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EAN : 9782080292773
272 pages
Mialet Barrault (03/01/2024)
3.55/5   37 notes
Résumé :
Sortant d'une cruelle et longue dépression où elle a failli perdre tout ce qu'elle aime, Mona tente de se reconstruire en s'installant dans un minuscule appartement d'une tour de la banlieue parisienne. Les marches de l'escalier qui conduit au lit-mezzanine sont astucieusement aménagées en casiers de rangement, mais l'une d'entre elles est scellée. À l'intérieur, elle découvre le manuscrit qu'un jeune homme a enfoui là vingt ans plus tôt.
Insolent et drôle, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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« Elle a englouti les chapitres les uns après les autres. Ceux, un peu répétitifs, où Jonas et Suzie-Marie parcourent le monde et mettent en pratique leur étrange concept de re-telling, elle les a lus en diagonale. » ● Victime d'une grave dépression, Mona Frame est internée dans un hôpital psychiatrique puis va vivre un an chez ses parents pour terminer sa convalescence. Grégory, son conjoint, vit alors avec leur petite fille Madeleine, et retrouve une nouvelle compagne. Mona s'est tant éloignée de sa fille qu'elle se demande si des retrouvailles sont désormais possible. Mona s'installe seule dans un studio de la banlieue parisienne, à Rosny-sous-Bois, et, en voulant faire quelques travaux de rénovation, tombe sur un manuscrit scellé à l'intérieur d'une contremarche de la mezzanine, Jonas is Born, alleluia, un roman de Philippe Sandre-Lévy. Elle commence à le lire… ● Nous avons en quelque sorte deux romans pour le prix d'un, puisque nous sont livrées la plupart des pages du roman que Mona découvre. Deux mondes sont ainsi mis en parallèle à vingt ans d'écart : celui de Mona et de Philippe, et celui de Jonas et de Suzie-Marie, sa voisine. Il y a des interactions entre ces deux mondes. ● Je n'ai pas du tout été emballé par ce roman qui commence pourtant bien mais, dès la découverte du manuscrit de Philippe, s'enlise dans une sorte de feel-good diffus assez niais que je déteste. ● le « quotidien » est « réenchanté » et le monde va magiquement mieux ; les personnages se détendent et prennent bien leur existence, faisant refluer leur mal de vivre on ne sait trop comment, sauf à croire à la poudre de perlimpinpin du re-telling et autres sornettes de développement personnel. ● Les apostrophes à la « Lectrice », dans le manuscrit trouvé, s'adressant en principe à Suzie-Marie, mais en fait aux vraies lectrices de la Fantaisie, vont dans le même sens mi-démagogique mi-pseudo-spirituel. ● Je n'ai pas trouvé de fantaisie dans cette Fantaisie, mais un triste dévoiement du roman vers le développement personnel malheureusement trop répandu de nos jours. Mais c'est ce qui plaît et je ne doute pas que les bonnes notes continuent à affluer sur Babelio.
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Mais comment vais-je me sortir de cette galère ? Et en plus du retard pour publier mon billet pour ce partenariat. Désolée …

J'ai demandé ce livre car j'avais déjà goûté à la plume de Murielle Magellan avec "Un refrain sur les murs" que j'avais bien apprécié.

J'ai donc choisi lors d'une dernière Masse critique de Babelio, ce titre à la couverture et au titre tous deux attirants.

Et là, ce fût une déconvenue.

Je deviens peut-être difficile, mais je n'ai pas accroché du tout à ce livre.

J'ai persévéré, persévéré et puis là non, je n'ai pas pu, j'ai lâché le livre, je l'ai abandonné vers la page 200 (sachant que je l'ai survolé dès la centième page).

Je n'aime pas abandonner un livre, je pense toujours que je peux enfin trouver quelque chose qui me plairait, mais là je ne sais pas, tout m'a ennuyé. Même l'écriture était plate.

Mona, le personnage principal, découvre dans son nouvel appartement, un petit appartement étudiant dans un immeuble, caché sous l'escalier de la mezzanine, un manuscrit.

