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"Cela faisait longtemps qu'un accrochage ne m'avait pas troublée autant." p.206
Choc brutal suivi d'un long malaise, pareil à ma première exposition à Picasso. Quelle force !
Ce roman est un jaillissement.
L'éruption d'une énergie interne hors du commun.
La terre a tremblé sous mes pieds. Une secousse qui laissera des traces.
Je le sens très profondément une digue s'est brisée. Il aura suffit d'une fissure qui se propagea toujours plus loin au fil des pages.

Je me cogne à cette énergie, elle me malmène, me renverse.
Je suis pris à la gorge.
Je vacille un instant, bousculé dans mes convictions.
Et comme chez Picasso, cette débauche d'énergie chez les personnages éclate aussi niveau sexe.
Ainsi est Olympe, androgyne de trente-sept ans, bi, galeriste par métier et par passion, étoile déjà montée au firmament de la notoriété. Etre solaire sur lequel débute ce roman.
Le feu au cul. Attention, chaud devant !

Mais surtout ne pas croire que tout gravite autour d'elle. Les rencontres, se font finalement au hasard et par nécessité. Elle se font dans l'instant. Attirances, répulsions, elles resteront forcément éphémères. Ainsi Paul, chercheur de planète, puits de lumière et de science. Soudain sa propre gravité est chamboulée. le voilà détourné de sa trajectoire initiale "pour atteindre à s'en écarteler, pour atteindre l'inaccessible étoile" *. Il continue son chemin sur une nouvelle orbite à un niveau d'énergie plus élevé.
Puis Khalia, elle est, elle est déjà, mais ne le sait pas. Olympe va lui permettre de se révéler, à elle-même. Alors pour un temps "Khalia est un buvard. [...] Elle est une absence vorace. Une éponge intarissable." p.98 Khalia en phase de construction. L'avenir ouvert devant elle.

Enfin il y a Solal, ange déchu qui bat de l'aile, peintre has been qui n'a jamais lâché son art. Olympe veut le ramener à la lumière. Nous assisterons éblouis à un dernier embrasement, le plus beau celui d'une géante rouge. "Puisque Solal ne cherche ni la beauté, ni la sagesse, il cherche le fracassement. La déchirure. Dans l'espoir inavouable de déchaîner des forces. En affirmant ce "là" radical, Solal constate la catalepsie mais refuse l'effacement" p.122

Les indociles, nous fait vibrer auprès de quatre univers. Quatre êtres guidés de l'intérieur. Chacun sur sa trajectoire propre. Etres rares. Etres libres. Autoréférencés. Bousculant les codes chacun à leur propre façon (je vous invite à comparer Khalia et Olympe, Olympe et Paul lors de votre lecture). Les indociles, pour reprendre ce titre mal choisi, sont bâtis sur la différence. C'est ce qui les rend rares et précieux. Car il n'y a qu'eux pour bouger les lignes, fut-ce violemment.

Chtchoukine en était un. Unique talent de découvreur. Contrairement à Olympe, pas de galerie, une collection créée par passion, contre vents et marées, malgré les moqueries et quolibets. Magnifique. Exceptionnelle. Et temporairement à découvrir à la Foundation Louis Vuitton. Aucun obstacle ne saurait être insurmontable pour celle ou celui qui veut. Je ne vois pas de plus beau préambule à la lecture de ce roman insolent.

Seul le titre est à changer. Les indociles, comme si on pouvait les classer. Créer une nouvelle catégorie. Cruelle ironie, comble de l'hérésie. Non, inclassables ils sont ; libres ils doivent rester.
Les singuliers. Voilà un titre autrement fort. Les singuliers au pluriel, un titre qui interpelle et qui révèle, beaucoup plus qu'il n'y paraît.^^

Somme toute, ce roman : "Ce n'est pas qu'il chante bien : il palpite." p.105 du reste je n'aime rien tant que quand une fin recèle un commencement.

* Brel, L'homme de la Mancha : La quête.
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Dans la nuit s'en vont Solal, Paul, Khalia, et Olympe. Tous vont prendre un chemin qui leur appartient et qui surprend quand on ne les connait pas, ils sont si indociles.

