Personnage aussi troublant que les héroïnes de son roman,
Madame Nielsen nous donne à contempler un temps presque arrêté où tout peut basculer. Cet été infini des années 80 est un début et déjà une fin, une lente agonie joyeuse qui mène ce petit groupe de personnages vers un destin qui ne sera pas forcément celui qu'ils attendaient.
Dans cette merveilleuse ferme danoise toute illuminée de soleil, au rythme de la nature et des cavalcades, chacun va être esquissé puis effacé pour réapparaître sous un autre angle dans un kaléidoscope extraordinaire capable de montrer les futurs possibles ou fantasmés, les aveux d'échecs comme les réussites éphémères.
Les plus jeunes sont promis à un brillant avenir dans les carrières artistiques, la mère, cavalière infatigable, règne sans partage sur ce monde étrange et fascinant où le père se rebelle sans succès pour disparaître enfin…
L'ambiguïté du propos qui laisse deviner plus qu'il ne démontre, s'évanouit dans la lumière mordorée du soleil couchant qui joue sur les êtres et la nature comme l'auteur joue avec ses personnages.
Les phrases souvent interminables et les répétitions voulues, l'usage immodéré de la technique de l'estompe, les silences autant que les paroles fortes, font de ce petit roman un ouvrage hors du commun. Entrer dans ce mirage si réel, c'est comme contempler longuement une toile d'impressionniste. On devine les points de couleurs et on saisit, par instant, un ensemble agréablement composé. C'est aussi contempler la beauté fugace d'un arc en ciel après l'orage.
J'ai aimé le livre de
Madame Nielsen pour ce qu'il a d'original, fait de poésie pure et de beauté d'écriture, même si j'ai parfois été agacé par les contournements, les longueurs et redites, les paraboles, les allégories et le mysticisme parfois pesants.
Je remercie les éditions Noir sur Blanc et Babelio de m'avoir permis cette belle lecture.
Michelangelo 28/08/2017
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