Ce manuscrit va l'emmener à rencontrer celui qui l'a écrit, en premier par le livre qu'elle commence à lire avidement et qui semble lui parler directement et après en voulant rencontrer l'écrivain. Enfin, ce n'est pas un écrivain ce Philippe Sandre-Lévy,

C'est un homme pas du tout intéressant… Ce personnage ne m'a pas captivé, non.

Pfff et alors elle pouvait me plaire cette histoire… Pourtant ce livre m'est tombé des mains…

Environ au milieu, je m'ennuyais profondément … Ce n'est pas souvent mais je n'avais plus envie de cette lecture. Et lire ce n'est pas s'ennuyer.

J'ai tenté de poursuivre, voulant honorer mon partenariat avec Babelio. Par correction

Mais en fait, je n'ai pas accroché aux personnages. Ils sont trop lisses et leur rencontre est si fade... Même ce livre écrit dans la jeunesse ne m'a pas accroché… Je n'ai pas adhéré à ces deux récits enchâssés.

De la fantaisie ? Non, je ne l'ai pas vu. Pour l'auteure seule la jeunesse offre la fantaisie ? C'est ça le message ? Que c'est triste…

La jeunesse ce sont les joies des découvertes, c'est le droit de se tromper, oui bien sur.

Je m'excuse donc auprès de Babelio, auprès de l'auteure aussi,

mais je vais en rester là pour ce roman.

Ma fantaisie à moi sera de m'accorder le droit de l'abandonner

et de ne pas pouvoir vous en dire plus…

Vous pouvez découvrir d'autres avis chez Babelio qui seront peut-être plus positifs que le mien.

Les lectures sont des rencontres et là, ça n'a pas du tout fonctionné entre moi et ce livre.

Tant pis !
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«Il faut accepter le palimpseste»

Avec la Fantaisie qu'on lui connaît, Murielle Magellan nous offre un nouveau roman pétillant. La rencontre inattendue d'une ex-dépressive et d'un ex-écrivain misanthrope va faire des étincelles. Et nous réserver de belles surprises. Un régal!

Mona se remet d'une grave dépression. Après avoir perdu son travail, elle s'était enfoncée dans une spirale qui avait vu son mari demander le divorce. Elle était alors retournée chez ses parents à Toulouse avant un long traitement psychiatrique qui avait fini par porter ses fruits. Désormais elle se sentait prête à reprendre le travail, à retrouver la région parisienne et à renouer des liens avec sa fille.
C'est dans une cité de Rosny-sous-Bois qu'elle emménage. Et va faire une belle découverte dans une marche scellée, le manuscrit d'un roman intitulé Jonas is born, Alléluia et signé d'un certain Philippe Sandre-Lévy.
En commençant à le lire, elle y découvre certes un style un peu exalté et pédant, mais va très vite s'attacher à ce Jonas, personnage qui multiplie les tentatives pour effacer sa misanthropie.
En parcourant les réseaux sociaux, elle va parvenir à retrouver l'auteur. Elle lui propose alors de lui rendre son manuscrit, car elle a bien envie de faire sa connaissance. Las! La rencontre s'avère décevante et Mona repartira dépitée, mais toujours en possession du manuscrit qu'elle pourra continuer à lire, car elle s'est trouvée bien des points communs avec Jonas.
Murielle Magellan est passée maître – maîtresse? – dans l'art de la rencontre entre personnes d'horizons très différents. Comme dans Changer le sens des rivières (qui vient d'être adapté au cinéma par Jean-Pierre Améris sous le titre Marie-Line et son juge avec Louane et Michel Blanc dans les rôles-titre), elle réussit parfaitement à marier la carpe et le lapin (j'aimerais bien connaître l'origine de cette expression) et à démontrer combien une rencontre, même improbable, peut être enrichissante, pour peu que l'on prenne le temps de s'intéresser à son interlocuteur. «Deux hommes (en l'occurrence ici un homme et une femme), c'est l'arrivée du doute, du double, de la joute, du soutien, de la moquerie.»
Mais la scénariste n'oublie pas non plus son sens de la dramaturgie, en construisant le roman dans le roman et en nous en offrant ainsi deux pour le prix d'un. Et peut-être davantage: «Ce roman raconte l'histoire de Jonas peut-être, mais il en trimballe une autre, non écrite, intime, que ce texte, par sa simple existence, l'incite à «relire». Cette période ancienne surgit parfois dans ses rêves, déformée, imprégnée d'un voile de brume ou d'une lumière trop crue, inexacte et distordue.»
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024».Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Je n'ai pas compris le titre d'autant que je n'ai pas cherché à comprendre.

