AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 106 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Aphrodite / Pierre Louÿs
Nous sommes à Alexandrie en Égypte dans le dernier siècle avant J.C. La belle Chrysis, courtisane ardente et fière de son statut qu'elle a choisi librement, paresse dans son lit à son éveil. Galiléenne originaire des rives du lac de Génézareth (aujourd'hui lac de Tibériade), elle est née d'une mère courtisane elle aussi, qui le soir allait attendre sur la route de Iérouschalaïm (aujourd'hui Jérusalem) les voyageurs et les marchands et se donnait à eux dans l'herbe, au milieu du silence champêtre.
À douze ans, Chrysis s'échappa et rejoignit un groupe de cavaliers trafiquants d'ivoire et arriva à Tyr puis Alexandrie. Ses maîtres la confièrent à Djala, une esclave hindoue, qui la prit en mains pour devenir une de ces jeunes femmes encore vierges, joueuses de flûte ou aulétrides qui épuisent les hommes les plus robustes.
En ce temps là de la civilisation grecque, l'amour est un art et durant sept ans elle va apprendre à devenir une femme de l'art complexe et voluptueux des courtisanes.
On fait connaissance ensuite de Démétrios, ce beau jeune homme que la reine Bérénice, fille de Ptolémée et soeur aînée de Cléopâtre, avait fait mander pour son plaisir trois ans auparavant. En entrant Démétrios s'était trouve en face d'un jeune corps vêtu d'un costume effrontément ajouré et qui laissait à découvert les vingt deux endroits de la peau où les caresses sont irrésistibles. Sculpteur de métier sur marbre, la reine se dévêtant de façon très suggestive lui demande de faire en sorte que l'on adore son image.
La statue terminée et exposée au temple d'Aphrodite appelée aussi Anadyomène, une foule se précipite non pas tant pour l'effigie que pour le nom du sculpteur gravé au bas de l'oeuvre : ce sont les adoratrices de Démétrios, lequel finit par adorer son oeuvre plus que son modèle. L'objet de son désir devient la statue, il n'adore plus qu'elle seule.
le temple d'Aphrodite - Astarté est peuplé de toutes parts de courtisanes dans l'attente d'un homme et Démétrios préfère courir au temple qu'au palais de Bérénice. « Entre les sveltes colonnes, coiffées en volutes ioniennes, la déesse apparaissait toute vivante sur un piédestal de pierre rose, chargé de trésors appendus. Elle était nue et sexuée, vaguement teintée selon les couleurs de la femme ; elle tenait d'une main son miroir dont le manche est un priape, et de l'autre adornait sa beauté d'un collier de perles à sept rangs. »
La rencontre entre Chrysis et Démétrios est voulue par le destin. Démétrios n'en croit pas ses yeux. « La ligne souple du corps ondulait à chaque pas, et s'animait du balancement des seins libres, ou du roulis des belles hanches. » Démétrios s'interroge quant à savoir si cette beauté est une fille du porneïon. En réponse à la demande de Démétrios, Chrysis propose un marché s'il veut la conquérir : il doit entrer en possession d'un miroir qu'il doit voler chez Bacchis une femme que déteste Chrysis, du peigne de Toumi l'Égyptienne qu'il doit tuer pour ce faire, et du collier à sept rangs de perles de la déesse Aphrodite, ce qui est un sacrilège. Pour Démétrios le défi est immense.
Chrysis en attendant ne dédaigne pas les amours saphiques avec les petites jeunes, nubiles et vierges, que sont Rhodis et Myrtocleia. Elles ne s'étreignent pas, elles s'effleurent pour goûter le suprême plaisir. Les deux rêvent de revoir leur pays d'Éphèse afin de s'épouser comme la loi le permet, ce qui n'est pas le cas à Alexandrie.
D'orgies en orgies tout ce petit monde s'adonne à tous les plaisirs, de la table et du lit, avant que le temps passant ne survienne l'âge où la magnificence du lit supplée à l'éclat du corps.
Chrysis apprend que Demetrios a relevé le défi qu'elle lui avait lancé. Mais à quel prix pour elle ! La surprise va être de taille quand elle reverra son amoureux.
Dans un style somptueux et facile, Pierre Louÿs nous décrit avec talent et érudition le tableau fastueux des moeurs grecques de l'Antiquité. Chez les Grecs, l'amour était le sentiment le plus vertueux et le plus fécond, sans aucune impudicité ni immodestie. Il faut savoir qu'alors un homme et une femme sans être engagés d'aucun lien pouvaient s'unir fût-ce en public quelque fût leur jeunesse, et ils étaient considérés comme ne nuisant à personne. C'était l'époque où l'amour le plus sensuel était sans souillure, sans honte, sans péché.
« Ne jamais parer une femme des qualités qu'on lui souhaite, ni des beautés dont elle fait mystère, mais présumer le fade pour s'étonner de l'exquis, n'est ce pas le meilleur conseil qu'un sage puisse donner aux amants. »
Qu'il me soit loisible en terminant de citer Pierre Louÿs : « Avec ce livre, « qu'il soit permis à ceux qui regrettent de n'avoir pas connu cette jeunesse enivrée de la terre que nous appelons la vie antique, d'oublier les siècles barbares, hypocrites et laids, de remonter de la mare à la source, de revenir pieusement à la beauté originelle, de rebâtir le Grand Temple au son des flûtes enchantées et de consacrer avec enthousiasme aux sanctuaires de la vraie foi leurs coeurs toujours entrainés par l'immortelle Aphrodite. »
Commenter  J’apprécie          20
Une pépite de littérature......
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (330) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11137 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}