L'un ira dans sa grotte, son refuge qu'est devenu son garage, lui Solal « l'anachorète bourrin » le « vagabond immobile », dont Olympe a su « réveiller la flamme endormie » du peintre pour « l'inciter à créer encore » ;
Paul ira sonder le tréfonds de l'espace au Chili, l'homme « rare, bon intègre, qui tente d'avancer dans ce monde généreusement. Loyalement. Fidèle » mettra le feu à sa vie ;
Une autre quittera sa famille et les règles de vie de son milieu social, pour continuer à regarder des tableaux sans entendre les préjugés des siens. Khalia... « plus indocile que les Gitans eux-mêmes, puisqu'elle brave même les Gitans. »
Et la dernière cherchera encore à voir le Dos de Berdasco parce qu'Olympe la « Don Juane (...) n'appartient à personne, et si l'on y pense elle n'a pas d'addiction si ce n'est celle qui fait sa gloire : l'art. ».

Ce sont des indociles. Est-ce qu'ils le savent ? Non, ce serait contraire à leur nature. « Des marcheurs de côté. Des êtres qui échappent à la définition. » «  Ils dansent sur les fils de leurs émotions, et de leur intelligence, passant de l'un à l'autre quand on les attend ailleurs. » « Leurs succès ou leurs échecs ne sont que les rebondissements d'une vie qui s'écrit chaque jour. Les tiroirs dans lesquels on voudrait les ranger ne ferment pas. Les indociles débordent. Calmement réfractaires. Rarement militants. Souvent discrets. Ils font dans l'ombre ou la lumière un chemin qui échappe à ceux qui ont besoin de repères. »

J'ai apprécié ce roman qui se déroule dans le domaine de l'art. Olympe, galeriste veut exposer Solal, un peintre âgé, retiré depuis fort longtemps du microcosme parisien, de cette « putasserie qui va avec l'art, soi-disant l'art. L'art (...) devenu le grand ami des banquiers, des investisseurs, et des intermédiaires comme elle, qui cherchent la bonne recette. Rien n'est plus calfeutré et ouaté et insonore que le monde de l'art aujourd'hui. » A cette occasion, elle va rencontrer Paul, un homme marié et père de famille, dont elle s'amourache violemment, « elle suit toujours son instinct. Et elle ne s'interdit rien. » Résistera-t-il à ses charmes ?

Ce roman est intéressant en ce qu'il ne juge pas l'attitude des personnages mais suggère des explications au jaillissement de leur indocilité.

La plume de l'auteur est dynamique, syncopée par moment ce qui donne une impulsion très agréable car c'est fait fort à propos et on ressent encore plus violemment les troubles de l'esprit de certains protagonistes avec ces retours à la ligne.

Un roman très séduisant.
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Pour résumer Olympe Delbort, il n'est besoin que de trois extraits du roman.

« Olympe a trente-sept ans et elle n'a jamais vraiment écouté une phrase jusqu'au bout. On n'est pas l'une des galeristes les plus en vue de paris, à trente-sept ans, sans avoir un fond d'impolitesse, un mépris de la lenteur, une persistante hâte. » (p. 12)

« Rien n'est jamais plus simple que la sexualité d'Olympe, désirer et être désirée, le dire, le faire. Elle s'étonne que cela puisse chez certains engager tant de choses, alors que c'est pour elle un pétillement, une récréation. » (p. 28)

« Elle ne croit pas l'homme capable d'amour même si elle le croit capable d'avoir inventé l'amour. » (p. 29)

Loin d'être réducteurs, ces extraits conjugués dressent le portrait complexe d'une femme moderne et libre, éprise de séduction et d'art pictural. Son prénom fait clairement référence à la révolutionnaire féministe et indépendante qui perdit la tête sous la guillotine. Olympe, c'est aussi un traumatisme sexuel niché dans l'enfance et de nombreux articles de presse qui tentent de percer le mystère de son succès et de son originalité. Quand Olympe veut, elle obtient : un tableau, un artiste, un homme. Elle assouvit ses désirs avec la même impatience goulue que le marcheur qui avale un verre d'eau fraîche après une journée dans le désert. « Prendre le plaisir puisqu'on peut le prendre. » (p. 46) Et l'amour dans tout ça ? Justement, l'amour, Olympe n'y croit pas. Elle croit au rapprochement et à la friction des corps, pas à celles des coeurs.

