Citations sur Champs de Castille (précédé de) Solitudes, Galeries et au.. (51)
Soir tranquille …
Soir tranquille, paisible
presque comme une âme,
pour être jeune, l’avoir été
quand Dieu le voulut, pour
avoir quelques joies… au loin
et doucement pouvoir s’en souvenir.
*********PAPILLON DE LA SIERRA ***************
A Juan Ramon Jiménez pour son livre " Platero y yo "
Papillon , n'es-tu pas
l'âme de ces sierras solitaires ,
de leurs ravins profonds ,
et de leurs âpres cimes ?
Pour te faire naître ,
de sa baguette magique
un jour une fée
aux orages de pierre
ordonna de se taire ,
et enchaîna les monts
pour te laisser voler .
Couleur d'orange et noir ,
brun et doré ,
papillon sauvage , sur le romarin
les ailes repliées , ou , frémissantes ,
folâtrant avec le soleil ,
ou bien sur un rayon
de soleil crucifiées .
Papillon sauvage et champêtre ,
papillon des montagnes ,
nul n'a peint ta couleur et tes ailes
dans l'air , dans le soleil , sur le romarin ,
si libre , si pimpant ! .....
Que Juan Ramon JIménez
fasse vibrer pour toi sa lyre franciscaine .
LA SAETA
(Qui me prête une échelle pour aller sur la croix, enlever les clous de Jésus le Nazaréen?
Saeta populaire.)
Oh! la saeta, le couplet
au Christ des gitans,
avec toujours aux mains du sang,
et toujours sur sa croix cloué!
Oh! chanson du peuple andalou,
qui à chaque printemps,
demande des échelles
pour monter à la croix!
Chant de ma terre,
jetant des fleurs
au Christ de l'agonie,
qui est la foi de mes ancêtres!
Tu n'es pas le chant de mon cœur!
Je ne veux ni ne peux
chanter ce Christ en croix
mais celui qui marchait sur la mer!
Le crime
On le vit, avançant au milieu des fusils,
Par une longue rue,
Sortir dans la campagne froide,
Sous les étoiles, au point du jour.
Ils ont tué Federico
Quand la lumière apparaissait.
Le peloton de ses bourreaux
N'osa le regarder en face.
Ils avaient tous fermé les yeux ;
Ils prient : Dieu même n'y peut rien !
Et mort tomba Federico
- du sang au front, du plomb dans les entrailles –
… Apprenez que le crime a eu lieu à Grenade
- pauvre grenade ! -, sa Grenade…
CONSEILS
Il faut savoir attendre,
attends le flux de la marée,
-comme une barque sur le rivage-,
sans que le départ t'inquiète.
Quiconque attend
sait que la victoire est à lui;
car la vie est longue et l'art est un jouet.
Et si la vie est courte
et si la mer n'arrive à ta galère
attends sans partir et espère toujours,
car l'art est long et, d'ailleurs,
c'est sans importance.
Sur dix têtes, neuf
foncent tête baissée et une seule pense.
Ne soyez jamais étonné qu'une brute
se décorne à lutter pour une idée.
Conseils
Il faut savoir attendre,
attends le flux de la marée,
- comme une barque sur le rivage -,
sans que le départ t'inquiète.
Quiconque attend
sait que la victoire est à lui ;
car la vie est longue et l'art est un jouet.
Et si la vie est courte
et si la mer n'arrive à ta galère
attends sans partir et espère toujours,
car l'art est long et, d'ailleurs,
c'est sans importance.
À UN ORME DESSÉCHÉ
Extrait 2
Avant que de sa hache, orme du Douro,
le bûcheron ne t'abatte, et avant que le charpentier
ne te transforme en sommier de cloche,
en timon de chariot ou en joug de charrette,
avant que tu ne brûles tout rouge demain
dans l'âtre d'une misérable chaumière
sur le bord du chemin ;
avant que la tempête ne te déracine
que ne te brise le souffle des sierras blanches,
et avant que le fleuve à la mer ne t'emporte
par les vallées et les escarpements
orme, je veux noter sur mon carnet
la grâce de ta branche reverdie.
Mon cœur attend
aussi, vers la lumière et vers la vie,
un nouveau miracle de printemps.
Soria, 1012
/traduit de l'espagnol par Sylvie Léger et Bernard Sesé
Tes yeux me rappellent
les nuits d’été,
nuits noires sans lune,
sur le bord de la mer salée,
et le scintillement des étoiles
dans le ciel noir et bas.
Tes yeux me rappellent
les nuits d’été.
Et ta chair brune,
les blés brûlés,
et le soupir de feu
des champs mûrs.
LA SAETA
Qui me prête une échelle
pour aller sur la croix,
enlever les clous
de Jésus le Nazaréen?
Saeta populaire.
Oh! La saeta le couplet
au Christ des gitans,
avec toujours aux mains du sang,
et toujours sur sa croix cloué!
Oh! chanson du peuple andalou,
qui à chaque printemps,
demande des échelles
pour monter à la croix!
Chant de ma terre,
jetant des fleurs
au Christ de l’agonie,
qui est la foi de mes ancêtres!
Tu n’es pas le chant de mon coeur!
Je ne veux ni ne peux
chanter ce Christ en croix
mais celui qui marchait sur la mer.