Citations sur Legend, tome 1 (65)
J'ai à peine terminé ma phrase qu'il se penche vers moi et pose la main sur ma joue, puis sur ma nuque. Ma formation aurait dû me pousser à lui saisir le poignet pour lui porter une clé de bras et l'immobiliser à terre. Pourtant, je reste assise, immobile. Il m'attire vers lui et j'inspire un grand coup avant que nos lèvres se touchent.
Sa bouche a encore le goût du vin. Il m'embrasse avec tendresse puis, comme si ce baiser n'avait fait qu'aiguiser son appétit, il me plaque contre le mur et sa langue se fait plus insistante.
Tu es un génie, me dit-il. Alors comment peux-tu être assez idiote pour rester avec quelqu'un comme moi ?
Je ferme les yeux au contact de sa main.
- Dans ce cas nous sommes tous les deux des idiots.
Je ne t'ai jamais posé la question à propos de ton nom de rue. Pourquoi "Day" ? Pourquoi "Jour" ?
- Un jour c'est 24h. 24h pendant lesquelles tout est possible. Tu vis dans l'instant, tu meurs dans l'instant, tu affrontes la vie un jour à la fois.
Il regarde en direction de la porte ouverte. Un sombre rideau de pluie cache le monde extérieur.
- Tu essaies d'atteindre la lumière, ajoute-t-il.
En vérité, la République n'a pas la moindre idée de ce à quoi je ressemble. Elle ne sait pas grand-chose sur moi, sinon que je suis jeune et que mes empreintes digitales ne figurent pas dans leurs bases de données. C'est la raison pour laquelle le gouvernement me déteste. Je ne suis pas le hors-la-loi le plus dangereux du pays, mais je suis le plus recherché. Je suis la preuve vivante que le système n'est pas parfait.
Tout ira bien. (Je souris.) Mais si tu vois mon corps balloter entre deux vagues, n'hésite pas à venir me chercher.
Les mains qui me soutenaient me lâchent et je tombe par terre. D’où vient toute cette poussière ? J’essaie de me lever, mais j’en suis incapable. Je plisse les yeux, mais je ne vois qu’une espèce de brouillard. J’entends les spectateurs qui paniquent. Quelqu’un a lancé une bombe à poussière. Une voix me dit de me lever. Je regarde à côté de moi et je vois un garçon me tendre la main. Il a des yeux bleus et brillants, le visage sale et une vieille casquette sur la tête. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi beau.
— Dépêche-toi ! me lance-t-il.
Je prends sa main. Dans la poussière et le chaos, nous descendons la rue en courant et nous nous fondons dans les ombres de l’après-midi.
Je pourrais me glisser dans un dirigeable, siphonner un peu de précieux carburant et le revendre au marché noir ou le distribuer à ceux qui en ont besoin. Je pourrais aussi détruire l’appareil avant qu’il soit envoyé au front. Et si je sabotais le réseau électrique de Batalla ou d’une base aérienne ? Je me concentre sur ces projets.
Mais dès que mon regard se pose sur la Fille, ou que je sens ses yeux sur moi, mes plans s’évanouissent et je ne pense plus qu’à elle.
Je me promets de trouver l'assassin et de le tuer.
Je te traquerai sans relâche. J'écumerai les rues de Los Angeles. J'écumerai les rues de tout le pays s'il le faut. Je finirai bien par te piéger. Je mentirai, je tricherai et je volerai pour remonter à toi. Je t'attirerai hors de ton repaire et je te pourchasserai jusqu'à ce que tu n'aies nulle part où aller.
Je te fais une promesse solennelle : ta vie m'appartient.
Je le regarde droit dans les yeux. Il sait qui je suis, mais il ne dira rien. J'en suis convaincu. Dans mon secteur, de nombreuses personnes m'ont aidé bien qu'elles aient deviné mon identité. Cet homme leur ressemble : il ne désapprouve pas vraiment mes attaques contre la République.
Elle secoue la tête avec lenteur, abattue, et elle croise mon regard. La tristesse la pare d'une beauté extraordinaire, comme un manteau de neige sur des terres stériles.