Puis elle rencontre Paul Anger et Claude Solal. le premier est marié, heureux dans une existence calme et un rien bourgeoise. L'autre est artiste, écorché par la vie et encore riche d'une créativité qui ne demande qu'à s'exprimer. Au premier, elle va demander ce qu'elle n'a jamais attendu d'aucun autre partenaire. Au second, elle va promettre la gloire et la reconnaissance. D'abord réticents, inquiets de quitter leur tranquillité, les deux hommes rendent les armes face au désir d'Olympe.

Évidemment, il y a quelque chose des Liaisons dangereuses dans les échanges entre Olympe et Paul, mais la galeriste est plus Valmont que Merteuil puisqu'elle ne se grise jamais de la souffrance qu'elle peut infliger à l'autre et qu'elle ne cherche en aucun cas à la susciter. Sans aucun doute, Olympe préfère conquérir plutôt que posséder. Don Juan en jupons et au corps androgyne, elle découvre brutalement les élans du coeur. « Elle est jalouse et on n'est pas jaloux ainsi d'un ami. Elle est jalouse donc. Elle est jalouse donc elle aime Paul ? » (p. 152)

La fin, la suite, elles importent finalement assez peu quand on a compris que Paul et Claude sont les deux faces d'un même homme et qu'en perdant l'un, Olympe ne sait pas garder le second. Il n'y a pas de miracle, personne ne change : au mieux, on se réinvente avec les briques de son ancien moi. Ce n'est qu'un réaménagement. Olympe reste fidèle à ce qu'elle est. Elle connaissait le pouvoir de création de l'art, elle a découvert celui de l'amour, mais aussi leur folle puissance destructrice.

Cette lecture m'a intriguée. J'ai observé Olympe comme je l'aurais fait d'un animal exotique. Sans m'être antipathique, Olympe ne m'a pas touchée, au contraire de Paul que j'ai largement plaint. Olympe est la part violente de mon être dont j'ai depuis longtemps compris qu'elle ne m'intéressait pas. Les indociles est un roman étonnant sur le désir, l'amour et l'art qui sont trois forces dynamiques dont il faut se méfier autant qu'il faut les admirer.
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Les indociles, c'est un roman très original. Murielle Magellan ose créer et affronte sans vergogne les codes sociétaux implicites du XXIème siècle.

Olympe est une jeune galeriste parisienne, très connue dans le milieu artistique, tant par son professionnalisme, que par sa personnalité détonnante. Olympe aime l'art et l'argent, mais elle aime aussi les Hommes, le fait de désirer et d'être désirer, de découvrir et de parcourir. Cette jeune femme, très insolente, trait tout le monde avec dédain, comme s'ils n'étaient que jouets et objets malléables selon ses envies. Seulement voilà, en un très cours laps de temps, elle va rencontrer Paul Anger et Claude Solal. le premier, un professeur issus d'un milieu bourgeois, va lui apprendre ce que sont les sentiments amoureux. le second, Claude Solal, un vieux peintre du sud de la France, va attirer l'entière attention d'Olympe. Ces hommes, vont-ils réussir à dompter le caractère si indocile d'Olympe ?

Qui lira ce livre remarquera les nombreuses similitudes avec le roman épistolaire de Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses. Beaucoup de relations libertines, de jeux de séductions et de désirs agrippe Olympe et Paul, au point qu'ils n'ont cessés de me faire penser à Valmont et à Merteuil, dans le roman sus-mentionné. L'amour est réduit à un jeu, avec comme gain potentiel, les sentiments tant recherchés.

Pour ce qui est d'Olympe, c'est un bout de femme sûre d'elle-même, déterminée et ambitieuse. Mais elle est aussi très solitaire. Derrière son visage de façade de femme arrogante, se cache beaucoup de souffrances dûes à son enfance. Olympe a perdue confiance en l'être humain et se délecte de ne plus dépendre de quiconque - l'argent et la reconnaissance professionnelle ayant remplacé le vrai contact humain.

Ce livre donne une image contraires aux codes moraux de la société d'aujourd'hui. Olympe fait preuve d'une liberté d'esprit révolutionnaire et toute personnelle, elle sort de la sphère commune et se présente comme une jeune femme ayant sa propre vision des choses. Un roman qui m'a énormément fait penser au mouvement surréaliste du XXème siècle, qui luttaient contre toutes les formes de valeurs reçues.

