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Critique de delphp


"J'ai tout vu de la mort sans rien connaitre de l'amour."

Marceline a 16 ans en 1944, quand, déportée à Auschwitz, elle est confrontée pour la première fois au corps de l'Autre, contrainte de se tenir nue devant des centaines d'étrangères, pour être examinée, tatouée et rasée.

Dans les douches, elles observe ces corps nouveaux qui ont encore des formes, qui sont encore humains. Elle y remarque celle qui sera sa voisine de paillasse pendant une année de concentration, celle dont l'amitié durera toute une vie, Simone Veil, parce qu'elle est "la mieux roulée d'entre toutes".

Une année en enfer durant laquelle elle subira le pire de la violence, de l'humiliation, durant laquelle son corps ne sera que souffrance et dont la seule assignation sera de ne pas céder.

Mais lorsque l'on s'éveille ainsi à la nudité, à l'altérité des corps, comment fait-on, après?

Comment aime-t-on après, quand on a appris à n'être rien ?

"Je me cherchais dans les regards et je ne voulais pas y voir mon âme perdue."

A son retour des camps Marceline est une jeune femme qui lutte pour ne pas être une survivante.

Mais elle ne sait pas aimer.

Dans L'amour après, Marceline Loridan-Ivens replonge dans ses souvenirs et raconte son rapport à l'amour, plus que ses rapports amoureux.

Elle a vécu comme un femme libérée, allant d'homme en homme, semant chaos et désespoir, comme en témoignent les extraits de correspondances qu'elle nous livre, où l'on retrouve un Edgar Morin résigné, un Georges Pérec, fou d'amour.

"Je m'entrevois, si indécise, si dure plutôt que de me laisser voir en miettes."

Car au fond elle ne fût jamais libre.

Jusqu'à Joris.

Car il s'agit là encore d'une déclaration d'amour passionnée à celui qui fût son second mari, et qui lui permis enfin d'être elle-même.

L'amour après est un récit passionnant, sublimé par une plume vive, emplie de gaieté.

Marceline Loridan-Ivens, accompagnée de Judith Perrignon, s'y dévoile avec pudeur, mais sans voile, et avec une simplicité absolument bouleversante.

Au-delà de la vie de l'auteure, L'amour après éclaire les enjeux du rapport au corps brutalisé, aux chairs traumatisées et de la reconstruction de ces "âmes perdues" que sont, d'une manière générale, les victimes de violences.

"Mon corps n'était plus un enjeu enfin."

L'amour après souffle l'espoir, le lâcher prise, l'abandon...

Marceline Loridan-Ivens est magnifique, d'une rare modernité.

Elle donne envie de vivre, elle donne envie d'être libre.

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