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Critique de JacquesBonhomme


Voilà un traité d'esthétique du déchet dispendieux.
Belle Époque mais pas Années Folles, c'est un peu le pendant européen à Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald (si, si, j'ose). Mais le glamour agaçant des Américains n'a pas droit de cité ici. Je m'en trouve très bien personnellement.

Les Noronsoff constituent un tourbillon narratif délicieusement fin-de-siècle, avec le cortège d'images foutraques et maladives qui vont avec, option luxe oriental grand teint, lubies d'aristocrates désoeuvrés, fin de race et mépris de classe; voire à l'occasion une touche de Fragonard pour le parfum d'alcôve et l'hommage nostalgique à la licence XVIIIème. Pour ce goût de moisi je suis bon public (j'ai raté hélas l'examen de gendre idéal). Pour faire bon poids, Lorrain ajoute le vocabulaire idoine tout aussi délicieusement suranné (oaristys ou oarystis, c'est une question orthographique qui agite les foules) et les références appuyées à Suétone, aux turpitudes de Néron, à l'extravagance d'Héliogabale, aux nymphes, à Adonis. Pour cet hommage érudit à l'Antiquité j'applaudis (j'ai réussi haut la main l'examen de cuistre).

Ceci dit, dans le genre (le mauvais genre) on peut tout de même trouver plus vénéneux. Cette lecture est fort plaisante, scandaleusement charmante, avec quelques rebondissements - le pus et la malédiction bohémienne sont servis à discrétion - mais je m'attendais à un feu d'artifice légèrement plus coloré après la grosse dose d'humour du début. Movere, docere, placere: je me suis demandé si c'est consciemment ou non que Lorrain aurait gardé sur ce Néron moderne (et sa mère dédoublée) un fond de point de vue moral de Suétone et de Racine . Mais rassurez-vous, l'auteur n'écrit pas pour l'édification des rosières. On reste là dans une joyeuse série B et un sympathique concerto de l'agonie.

Alors, on ne va pas bouder son plaisir. Vous reprendrez bien un peu de décadence ?
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