... Peut-être nous croiserons-nous un jour devant la femme assise au regard bleu, aussi troublés et enthousiastes qu'au premier jour. Je voulais te dire, où que tu sois, que je te demande pardon du mal que je t'ai fait. Un jumeau terrifiant a pris possession de moi. Je l'ai banni. Il ne reviendra plus. Rien ne valait que je te fasse subir une telle douleur; Tu es dans mes penses comme une rencontre essentielle de ma vie ; non pas qu'elle soit mieux maintenant qu'avant, mais elle est ma vie. Je ne regrette rien. Je ne suis pas ta victime, je le sais désormais. Etais-je un être perdu ? As-tu abusé de moi ? Non? J'ai avancé en conscience. Je t'aime parce que je t'ai aimée. Je t'aime parce que, grâce à toi, je m'autorise cette hypertrophie de l'ego nécessaire à la recherche de haut niveau et je me consacre, comme le fou que je suis, à cet outil qui servira peut-être un jour, qui sait à faire progresser l'humanité, Olympe, belle femme indocile, malgré tout ce qui nous sépare, je voulais t'écrire : merci.
Je t'embrasse, Paul."
J'ai hésité, mais j'ai eu ce que je voulais. Reconnaissance garantie d'avoir laissé une trace quelque part, au moins dans vos yeux. Avons)nous besoin de plus, vous et moi ? L'ingénieur en informatique et astrophysicien que vous vouliez me présenter doit bien rire de nos espoirs d'éternité, au vu de l'univers qu'il observe. je suis déjà heureux, chère Olympe, soyez-en sûre, si mes "crachats d'or fin", mes croûtes merveilleuses, on soufflé un peu sur vos vies...
Tout se mélange, Olympe aime. Olympe aimait des oeuvres, des moments, des fulgurances? Olympe aime, tout simplement. Elle aime Solal. Elle aime Paul. Elle aime ce que sont ces hommes et ce qu'ils portent en eux. Elle aime plus largement encore, cette frange de la race humaine qui, quand elle a honte d'elle-même, produit des chefs-d'oeuvre, quand d'autres détruisent, vomissent, massacrent. Elle est sous cocaïne mentale. Elle est en haut d'une tour, elle plane. Elle aime Khalia, elle aime Lucille, elle aime Sofia. Elle aime aussi Sylsonn, bien sûr, l'entravé, l'acrimonieux. Olympe porte bien son nom. Olympe est tout en haut d'elle-même.
Olympe murmure : "Solal a un parcours. Mais il est invisible."
Olympe s'arrête trois fois pour donner un billet à un mendiant et conclut que New York ne vaut pas mieux que Paris.
Je ne cuisine avec du basilic que quand les enfants ne dinent pas avec nous. Les enfants n'ont pas de goût, Olympe. Et qu'on ne dise pas c'est une question d'éducation du palais. Ils n'ont pas de goût. Ceux qui ont l'air d'aimer les épinards sont justes des enfants martyrisés ou des rusés qui veulent une PS4.
Le peintre a peint le ciel comme pour nous dire : ce n'est pas ça qui compte. Il occupe un bon tiers de la toile mais ce n'est pas ce qui occupe un tiers de la toile qui compte.
Olympe déballe la toile. C'est un geste qu'elle a toujours aimé faire. Entendre le crépitement du kraft qu'elle arrache et froisse. Se débarrasser du papier à bulles non sans en faire péter quelques unes. Puis attaquer le carton rebelle aux ciseaux, et enfin le papier de soie, ultime rempart avant l'image.
Elle n'a peur de rien. Elle n'a qu'une envie, avancer, découvrir les fous qui creent. Leur impertinence, leur amour, leur révolte. Ce sont eux qu'elle veut défendre.
Olympe sourit .Amere.La grande galerIste Delbord coincée là devant la grille verrouillée d’une chapelle minuscule alors qu’on lui a ouvert toute sa vie à grands battants les palais du monde entier .Il faut qu’elle se rende à l’évidence : Dieu lui-même ferme la porte d’une de ses plus humble demeure . Peut-on tomber plus bas ?