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Critique de Kirzy


Dès les premières pages, Jérôme Loubry embobine le lecteur avec une mise en abyme qui l'amène à découvrir le village de Montmorts à travers le manuscrit que lit une journaliste débutante. Elle est en route avec une mystérieuse jeune femme, celle qui lui a confié le dossier et lui promet un scoop sur les événements sanglants qu'a connu Montmorts. La journaliste est totalement happée par la puissance du récit, sur les traces de Julien, nouvellement nommé chef de la police, chargé par le maire et propriétaire de ce village privé, d'enquêter sur la disparition de sa fille, retrouvée morte au bas de la montagne qui surplombe le village, à l'endroit même où des siècles plus tôt, des femmes étaient précipitées après leur procès en sorcellerie.

Jérôme Loubry a un vrai talent pour installer une atmosphère étrange, très immersive, avec de belles références à Stephen King. J'ai eu l'impression de faire partie de la drôle de communauté de ce village inquiétant. Des jalons très sensoriels et visuels sont semés pour troubler le lecteur qui sent bien que quelque chose ne va pas dans ce village paumé mais rutilant, truffé de caméras de surveillance dernier cri que le maire multimillionnaire à acheter. Mais au départ, impossible d'identifier l'origine du malaise. Les habitants ont l'impression d'entendre des voix, peut-être celles des sorcières à travers les saules dans un village marqué par la sorcellerie, des voix qui semblent tout savoir de leur passé, de leurs remords. L'auteur a la très bonne idée de proposer une playlist en exergue et je dois dire que le choix de Sigur Rós est excellent et colle parfaitement au roman.

Le problème avec les récits qui flirtent avec le fantastique, c'est souvent la résolution. Soit l'auteur reste sur sa ligne surnaturelle qu'il a distillé durant tout le long, soit il change de braquet pour revenir sur des fondements rationnels, un peu comme dans Scooby-Doo.

Et là, si j'ai adoré me laisser envahir de doute dans la première moitié, j'ai un peu décroché dans la deuxième car j'ai commencé à repérer certaines ficelles ( pas toutes ), et le récit a perdu de sa consistance. L'écriture, très impersonnelle dès le départ, m'a semblé plus fade. Bien que la résolution soit totalement cohérente, bien amené avec tous les indices présents dès le départ, ce déballage scientifique fait à la toute fin par un « méchant » m'a agacé. Je n'aime pas les monologues des méchants bavards, je trouve que c'est une facilité à laquelle recourent les auteurs pour balancer leur dénouement quitte à l'étirer. Et j'aurais préféré que l'auteur continue à creuser son sillon fantastique.

Reste que ce thriller psychologique est très plaisant à lire, addictif, divertissant avec sa manière maline de manipuler le lecteur jusqu'au twist inattendu.
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