Le cyberpunk, ce n'était pas forcément le genre vers lequel je me serais le plus spontanément tournée, mais je suis toujours partante pour de nouvelles découvertes, et l'oeuvre de Morgane a été parfaite pour cela !
Ayant pu faire un peu connaissance avec ses personnages avant, je les aimais déjà avant de les lire, et j'en ai été d'autant plus happée par l'histoire, ainsi que par la découverte de cet univers hostile (pas si loin de notre réalité sur de nombreux aspects…) à travers leurs vécus, leurs failles et leurs forces, les liens rendus plus forts par l'adversité, aussi.
Le rythme de l'histoire est trépidant, on n'a pas le temps de souffler tant la présence du danger est imminente et chaque fois plus féroce. Dans ce contexte, les ressentis des personnages sont parfaitement décrits, notamment la souffrance physique des personnages handis , ainsi que l'anxiété, qui est elle aussi mise en mots avec une très grande justesse.
Cela m'a un peu manqué, peut-être, de ne pas en découvrir plus sur leur vie hors du danger imminent. J'ai beaucoup aimé découvrir le travail d'August à l'atelier, par exemple, et j'ai souhaité parfois que KRONOS nous laisse un peu respirer de temps en temps pour voir vivre nos personnages dans d'autres contextes, bien que l'on en sache assez pour pouvoir les imaginer, assez pour s'attacher à chacun des cinq protagonistes et trembler à chaque instant en priant pour qu'iels s'en sortent !
Les relations entre les personnages, d'ailleurs, sont variées et écrites avec beaucoup de bienveillance et de justesse.
L'adelphité indéfectible de celleux qui se connaissaient déjà, la relation qui se crée doucement, timidement entre celleux qui se découvrent et apprennent à prendre confiance, la force bien réelle d'un lien qui transcende la virtualité de départ… j'ai adoré cette diversité de relations et de possibles, ces cocons de douceur et d'humour, aussi, au milieu d'un contexte si difficile.
J'ai beaucoup apprécié, également, le juste équilibre que Morgane a trouvé entre nommer les différentes identités queers de ses personnages sans en faire le centre de leur vie. Leur queerness est une partie d'elleux, mais ce n'est pas tout ce qui les définit. Un passage en particulier m'a énormément touchée, où Mika oublie quelque chose de pourtant très important lié à son identité (je ne peux rien dire, pas de spoil !) parce qu'elle était complètement absorbée par son travail.
La plume, quant à elle, est joliment travaillée, à la fois fluide et posée avec beaucoup de justesse et d'intelligence sur ce monde, ses maux et ses espoirs.
J'ai dévoré
Frontière Numérique en quelques jours, impossible de le lâcher ! Et je ne peux que le recommander : vous ne regretterez pas le voyage !