P 12 Mona avait encodé ses bonnes résolutions comme si elle était une base de données.
P 14 Sa mère sauta dans sa voiture et vint la chercher… Grégory hurla qu'il était bien pratique de ne rien foutre pendant des mois……….la mère rugit à son tour etc
P 19 elle rejoignit Toulouse et finalisa son déménagement.

Bon, passons pour le style et concentrons nous sur l'histoire deux en une.

Mona en partie sortie d'une dépression où elle a perdu femme et enfant, pardon son mari et sa fille de 7-8 ans, essaie de se reprendre en repartant à zéro. En l'occurrence un deux pièces au x-ième étage d'un immeuble à Rosny sous Bois.

Et ne voilà t il pas que comme chacun d'entre nous suite à un déménagement, elle trouve dans une cachette bien cachée, un manuscrit vieux de vingt ans, d'un auteur vieux de lui aussi vingt ans au moment de l'écriture. Cela tombe bien, Mona a dans les quarante ans.

Deux en un vous disai je, Mona qui lit et Philippe anciennement épris d'Audrey qui écrit l'histoire imaginaire de Jonas épris de Suzie-Marie.
Audrey et Suzie-Marie étant respectivement les voisines réelle et imaginaire de palier de Philippe et Jonas.

Précisons que Mona passionnée par sa lecture cherchera son auteur, Philippe. Celui ci réfractaire au début et voulant même détruire son roman, Mona le convaincra du contraire et nous le relirons ensemble.

Je me dis, Mona va inciter Philippe à retrouver Audrey. Par le biais de la lecture, Mona va retrouver joie à la vie et Philippe son âme, allons y fantaisiste et créatrice de ses 20 ans lui qui est devenu un autre déprimé chronique. Cerise sur le gâteau, peut y aura t il un amour naissant entre Mona et Philippe, laissons Audrey à la trappe du temps passé et autre cerises, les retrouvailles mère fille de 7-8 ans

C'est ce que je m'imagine, littérature feel good en option et vous laisse découvrir.

Autre feel good tentation, Jonas et Suzie-Marie s'amusent à reprendre les histoires négatives de gens pris dans leurs filets afin de retourner la crêpe côté positif. Faut il y croire ?

En résumé.
Un style à peaufiner.
Une histoire dont on veut connaître la fin.
Et pour ne pas être trop négatif, discuter avec les gens peut peut être les amener à voir autrement ce qu'ils ont vécu. Verre à moitié vide ou à moitié plein, vous connaissez la suite.

La phrase de la fin ainsi que j'aime à les citer.
Mona is born, alléluia.

