Elle est ma faille depuis le premier jour, celle qui révolutionne mon univers.
Mon coeur s'est rempli d'amour pour cet homme fissuré de toutes parts qui porte à bout de bras ce qui lui reste de famille et son royaume.
– Embrasse-moi, je lui ordonne.
– Non.
Elle a appuyé ses mains sur le revers de ma veste de smoking ; pour autant, elle ne me repousse pas. Au contraire, elle me nargue de ses grands yeux splendides. Je remonte la main sur l’arrière de sa nuque.
D’habitude, j’aime les cheveux longs chez une femme. Chez elle, j’adore le contact de la peau nue de son cou dans ma paume. Je glisse mes doigts dans ses mèches courtes et approche mes lèvres de sa bouche. Son petit sourire ironique me dit qu’elle s’amuse avec mes nerfs. Furieux, je prends le joli cadeau qui s’offre à moi : je vais à la rencontre de sa langue, joue avec et la mange, comme promis.
Elle grogne sous mes légers coups de dent puis soudain, c’est elle qui prend le contrôle. Elle enfouit ses mains dans mes cheveux blonds et enfourne sa langue tentatrice dans ma propre bouche ! Jamais une femme n’avait essayé de me dominer !
Chapitre 2 :
Elsie
«… Il se raidit à mon entrée, me détaillant avec désapprobation.
Oups, j’aurais peut-être dû me changer. Tant pis, c’est trop tard maintenant.
– Qu’est-ce que je fais ici ? lui demandé-je, ne pouvant retenir mon ton revêche.
Son soupir exaspéré s’entend à travers toute la pièce ; à mon avis, mes lacunes en protocole karanien sont la cause de son agacement. Ne sachant que faire, je reste plantée à la porte.
– Vous ne connaissez pas les bonnes manières, mademoiselle MacNee. Peut-être parce que vous êtes boursière ? me lance-t-il.
Sous l’insulte puant le snobisme, je redresse les épaules. Il est peut-être roi mais je ne l’autorise pas à me rabaisser !
– Pour qui vous prenez-vous ? Mes parents m’ont bien élevée ! J’ai mérité cette bourse ! m’exclamé-je hors de moi en marchant vers lui, les poings fermés au bout de mes bras tendus.
Il recule de plusieurs pas comme s’il craignait que j’envahisse son espace vital. Ses pectoraux roulent sous sa chemise sous l’effet de sa respiration devenue lourde. Il tente de maîtriser son ressentiment devant mon manque de bienséance malgré l’absence d’émotion apparente sur son visage ; je le lis dans ses yeux en mouvement.
– Je sais. Vous avez obtenu les meilleurs scores dans toutes les matières.
Je bosse dur pour ça !
– Comment le savez-vous ? lui demandé-je, encore plus sur mes gardes.
– Aussi piquante que les chardons, murmure-t-il pour lui-même.
Il n’a encore rien vu s’il continue ainsi ! ...»
Chapitre 2 :
Elsie
«… Sa présence suffocante alourdit l’air autour de moi, je dois prendre une grande aspiration avant de détourner mes yeux des siens, qui seraient capables de vous clouer d’un seul coup sur une croix. Il n’est pas dupe de mon envie d’être ici, ses mâchoires carrées se contractent sous l’effet de ma réponse laconique qui pue l’ennui.
Bordel, je viens de contrarier le roi de Karanie.
– En fin de compte, je vais déjeuner avec vous, déclare-t-il.
– Super ! s’exclame son frère cadet, ravi, qui ordonne aussitôt de rajouter un couvert en bout de table.
Merde, non ! Il vient de me couper l’appétit avec son regard sur moi qui en dit long sur son mécontentement.
Pourquoi suis-je aussi tendue ? En temps normal, je suis à l’aise partout, avec tout le monde. Mais le roi me déstabilise complètement. Il faut dire que son statut de monarque a de quoi impressionner, pas par son titre, en ce qui me concerne, mais par la façon dont il le porte : comme une armure à travers laquelle se dégage une aura fascinante de puissance et d’autorité...»