Tous les indices et les témoignages suggèrent que Modi déménagea de nombreuses fois dans les premiers mois. Il fut un temps locataire dans le bâtiment le plus curieux du village (Montmartre), qu’on appelait le Bateau-Lavoir.
Tel qu’on pouvait le voir d’une terrasse située à mi-hauteur de la butte Montmartre, le Bateau-Lavoir était une petite construction de plain-pied. Il fallait y entrer et suivre les longues coursives en bois ou descendre aux étages inférieurs pour comprendre ce sobriquet de « bateau ». Les « cabines » étaient de petits ateliers disposés de part et d’autre de la coursive, portant chacun le nom d’un artiste. D’après les historiens d’art, tous ceux qui ont compté dans l’art moderne européen ont vécu et/ou travaillé là à un moment ou un autre, surtout ceux qui n’avaient pas d’attaches familiales à Paris. Picasso, qui habitait à coté, y possédait un atelier, de même que son compatriote Juan Gris et le peintre néerlandais Kees Van Dongen. Max Jacob, qui était sans doute le personnage littéraire le plus intéressant de l’endroit le surnommait « l’Acropole du cubisme ».
« Modigliani n’étire pas les visages, n’accuse pas leur asymétrie, ne crève pas un œil, n’allonge pas un cou. Tout cela s’organise dans son cœur. […] Son dessin était une conversation silencieuse. Un dialogue entre sa ligne et les nôtres. Et de cet arbre si bien planté sur ses jambes de velours, de cet arbre à jambes, de cet arbre si sûr à déraciner lorsqu’il prenait racine, les feuilles tombaient et jonchaient Montparnasse. » Jean Cocteau