Bon, si le livre est traduit en anglais, on aura peut être une fin française ce qui serait plus académique.
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Un roman qui porte bien son nom : fantaisie.
Mona sort peu à peu d'une dépression et lors de la découverte d'un manuscrit d'un roman un peu fantasque, elle va tout faire pour connaitre l'auteur.
Le roman est entre coupé du texte découvert par Mona. Un roman plein d'humanité et de justesse. On y croit et je trouve que ce roman est très cinématographique.
Une belle surprise.
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critiques presse (1)
LeFigaro
16 février 2024
Déprimée, une femme retrouve un manuscrit caché qui va changer son existence. Une belle leçon entre fantaisie et mélancolie.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Très vite, elle confia au docteur Di Bonna, son psychiatre, avec lequel elle avait un entretien tous les deux jours, que si cette vague dépressive était la plus puissante de sa vie, elle en avait traversé d'autres depuis l'enfance. Elle s'était depuis toujours sentie ralentie par quelque chose, une ombre tenace, une sorte de monstre, hydre à sept têtes qui semblait être venue au monde avec elle pour repousser tout assaut de joie. (...)
Cet aveu d'antécédent permit au médecin d'aider sa patiente à comprendre qu'elle n'était pas plus responsable de sa maladie qu'un diabétique ne l'était de son dysfonctionnement glycémique. Il troqua l'image de l'hydre par celle du handicap : elle avait une jambe dans le plâtre et la société lui demandait de courir. Il fallait épouser la lenteur le temps de la guérison. Elle rentrerait dans la mêlée plus tard. Quand elle en sentirait la nécessité.
(p. 15-16)
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(Les premières pages du livre)
Imaginons.
Imaginons Mona.
Elle va mieux. Pas encore bien, mais mieux. Elle le sait. Le pire est derrière elle. Deux ans d’une dégringolade pathétique, dont elle ne parvient pas encore à sourire.
Crise d’appendicite avec complications douloureuses, suivie d’un licenciement abusif par un jeune patron athlétique à mâchoire américaine ; bagarre juridique victorieuse mais épuisante, puis oisiveté brutale, voilà comment tout avait débuté. Mona, au front de taureau, avait tenté de tenir. Elle avait raccourci ses longs cheveux châtains pour adopter un look plus dynamique, avait ajouté un tatouage stimulant (le mot espagnol « Vamos ! ») à ceux qui descendaient déjà en serpentin délicat de son cou jusqu’à ses poignets. Elle affirmait à son mari, Grégory, qu’il n’y avait pas lieu de se tourmenter. Après quatre mois passés à contenir ces fortes secousses, la vie « normale » allait reprendre. Son domaine d’expertise, la programmation informatique, se portait bien ; elle retrouverait du travail. Elle soufflerait quelques semaines avant de s’y remettre. Elle en profiterait pour s’occuper de Madeleine, leur petite fille de cinq ans, et lambiner dans des vide-greniers, ou rattraper son retard de lecture. Tout rentrerait dans l’ordre.
Mona avait encodé ses bonnes résolutions comme si elle était une base de données. Sûre de ses calculs, elle ne s’aperçut donc pas tout de suite que le petit chèque consolateur du tribunal des prud’hommes était glissé dans une enveloppe de mélancolie. Sa joie, sa vitalité s’éteignaient. Son inactivité lui pesait plus qu’elle n’aurait cru. En l’absence de Grégory, qui était chauffeur routier, elle demeurait souvent seule à la maison. L’emploi du temps de Madeleine lui servait de tuteur précieux : école, loisirs extrascolaires, goûter, bain, coucher. Mais quand Mona estima qu’il était temps de se mettre en quête d’un nouveau poste, elle n’y parvint pas. Une insidieuse indolence l’incitait à remettre au lendemain toutes démarches professionnelles. Puis toutes démarches tout court. Grégory, d’abord compréhensif, commença à s’inquiéter pour leurs revenus. Il augmenta sa cadence de déplacements.
Honteuse, Mona se réfugia dans les replis de leur petit pavillon de banlieue, où – dégringolade annoncée – elle fit sa première crise d’épilepsie.

Un jour, alors qu’il fallait se lever pour emmener Madeleine à l’école, Mona ne se leva pas. Pourtant, elle était réveillée. Son index soulignait sans interruption le motif en spirale de son pyjama. Quand la petite fille frappa à la porte et l’ouvrit, elle dit « C’est l’heure je crois maman », Mona répondit « J’arrive », mais n’arriva pas. Incapable de se mettre debout. Incapable de quoi que ce soit. Et cela dura.