Cet ouvrage est vraiment une chose étrange. Il y a tellement de choses à dire dessus que les mots m'échappent. Je pourrais parler des heures du caractère indéfinissable d'Olympe, de la place que Murielle Magellan donne aux sentiments modernes, de la vision contemporaine de l'oeuvre d'art... Tant de sujets abordés qui détiennent de multiples interprétations possibles. En conclusion, je dirais que Les indociles, c'est un livre qu'il faut lire et tenter d'apprivoiser.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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Attiré tant par le titre attirant, que par la couverture attirante (la mienne est la photo d'une femme attirante, dans une posture particulière, attirante, un air sombre, attirant, j'allais dire sobre, mais sans doute pas. Attirant.)
De ce genre de livres qui ne sont pas spécialement bien écrits, avec des phrases sèches (c'est un mérite), avec de temps à autres des descriptions fouillées (la persona principale est une galeriste d'art quand même, il faut le montrer). de ce genre de livres dont l'histoire n'est pas passionnante, mais qui traite de passion.s. Ce s inclusif est quasi une question.

Ce putain de livre il m'a pris parce qu'il résonne avec des moments de ma vie. Qui ne sont pas les mêmes, qui sont uniques, mais qui résonnent. Foutre.

Ce livre n'est pas un chef-d'oeuvre et sera oublié par la multitude et restera inconnu de la multitude. (Malgré son titre qui claque comme Les désaxés-the misfits d'Arthur Miller (auquel il ressemble un peu) (vaguement))
Murielle Magellan ne ferait pas le tour du monde avec son livre. (Je n'ai pas pu m'en empêcher...) Pas assez universel ? ... Trop occident bling bling ? ... Trop "féministe" ? Je ne sais pas.

M'a touché. Point.
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J'avais hâte de découvrir ce roman de Murielle Magellan suite à la lecture d'avis positifs pour son précédent roman : me voici plonger dans Les Indociles !

Pour commencer j'aimerais parler d'Olympe : une femme au passé douloureux, trouble et ténébreux. Une femme qui cherche le contact physique, les relations succinctes, une femme qui ne croit pas en l'amour : un Don Juan féminin. Je n'ai pas été touchée forcément par ce personnage malgré un traumatisme passé, cependant j'aime le fait de montrer qu'une femme peut être aussi libérée qu'un homme et que personne n'a le droit de la juger pour ce qu'elle fait de son corps. C'est ça la force de ce livre : l'auteure ne juge pas Olympe et nous n'avons pas à le faire non plus.

Si l'héroïne m'a intriguée sans m'émouvoir, il n'en est pas de même pour Paul et Claude les deux protagonistes masculins principaux. Ce sont deux êtres assez fascinants par leur simplicité, cette dernière étant annihilée au contact de la sulfureuse femme. C'est une intrigue digne des Liaisons dangereuses, référence identifiable dans ce livre. J'ai aimé ces deux hommes parce qu'ils semblaient presque être les "victimes" d'Olympe mais il n'en est rien, chacun doit assumer sa part de responsabilité dans ce qu'il adviendra.

Ce n'est pas une romance mais cela l'est en même temps... J'ai aimé l'écriture de cette auteure : elle est poétique et sincère, frêle et solide, simple et complexe. C'est au travers de chapitres courts qu'elle nous livre les choix et pensées d'un personnage qui ne peut aller à l'encontre de sa nature, qui fait parfois souffrir son entourage sans pour autant le vouloir... Cette lecture a été intéressante, j'aimerais lire d'autres romans de cette auteure pour me faire une opinion plus tranchée.

En définitive, j'ai aimé cette lecture pour l'aspect un peu "féministe", réaliste et pour cette écriture poétique !

Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Murielle Magellan est un écrivain, scénariste, dramaturge et metteur en scène née à Limoges en 1967 et ayant grandi à Montauban. Après une formation de chanson (Studio des Variétés), de comédienne (École du théâtre national de Chaillot), et universitaire (maîtrise de Littérature moderne), Murielle Magellan s'est consacrée à l'écriture sous ses diverses formes, et à la mise en scène de spectacle vivant. Son nouveau roman, Les Indociles, vient tout juste de paraître.
Olympe, 37 ans et galeriste en vue à Paris comme à New York, est une femme libre de toute attache, à la sexualité conquérante - « Rien n'est plus simple que la sexualité dans la vie d'Olympe, désirer, être désirée, le dire, le faire » - hommes ou femmes se partagent ses faveurs. Sa vie débordante d'activité et parfaitement réglée va être ébranlée, à titre divers, par trois acteurs : le peintre Solal, un vieux septuagénaire juif complètement inconnu dont elle va promouvoir les oeuvres, Khalia sa jeune assistante d'origine gitane et surtout Paul, un scientifique marié, à la vie bien tranquille, avec lequel elle vivra une courte love story qui les dépassera tous les deux.
Le roman est mené à un train d'enfer, écriture énergique, phrases courtes, le lecteur n'a pas vraiment le temps de se poser de questions, embarqué sans déplaisir dans cette aventure, jamais graveleuse je tiens à le préciser. de courtes digressions enrichissent le texte de réflexions bien vues, par exemple sur le vin, la différence entre textos et courriels et bien évidemment sur le monde de l'art et de la peinture en particulier, « Elle n'expose pas seulement une oeuvre elle expose un homme qui a fait une oeuvre ». Tout nous invite à penser que c'est un excellent roman jusqu'à la page cent-cinquante, en gros, un tournant dans l'intrigue mais aussi un essoufflement dans la narration. Les portraits des acteurs susmentionnés font l'objet de longues lignes un peu lourdes, comme plaquées ou insérées de force dans le récit. Et puis cette femme, Dom Juan en jupons (ou string affriolant plutôt) qui tombe amoureuse de ce Paul qui est tout son contraire, fidèle par amour pour sa femme, peut bien réactualiser la mythologie casanovesque, le lecteur doit faire un effort pour se laisser convaincre.
Du coup, la seconde partie du roman souffre des qualités de son début : le lecteur doit s'impliquer pour adhérer à l'histoire, alors que jusqu'alors il se laisser porter par le rythme comme un bienheureux ; et ce rythme agressif qui était un atout jusqu'ici, perd de sa pertinence – à mon sens - car il s'accorde mal maintenant aux tourments psychologiques par lesquels tous, Olympe, Paul et Solal vont passer, chacun pour leurs raisons, ôtant toute chaleur à la fin dramatique.
Le roman n'est pas mauvais, loin de là, mais il est moins bon que ce que laissait entrevoir son entame. Reste le débat qu'il ouvre, entre un homme et une femme, peut-il n'y avoir que des relations amicales ?
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Olympe est une trentenaire au sommet de sa carrière: sa galerie d'art à Paris connait un tel succès qu'elle en a ouvert une nouvelle à New York, ses goûts sont sûrs et son influence dans le milieu est grandissante. Elle ne vit que pour son travail et sa vie privée se résume à des relations nocturnes et légères avec des hommes et des femmes. Elle vit pour le plaisir que lui procure l'art et les corps d'amants ou de maîtresses plus ou moins réguliers ou de parfaits inconnus.

Elle rencontre des indociles, comme elle, qui vont bouleverser sa vie: Solal, le vieil artiste méprisant le monde de l'art qui, selon lui, n'existe que par et pour l'argent, Khalia, une jeune stagiaire gitane en rupture avec sa famille et Paul, un scientifique et un heureux père de famille.

Paul entre un jour dans sa galerie pour acheter un tableau pour sa femme mais se rend compte rapidement qu'il n'en a pas les moyen. Olympe va alors rechercher un tableau qu'il pourrait acquérir et en fouillant dans le téléphone de Khalia elle découvre un tableau qui l'interpelle. Accompagnée par sa stagiaire, elle se rend à Perpignan pour rencontrer le peintre. Elle veut acheter ses oeuvres et organiser une exposition à Paris, mais le vieux monsieur a connu le monde des galeries parisiennes dans sa jeunesse et il en est dégoûté. Solal a aujourd'hui plus de 70 ans, ce n'est pas maintenant qu'il connaîtra la gloire. C'est trop tard, il n'en veut plus et méprise Olympe et tout ce qu'elle représente. Ce mépris de surface cache une véritable recherche de reconnaissance et, après quelques réflexions, Solal accepte de vendre ses oeuvres à Olympe et de signer un contrat. Simultanément à sa rencontre avec Solal, Olympe se rend compte qu'elle est troublée par Paul, le scientifique et que ce trouble ressemble bien à de l'amour. Après une enfance et une adolescence difficile, elle avait pourtant décider de bannir ce sentiment et de vivre en toute liberté et légèreté. Ces deux hommes vont bouleverser ses idées et sa vision de l'existence.

