J’ai mis du temps avant d’oser peindre. C’est déjà si beau avec la fenêtre. Pourquoi vouloir enfermer toute cette beauté dans un cadre ? Je n’ai toujours pas la réponse. Mais pendant que je peins, je touche le silence.
Aimant déjà ailleurs, Bergman ne vécut pas trop douloureusement ce triste épilogue, qui marquait toutefois la fin du plus beau chapitre de sa vie, laquelle abordait une nouvelle saison, dont elle devina qu’elle serait probablement la dernière.
Apparemment, personne n’était sorti victorieux de la guerre des volcans. Les deux films avaient été des pétards mouillés, les actrices y avaient perdu des plumes et même de leur prestige. Prises au piège de leur nom, de leur passion, et d’un voyeurisme dévorateur, elles avaient assisté, impuissantes, à l’autopsie de leur coeur mis à nu sous le feu des projecteurs. Et pourtant, elles ne s’étaient jamais reniées, ne transigeant en rien sur leur liberté et leur dignité. En cela, elles se rejoignaient admirablement, soeurs dans une adversité qui les avait cependant laminées.
« Voilà à quoi je ne me résigne pas, ne pas vivre. »
Ainsi prit corps leur amour, qui n’était peut-être qu’une chimère, mais que rien ne paraissait pouvoir détruire, depuis qu’ils avaient tourné le dos à ce monde de vieux et de peureux.
La fin d’une histoire d’amour, c’est une liste de choses qu’on n’accomplira plus ensemble.
"La fin d'une histoire d'amour, c'est une liste de choses qu'on accomplira plus ensemble"
Cher Monsieur Rossellini
J'ai vu vos films Rome, ville ouverte et Païsa, et je les ai beaucoup aimés. Si vous avez besoin d'une actrice suédoise qui parle très bien l'anglais, qui n'a pas oublié son allemand, qui n'est pas très compréhensible en français et qui, en italien, ne sait dire que "ti amo", je suis prête à venir faire un film avec vous.
Meilleures salutations.
Ingrid Bergman.
[…] Son rire déclencha les flashes et elle commença à accorder à chacun son sourire angélique. Les photographes échangèrent bientôt des regards admiratifs. Cela les changeait des vamps et de leurs œillades. Cette femme ne se contentait pas de fixer l'objectif, elle leur offrait son âme. Elle leur apportait aussi l'Amérique et son aura, avec une telle gentillesse qu'ils succombèrent à leur tour à son charme. Le cinéaste le devinait. La magie opérerait. Il s'effaça derrière la magicienne.
L’essentiel dans la vie, ce n’était pas l’exactitude, mais les libertés qu’on prenait et qui ne s’accommodaient pas toujours de la vérité.