Grégory comprit mal la dépression de son épouse. Par nécessité, il réduisit ses missions, mais lui en voulut beaucoup. Non seulement il perdait de l’argent, mais elle n’en gagnait toujours pas et il était de ces hommes qui tremblent si la sécurité du foyer est menacée. Sa femme tatouée était alitée ; toute sa confiance en lui chancelait. L’angoisse le submergeait. Son expression favorite devint « Tu peux au moins » qu’il assortissait de « sortir les poubelles », « débarrasser la table », « consulter les annonces », « répondre au téléphone », « jouer avec Madeleine ». Mona ne pouvait rien « au moins », à part aller du canapé au lit, du lit au canapé, du fauteuil à la fenêtre, de la fenêtre au fauteuil, tout en ingurgitant des boîtes entières de gâteaux fourrés. Tous les jours à seize heures, elle parvenait dans un effort surhumain à sortir le lait et les céréales pour le goûter de Madeleine.
Elle était inapte désormais à lire la moindre ligne d’un quelconque roman. Ses yeux grands ouverts scrutaient le vide avec persistance. Grégory finit par la soupçonner de feindre, car, nom d’un chien, elle n’était pas la seule à avoir été licenciée sur cette terre, il était là, elle avait une fille, elle était aimée ! Pourquoi surjouait-elle ainsi sa détresse ? Que lui avait-il fait ?! Cette suspicion terrassa Mona. Elle eut l’ultime courage d’appeler ses parents à Toulouse, la gorge nouée, et leur avoua tout : son absence de désir, sa sensation de vide, sa somnolence perpétuelle, sa prise de poids. Sa souffrance.

Sa mère sauta dans sa voiture et vint la chercher. Dès la porte franchie, elle réprimanda Grégory. Ne voyait-il pas que sa fille était dans un état lamentable ? Grégory hurla qu’il était bien pratique, « l’état lamentable » qui permettait de ne rien foutre pendant des mois. La mère de Mona rugit à son tour : il serait bien inspiré de lire le journal parfois, ou ne serait-ce qu’allumer la radio, plutôt que d’écouter en boucle Bruce Springsteen dans la cabine de son 23-tonnes. S’il s’informait de temps en temps, donc, il apprendrait l’existence d’une indélicatesse de la nature appelée le burn-out, ou la dépression, qui anéantit la volonté de toute personne qui en est frappée. On ne laisse pas ce mal croupir dans l’eau nucléaire du ressentiment, on le sort avec ses petites mains propres et on l’amène à l’hôpital.
Grégory s’effondra. Il n’en pouvait plus, lui non plus. Depuis la crise d’appendicite de Mona, les déconvenues s’entassaient dans un fracas de ferraille en déchetterie. Il avait besoin de calme, de silence. Il devait « prendre l’air ».
Il laissa Mona et Madeleine à ses beaux-parents et se noya dans le travail sur fond de Dancing in the Dark : camion, routes de France, de Belgique, d’Espagne, il dormait dans sa cabine en consultant les étoiles par l’ample fenêtre conducteur et c’est ainsi qu’il reprit ses esprits et put, quelques longues semaines plus tard, récupérer sa fille en raison du chômage et de la mauvaise santé mentale de sa femme. Il était désolé. Il s’en voulait de n’avoir rien vu. Il n’avait pas bien réagi. Mais quelque chose s’était cassé. La simple présence de Mona lui rappelait ses torts, ses grossièretés envers elle. Il ne supportait plus ce reflet détérioré de lui-même. En larmes, il demanda le divorce.

Mona fut internée à Toulouse. Séparée de sa fille, séparée de Grégory, assommée de médicaments, elle mit du temps à sortir de sa léthargie.
Très vite, elle confia au docteur Di Bonna, son psychiatre, avec lequel elle avait un entretien tous les deux jours, que si cette vague dépressive était la plus puissante de sa vie, elle en avait traversé d’autres depuis l’enfance. Elle s’était depuis toujours sentie ralentie par quelque chose, une ombre tenace, une sorte de monstre, hydre à sept têtes qui semblait être venue au monde avec elle pour repousser tout assaut de joie. Petite fille, elle rusait pour détourner son attention, et s’égayer malgré tout en raclant les fonds de son ardeur d’enfant, mais les circonstances l’avaient tant affaiblie ces derniers temps que le monstre en avait profité pour se déployer.
Cet aveu d’antécédent permit au médecin d’aider sa patiente à comprendre qu’elle n’était pas plus responsable de sa maladie qu’un diabétique ne l’était de son dysfonctionnement glycémique. Il troqua l’image de l’hydre par celle du handicap : elle avait une jambe dans le plâtre et la société lui demandait de courir. Il fallait épouser la lenteur le temps de la guérison. Elle rentrerait dans la mêlée plus tard. Quand elle en sentirait la nécessité.

