?

J'ai bien aimé cette immersion dans un autre monde, ce fief, très enrichissante d'un point de vue personnel. C'est un thème qui est je crois peu abordé en littérature de manière aussi franche, cette réflexion sur la jeunesse perdue et son quotidien. Finalement, il s'agit d' un roman percutant, coup de poing sans doute grâce au vocabulaire, à la brutalité des mots entre langage argotique et poétique. L'écriture, grave, nous atteint de plein fouet et nous fait prendre conscience de l'impression de certains de se sentir différent et exclu, face à une certaine fatalité. Chacun à sa manière est attendrissant, humain et rien que pour cela, cette histoire ne peut laisser personne indemne.
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📕 Résumé : Quelque part entre la banlieue et la campagne, là où leurs parents avant eux ont grandi, Jonas et ses amis tuent le temps. Ils fument, ils jouent aux cartes, ils font pousser de l'herbe dans le jardin, et quand ils sortent, c'est pour constater ce qui les éloigne des autres.
Dans cet univers à cheval entre deux mondes, où tout semble voué à la répétition du même, leur fief, c'est le langage, son usage et son accès, qu'il soit porté par Lahuiss quand il interprète le Candide de Voltaire et explique aux autres comment parler aux filles pour les séduire, par Poto quand il rappe ou invective ses amis, par Ixe et ses sublimes fautes d'orthographe. Ce qui est en jeu, c'est la montée progressive d'une poésie de l'existence dans un monde sans horizon.
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. 📕 Mon Avis : Une amie m'a offert ce livre des @editionsduseuil en me disant qu'elle en avait lu de bonnes critiques. Je me suis lancée et j'ai adoré ! le livre est écrit en langage familier mais c'est ce qui fait son charme et le rend atypique.
Ce qui est incroyable avec ce roman est me fait qu'il ne se passe pas énormément de choses, dans le sens ou il n'y a pas de suspens etc ..., pourtant j'ai été happée par le roman et est vraiment eu du mal à la lâcher. Je suis même frustrée de l'avoir terminé !
Le moment que je retiens en particulier sont les deux pages où l'un des personnages nous raconte Candide de Voltaire en langage de la té - ci. Une lecture vraiment agréable je recommande.
Lien : https://www.instagram.com/la..
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C'est humble, sans pose, ça respire l'empathie. de très belles lignes sur le noble art. Et puis ce chapitre sur la dictée...rien que pour ça ce roman mériterait d'être lu.
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J'ai trouvé ce livre dans le carton de livres lors du déménagement de Zack, j'ai commencé à la lire et puis le déménagement était fini alors j'ai acheté mon exemplaire.
C'est l'histoire d'un jeune boxeur à potentiel qui n'est pas allé au bout de ses capacités pour profiter des copains, et fumer de l'herbe, et jouer aux cartes. Il aime bien une fille mais elle prend sans donner, alors il ne sait plus trop sur quel pied danser.
C'est bien écrit, simple, incisif, un peu gris, un peu triste, l'ennui du quotidien et les univers dans le même univers qui s'entrechoquent. Quelle route choisir et pour combien de temps a-t-on encore le choix?
Premier roman de l'auteur.
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Fief, lauréat du Prix du Livre Inter en 2018, traite d'une jeunesse désoeuvrée dont l'espoir a fondu comme neige au soleil. Les jours passent et leur monotonie avec. Seule distraction, un joint puis un autre pour tromper l'ennui, un verre d'alcool puis un autre pour oublier que la vie est chagrin. La boxe et quelques rencontres amoureuses leurs font croire par intermittence à la vie, mais le mal est trop profond pour que la foi subsiste.

David Lopez avec beaucoup d'empathie et de tendresse a su recréer le désespoir résigné de ces jeunes liés par une amitié forgée par leur exclusion et les codes qu'ils se sont créés, pris entre le regret de l'enfance ou tout était encore possible et le vide de ce que sera sans doute leur vie d'adulte.

Malgré tout ce vide existentiel désespérant, on ne peut s'empêcher de rire lorsqu'il nous livre ces moments de littérature cocasses comme quand Lahuiss essaye d'expliquer aux autres le Candide de Voltaire ou qu'il leur fait faire une dictée tirée d'un texte de Céline.

À l'instar de ces multiples fautes d'orthographe, la narration de Fief peut se révéler déroutante car l'auteur a intégré tous les dialogues à la narration de Jonas ce qui donne un texte dense mais qui reflète bien leur façon de parler : untel dit que ...... et l'autre dit que ..... en plus d'un langage « verlan » et autres mots tirés de l'argot contemporain qui pourraient perdre de multiples lecteurs. On sent que David Lopez a été formé au rap, il fait la part belle aux dialogues, tout dans le rythme et la musicalité des phrases.

Ne vous attendez pas à des rebondissements et à des scènes d'action, en réalité tout repose sur une atmosphère et un univers qui sont propres au romancier. Fief c'est l'histoire d'une génération contée au travers de récits intimes d'un narrateur à la personnalité atypique qui multiplie les introspections personnelles. C'est surtout l'histoire d'un groupe d'amis qui sont en quête d'une identité, d'un avenir tout en fumant des joints.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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très bon livre
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