Les références en quatrième de couverture à Dom Juan et Aux liaisons dangereuses, deux classiques que j'aime beaucoup, m'ont convaincue de lire ce roman. Comme Dom Juan, Olympe a besoin de posséder ce qu'elle désire, que ce soit les humains comme les oeuvres d'art, mais ses raisons ne sont jamais ambiguës et elle ne se sert pas des relations sexuelles pour manipuler les hommes comme le fait la marquise de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses.

J'ai apprécié l'originalité du roman: je n'ai pas l'habitude de lire des romans de ce genre. Je trouve que Murielle Magellan ne porte pas de regard critique sur les personnages: elle s'en distance et nous l'imitons. Olympe, Solal ou Paul sont parfois agaçants mais nous n'avons pas envie de porter un regard moralisateur sur leurs choix.

J'ai particulièrement aimé les regards opposés de Solal et d'Olympe sur l'art et la critique du monde des galeries parisiennes. Les personnages avec leurs pensées arrêtées qu'ils ne cessent de contredire nous permettent de nous interroger sur l'amour, les relations de couple, l'art, l'économie de l'art et la vieillesse. Khalia est particulièrement attachante. La fin du roman est très réussie et surprenante.
Lien : http://lecottageauxlivres.ha..
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L'écriture de ce roman fait penser d'une certaine manière à une pièce de théâtre. le personnage d'Olympe est sublimé, transcendé par un style vif et emporté, comme s'il fallait convaincre le spectateur du fond de la salle et le tirer sans cesse de sa torpeur. Chaque chapitre se présente comme une scène, avec un fil conducteur plutôt ténu, une intrigue en pointillés. le personnage principal mène la danse d'un bout à l'autre, tandis que les autres sont au second plan le plus souvent, un peu comme des figurants. On suit les frasques de cette jeune femme pleine de vie, tourmentée aussi, qui semble ne jamais se satisfaire de rien et est toujours à la recherche d'un absolu impossible à définir. En quelque sorte, elle éprouve les tourments de l'artiste, l'incompris, le perpétuel insatisfait. Celui qui est toujours dans le doute aussi, aussi. En cela, ce roman décrit parfaitement le monde un peu fou et sans cesse en quête de pistes, qui est celui de l'art. Un monde où rien n'est jamais éternel et tangible, mais constamment sur le devenir. C'est une belle réflexion sur ce microcosme, sur les relations compliquées entre l'engeance du commerce et la sphère du créatif… C'est aussi une esquisse de la problématique amoureuse, en écho, la recherche de l'amour, sous toutes ses formes, que ce soit la classique ou les autres, l'homosexuelle, la bisexuelle… Sans que cette recherche aboutisse vraiment, comme n'aboutit jamais vraiment la recherche de l'oeuvre d'art parfaite et indiscutable. Un monde riche de ses différences et de ses contradictions. Cependant, si le roman doit sa force à Olympe, c'est aussi elle qui doit porter le lecteur jusqu'au bout… Ses lubies reviennent parfois de façon un peu insistante, et si elle émerveille souvent, elle agace aussi quelquefois.

Lien : http://livrogne.com/2016/01/..
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Une voix singulière, portée par un beau personnage de femme. Les indociles, ce sont ces gens qui décident de faire un pas de côté, non pas en rébellion face à la société, juste désireux de suivre leur bout de chemin, à leur façon, en liberté, et sans être jugés. Olympe est de ceux-là : galeriste parisienne réputée, belle, libre, indépendante, à l'écoute de ses désirs, habituée à les voir se réaliser, s'en donnant les moyens, impérieuse, pressée, elle croque la vie, les hommes, les femmes. Et pourtant, ne voir en elle qu'un portrait de Dom Juan au féminin serait tristement réducteur.
Avant tout, elle aime la beauté, la débusquer, dans les toiles, les gens, la générer, aussi, en poussant les artistes dans leurs retranchements : l'occasion de jolis pages, qui évoquent son début de relation avec un vieil artiste, qu'elle va bousculer, et remettre en selle, ou encore, lorsqu'elle conseille à une de ses amantes de faire de sa bisexualité une singularité, au milieu des autres, et non pas une cause, contre les autres. Un très très joli roman, vraiment, et bizarrement un portrait de femme attachant -même si cela n'est pas du tout l'effet recherché à la base, je pense, ni par Olympe, ni par son auteur ;-) : à la fois forte et fragile, complexe, tout simplement, comme nous tous.
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