Ses crises d’épilepsie s’espacèrent. Le psychiatre identifia la bonne chimie pour elle. Il détermina aussi ce qu’il appelait « le mantra ad hoc », car selon lui, tout traitement devait être accompagné d’une formule spécifique à chaque patient. Pour Mona, il en distingua une qu’il attribuait à Hippocrate : Ars longa, vita brevis. L’art est long, la vie est courte. Mona se reconnut dans cette tension du réel. Ce n’était pas elle qui était inapte à la vie, c’était l’art de vivre qui était long à apprendre. Personne n’y parvenait vraiment. Il fallait donc faire au mieux. Cette sentence lui convint bien davantage que celles essayées par le docteur auparavant : l’Audaces fortuna juvat, de Virgile – la fortune sourit aux audacieux –, avait paralysé la jeune femme pendant quinze jours. Une amie d’internement avait compati : « Peut-on parler d’audace aux éclopées gavées de médocs que nous sommes ? »

Lorsqu’elle sortit de l’hôpital, Mona se fit tatouer « Ars longua, vita brevis » sur l’avant-bras droit, en forme de V, comme un oiseau.
Elle se réfugia chez ses parents. Cela dura presque un an encore. Un an à vivre à leurs crochets. À collaborer aux tâches ménagères, préparer les repas, tailler les rosiers. Le soir, elle s’endormait devant les séries avec son père, devant les documentaires avec sa mère. Madeleine lui manquait terriblement. Grégory en avait obtenu la garde principale, sans qu’elle s’y oppose. Leur petite fille avait ses repères dans la maison familiale de Villemomble et il lui paraissait juste de leur en laisser la jouissance. Grégory n’avait pas tardé à rencontrer une compagne avec qui, au grand soulagement de Mona, il ne vivait pas. Mona vacillait à l’idée que cette « autre » puisse la remplacer dans le cœur de son enfant, mais elle remettait sans cesse les occasions de la revoir et de s’occuper d’elle.
Ses parents la mirent en garde contre cet engrenage, en vain. Mona maintint le lien seulement par des appels téléphoniques en visio, le week-end. La petite fille s’y prêta d’abord docilement, puis de moins en moins. Elle était lasse de confier à cette maman-écran ses répétitives journées d’école et ses jeux. Grégory jurait que ce mutisme était de son âge : aucun enfant n’aimait rendre compte de ses journées. Il encourageait ainsi, malgré lui, Madeleine à se taire.
Le silence cathédrale s’installa.

Le temps passait et plus il passait, plus l’hypothèse de retrouvailles terrorisait Mona. Comment justifier une si longue défaillance auprès de sa petite fille blessée ? Aurait-elle la force d’affronter son inévitable hostilité ? Le retard pris dans leur relation était-il rattrapable? Dans ses pires moments de découragement, Mona alla j
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Depuis des décennies les écoles de commerce, et pas seulement la leur, non, toutes, à tous niveaux, se révélaient les ignobles complices de la destruction d'une discipline dont la noblesse s'était perdue dans l'appât du gain. Oui, le commerce était une noble discipline et l'enseignement que leurs aînés prodiguaient n'était pas pour rien dans l'opprobre qu'il suscitait aujourd'hui. Ils en étaient responsables, même, autant que l'abruti qui avait inventé le mot 'négoce', dont l'étymologie neg-otium, négation du loisir, donnait envie de le pratiquer comme de se pendre.
(p. 123)
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Sa grand-mère, en revanche, chez qui il allait souvent, abordait la misère de la nature humaine à grand renfort de facétie. Cette femme juive, pratiquante à sa façon, pouvait éclater de rire quand elle voyait Le Pen à la télé parler de détail de l'histoire. "Qu'il est con, mais qu'il est con !" décochait elle sans cesser de s'esclaffer, allant même, malgré son petit gabarit, jusqu'à l'imiter en se levant et en arpentant la pièce à la Charlie Chaplin.
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Dès l'enfance, Mona a eu la sensation que vivre était un effort. Rien n'était naturel, dans 'vivre'. Pourtant, ses parents semblaient pratiquer cette activité le plus simplement du monde, inspirer, expirer, affronter les difficultés habituelles du quotidien sans autres préoccupations que de les surmonter.
(p. 44)
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